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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 09:04
Légionnaires Hermilorgeois

Francisque-Pierre-Marie AUDREN, né à L'Hermitage-Lorge le 28 janvier 1895 et décédé à Saint-Brandan le 4 novembre 1960, fils de Pierre Audren et de Clémentine Le Boucher, soldat au 176ème Régiment d'Artillerie de Tranchée, chevalier le 26 juin 1960, dossier n° 19800035/316/42550


Charles-Marie LE PECHOUX, né à L'Hermitage-Lorge le 8 novembre 1883 et décédé à Saint-Brieuc le 28 janvier 1950, fils de Jean-Marie Le Péchoux et de Marie-Joseph Jaffray, lieutenant au Centre de Mobilisation d'Infanterie n°102, chevalier le 5 novembre 1931, dossier n° LH/1594/47


Charles-Antoine-Marie SALMON, né à L'Hermitage-Lorge le 10 décembre 1791 et décédé le 5 octobre 1839, fils de Pierre-Charles-Louis Salmon et de Marie-Anne Desayette, capitaine au 8ème Régiment de Cuirassiers, chevalier le 9 juin 1831, dossier n° LH/2449/28


Eugène-Pierre-Marie TOUZE, né à L'Hermitage-Lorge le 19 avril 1889 et décédé à Saint-Julien le 7 septembre 1972, fils de François Touzé et d'Olive Gautron, dossier n° 19800035/1125/29020

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 09:54
Légionnaires Plaintelais

François-Jean-Marie BAUVY, né à Plaintel le 9 mai 1896 et décédé à Saint-Brieuc le 9 septembre 1967, fils de François Bauvy et de Marie Vinçot, dossier n° 19800035/852/327

 

François-Pierre DENYS, né à Plaintel le 12 mars 1817 et décédé le 17 avril 1892, fils de François-Denys et de Françoise Robin, gendarme à la 5ème Légion, chevalier le 26 décembre 1864, dossier n° LH/734/52

 

Théophile-Jean-Mathurin GUEGO, né à Plaintel le 18 août 1896 et y  décède le 27 mars 1970, fils de Jean-François Guégo et de Louise-Françoise Morin, dossier n° 19800035/1047/20687


Pierre-Joseph TANGUY, né à Plaintel le 24 janvier 1890, fils de Guillaume Tanguy et de Marie Le Hellidu, sergent d'Infanterie, chevalier le 20 février 1960, médaille militaire le 10 octobre 1930, croix de guerre avec étoile de vermeil, dossier n° 19800035/789/89193

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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 12:21

Pierre II, duc de Bretagne, dit le Simple, chevalier, comte de Guingamp et de Montfort, né le 7 juillet 1418 et décédé à Nantes le 22 septembre 1457, duc de Bretagne de 1450 à 1457, fils de Jean V, duc de Bretagne, et de Jeanne de France.

 

pierre.jpg

Le duc de Bretaigne fol 126v

Armorial de Gilles Le Bouvier, dit Berry, héraut d'armes du Roi Charles VII, BnF, Ms Fr 4985

 

 

pierre2.png

Heures de Pierre II, duc de Bretagne

Bnf, Ms Lat 1159

pierre3.jpg

Heures de Pierre II, duc de Bretagne

Bnf, Ms Lat 1159

 

 


pierre4.png

Petri ducis britannie comit montfortis et richemontis

Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne (1742-1744), Dom Morice, tome II.

 

 

pierre5.jpg

Pierre de Bretagne, Sgr de Guingamp, second

fils de Jean V, Duc de Bretagne, représenté aux vitres

derrière le grand autel de l'Eglise de Nostre-Dame

de Nantes, mort en 1467.  

 

Post "Heures de Pierre II, duc de Bretagne", par Jean-Luc Deuffic. 

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15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 07:00

Gilles de Bretagne, seigneur de Raiz, amiral de France en 1450...

 

Ce Gilles de Bretagne n'a jamais existé en tant que tel, il s'agit d'un savant mélange entre deux personnages :

le malheureux Gilles de Bretagne (1420-1450), seigneur de Chantocé, fils du duc de Bretagne Jean V et de Jeanne de France, et frère puîné des ducs François Ier et Pierre II

et

Gilles de Montmorency-Laval, plus connu sous le nom de Gilles de Rais, (1404-1440),  baron de Retz, seigneur de Machecoul, de La Bénate, du Coutumier, de Bourgneuf-en-Retz, de Bouin, de Saint-Étienne-de-Mer-Morte, de Pornic, de Princé, de Vue, de Tiffauges, de Pouzauges, de Champtocé-sur-Loire, d'Ingrandes, maréchal de France, compagnon d'armes de Jehanne d'Arc. Il est aussi connu sous le nom de Barbe Bleue.

 

La bataille de Formigny s’est déroulée le 15 avril 1450 à Formigny en Normandie entre les Anglais et la coalition Franco-Bretonne :

- les Anglais du Roi Henry VI, commandés par Sir Thomas Kyriell.

- les Français du Roi Charles VII, commandés par le duc d'Auvergne Charles Ier de Bourbon.

- et les Bretons du Duc Jean V, commandés par le comte de Richemont (futur Duc de Bretagne Artus III).

Cette bataille s'est soldée par la perte de 500 à 600 hommes de la coalition Franco-Bretonne contre environ 3800 du côté Anglais. Elle fut une victoire décisive Franco-Bretonne durant la Guerre de 100 Ans ; elle permet à la France de récupérer la Normandie et de mettre un terme à la guerre dans la partie Nord de la France.

 

gilles3

Les armoiries des connestables, grands maîtres, chanceliers, admiraux, mareschaux de France & prevosts de Paris, depuis leur premier establissement jusques au très-chestien Roy de France & de Navarre Louys XIII

Jean Le Feron & Claude Morel

Paris, M.DC.XXVIII

 

gilles1.jpg

Recueil des armoiries de tous les admiraux de France qui ont esté successivement creés, depuis leur institution en tiltre d'office, jusques au regne de tres hault, tres puissant et tres magnanime prince Louis, 13e du nom

BnF, Ms Fr 2767, fol 27v et 28r

gilles2.jpg

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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 13:34

tire probablement son nom de l'antique Maison le Moënne, qui furent seigneurs de ce lieu, ainsi que de La Ville-Rouault et de Saint-Eloy (le Moënne, seigneurs de Saint-Eloy, de La Touche-aux-Moines et de La Ville-Rouault, XVème & XVIème).

Elle est repésentée par Alain et Charles lors des montres de 1469 et 1479, Jacques, seigneur de La Ville-Rouault et de La Touche-aux-Moines lors de la Réformation du 4 mars 1536.

La Touche-aux-Moines possédait un droit de haute, moyenne et basse justice, ainsi qu'une chapelle.

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Pol Potier de Courcy, Nobiliaire et Armorial de Bretagne, édition 1, tome I, 1846.

Moënne ou Moine (le), sieur de Saint-Eloy et de la Touche-Rouault, paroisse de Ploeuc, - du Quélennec, paroisse de Merléac, - du Caronnay, - du Bois-Riou, - du Ruffroger, de la Vieux Ville, - de la Boixière, - de cléden, paroisse de Haut-Corlay.

Ancienne extraction, réformation 1669, sept générations ; réformations et montres de 1423 à 1535, paroisse de Ploeuc, évêché de Saint-Brieuc.

De gueules à trois croissants d'argent, une fleur de lys d'or en abyme.

Alain, vivant en 1469, père d'Antoine, vivant en 1483, marié à Louise de Villeguy.

Fondu dans le Métayer.

Le sieur de la Hauteville, paroisse de Trégueux, débouté de la réformation de 1669.

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Guy le Borgne, Armorial breton, 1669.

Le Moënne, jadis à Saint-Eloy en Ploeuc à présent au Quellenec en Merléac, évêché de Cornouaille, porte de gueulle à trois croissants d'argent & une fleur de lys d'or en abîme.

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La noblesse de Bretagne devant la chambre de la réformation, 1668-1671 : arrêts de maintenue de noblesse. Tome 4 / recueillis et publiés par M. le Comte de Rosmorduc

Moënne (le), seigneurs du Quellenec, de Cléden, de Caronnay, de Bonamour, etc.

Archives Départementales des Côtes d'Armor

Archives Départementales des Côtes d'Armor

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 17:59

1696


Ploeuc, ancienne bannière, érigée en comté par lettres patentes du 14 avril 1696, & autres de surannation du 22 juin 1699, en faveur d'Yves-Ollivier de la Rivière, marquis du Plessis & de la Rivière, gouverneur de Saint-Brieuc.
La Maison de la Rivière, l'une des plus illustres de la province par son ancienneté, ses services & les alliances, est une branche de celle des comtes de Mur, sires de Corlay, puînés des comtes de Cornouaille.
Christophe de Mur, fis puîné de Garcis de Mur & de Béatrix de Rostrenen, qui vivaient en 1357, épousa Louise de la Rivière, fille de Thibaud de la Rivière. Son fils Geoffroy prit le nom de la Rivière, que ses descendants ont toujours porté depuis suivant les conditions du contrat de mariage de son père.
La Maison de la Rivière est aujourd'hui divisée en trois branches ; celle du marquis de la Rivière, qui est l'aîné ; celle du comte de la Rivière, gouverneur de Saint-Brieuc, & celle des Rivières Beauchêne.

d'après : Annales briochines ou abrégé chronologique de l'Histoire Ecclésiastique, Civile & Littéraire du dicoèse de Saint-Brieuc, par l'abbé Ruffelet, à Saint-Brieuc, chez J.L. Mahé imprimeur-libraire au bas de la Grand'rue. M.DCC.LXXI.

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Les lettres patentes portent que ladite bannière de Plœuc est érigée en comté, en considération de l’illustre maison et de l’ancienne noblesse des seigneurs de la Rivière, issus des comtes de Cornouailles, juveigneurs des sieurs de Rohan, etc. et en considération des services qu’ils ont rendus, comme l’histoire le rapporte, notamment ceux de Thibaud de la Rivière, fameux capitaine.

extrait : Dictionnaire Historique et Géographique de la Province de Bretagne, dédiée à la Nation Bretonne, par M. Ogée, ingénieur-géographe de cette province, Rennes, 1845.

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Messire Yves-Olivier de la Rivière, chevalier, marquis du Plessis, comte de Ploeuc, gouverneur de Saint-Brieuc, mourut le 3 d'août en cette ville, âgé de soixante dix ans. Messire le marquis du Plessis, son père avait porté les armes toute sa vie, & Messire le comte de Ploeuc les a aussi portées dès sa plus grande jeunesse. La valeur semblait héréditaire dans cette Maison ; tous ceux qui ont porté le nom de la Rivière se sont distingués par de fréquentes actions de valeur.
Gilles de la Rivière, un des ayeux de Messire le comte de Ploeuc, était à la bataille de Moncontour, où il acquit une grande réputation ; & le duc d'Anjou, qui régna dans la suite sous le nom d'Henri III donna de grandes louanges à sa valeur.
Messire le comte de Ploeuc était allié à la principale noblesse de la province de Bretagne.

d'après : Mercure Galant, dédié à Monseigneur le Dauphin, octobre 1705, à Paris chez Michel Brunet, Grande Salle du Palais, au Mercure galant.

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Comté de Ploeuc

Baptême d'Yves-Olivier de la Rivière, paroisse Saint-Etienne de Rennes, 7 janvier 1636

Archives de Rennes, GGStEt4, Paroisse Saint-Etienne, baptêmes (8 octobre 1632-17 octobre 1676). Vue 87/356.

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1 mai 2013 3 01 /05 /mai /2013 14:15

Par Thomas Gasnier,

 

Le nom d’Alexandre de Ploeuc ne jouit de nos jours d’aucune notoriété [1]. Ce fait résulte sûrement en partie du peu d’intérêt des chercheurs pour les relations franco-ottomanes au XIXe siècle et, plus particulièrement, pour la période des années 1860, considérée comme une phase de transition entre les deux grands événements structurant l’histoire internationale de l’Empire ottoman, la guerre de Crimée et la guerre russo-ottomane, suivie de la banqueroute ottomane et de la mise en place de l’Administration de la dette publique ottomane, en 1881. On peut savoir gré à André Autheman dans son ouvrage sur la Banque impériale ottomane [2] d’avoir mis en lumière l’intérêt de ces différentes questions.

 

Pourtant, de son vivant, et encore peu après sa mort, Ploeuc bénéficiait d’une réputation d’homme important ; plus encore, ses talents étaient unanimement reconnus. C’est ainsi qu’en 1862, l’ambassadeur de France à Constantinople, évoquant l’endettement de l’empire, écrit au sujet de Ploeuc et des réformes qu’il avait proposées pour restaurer les finances ottomanes :

 

« Il est certain que la Turquie se trouvera non seulement sortie d’une position presque désespérée mais encore dans une situation avantageuse, elle le devra […] aux conseils français, car ce sont bien véritablement les plans proposés par M. de Ploeuc qui ont été adoptés et Fuad Pacha n’a pas cessé depuis son entrée aux affaires de le consulter aussi bien sur les détails que sur l’ensemble » [3].

 

De la même façon, l’historien Antonin du Velay, dans son Essai sur l’histoire financière de la Turquie depuis le règne de Mahmud II, publié en 1903, écrit que le marquis de Ploeuc a joué « un rôle considérable dans les finances ottomanes ». De tels témoignages n’ont pas empêché que celui-ci tombe dans un oubli quasi total jusqu’à aujourd’hui. Néanmoins, ils révèlent une importance du marquis de Ploeuc dans les affaires financières internationales de l’époque que nous nous proposons de questionner ici.

L’ascension d’un fonctionnaire

On ne connaît que très peu de chose de la vie d’Alexandre Marie Sébastien, marquis de Ploeuc, né à Quimper le 7 novembre 1815 et mort le 25 août 1887. Issu d’une famille bretonne de petite noblesse de robe ruinée par la Révolution, il choisit de s’engager à son tour dans le service de l’État. Il gravit progressivement les échelons de l’Inspection générale des finances. Sous-inspecteur en 1843, puis Inspecteur en 1845, il est enfin Inspecteur général des finances en 1861. Ses compétences le font remarquer et, en 1854, il est envoyé pour une mission de régularisation des finances du Saint-Siège à Rome, ce qui lui vaut de devenir chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand. En 1856, il est mandaté pour représenter la France dans la commission franco-anglaise chargée de surveiller l’utilisation par les Ottomans des emprunts de guerre de 1854 et 1855. C’est alors son premier contact avec les dirigeants ottomans. Peu après, il accomplit une mission en Grèce, pays alors au bord de la faillite, occupé dans le contexte de la guerre de Crimée par un corps expéditionnaire franco-anglais, pour aider le gouvernement à régulariser le fonctionnement de ses finances. Pendant son séjour à Athènes, malgré son ignorance du grec et les difficultés que cela provoque [4], il « illumine » par la « supériorité de ses connaissances spéciales » [5], selon les témoins, tous ses collaborateurs français ou étrangers qui souhaitent unanimement profiter de « son concours éclairé » [6]. Ainsi, il semble bien que Ploeuc ait fait montre non seulement de l’ampleur de ses talents mais plus encore d’un sens aigu des affaires politiques. Son action lui vaut en tout cas d’être promu en Grèce Chevalier de l’Ordre du Sauveur, et chevalier de la Légion d’honneur en France. En avril 1859, lorsque l’Empire ottoman demande l’aide de ses deux puissances protectrices, la France et l’Angleterre, pour tenter de résoudre ses dramatiques problèmes financiers, c’est Ploeuc que l’on missionne à Constantinople. Durant les quatre ans qu’il y passe, il parvient à s’imposer définitivement comme un acteur majeur des relations internationales. Décoré de l’Ordre du Medjidié, ordre honorifique créé en 1852 par le sultan Abdul Medjid récompensant les services civils et militaires, et fait officier de la Légion d’honneur en 1860, il occupe ensuite le poste de directeur de la Banque impériale ottomane jusqu’en 1867. De retour à Paris, il devient sous-gouverneur de la Banque de France, de 1867 à 1871. Son attitude pendant la commune, et sa capacité à protéger le stock d’or de la banque, lui valent d’être fait commandeur de la Légion d’honneur en 1871.

 

Ploeuc se lance alors dans la vie politique tout en participant à de nombreuses entreprises financières pour lesquelles son nom apparaît comme un gage de sérieux et de solidité. En 1871, il est élu aux élections législatives du 8 février député légitimiste de la Seine. Il ne se représente pas en 1875 et est nommé sous-gouverneur honoraire de la Banque de France en 1878.

 

La carrière du marquis de Ploeuc ouvre des voies de recherche remarquables, qu’il s’agisse d’une perspective d’histoire sociale avec une étude de son itinéraire de haut fonctionnaire, ou bien de sa pratique du pantouflage après 1863 [7], ou encore d’histoire des relations internationales, avec son activité en Grèce et à Rome. Quant à sa mission à Constantinople entre 1859 et 1863, elle occupe une place particulière en ce qu’elle lui offre la possibilité d’être à la fois au cœur de la politique française en Orient, et du Tanzimat, mouvement de réformes administratives et financières de l’Empire ottoman. Cette dualité confère à ce personnage un véritable intérêt historique. En ce qui concerne l’histoire des relations internationales, elle permet, dans une perspective transnationale, de jeter un regard neuf sur l’impérialisme français dans l’Empire ottoman, mais aussi sur le discours orientaliste qui se développe depuis le début du XIXe siècle. 

 

L’œuvre de Ploeuc à Constantinople :

 

La fondation de la BIO et le premier budget ottoman 

Durant sa mission à Constantinople, deux événements permettent à Ploeuc de se mettre en valeur : la mise en place de réformes financières et la création de la Banque impériale ottomane (BIO), première banque d’État ottomane au début de l’année 1863. Au début des années 1860, l’Empire ottoman connaît une situation financière catastrophique après la guerre de Crimée. Déficit, endettement chronique et désorganisation monétaire obèrent gravement la puissance ottomane qui doit de plus en plus subir la tutelle de ses deux puissances protectrices, la France et la Grande-Bretagne. Celles-ci rivalisent pour renforcer leurs intérêts en Orient tout en fournissant leur aide à l’Empire ottoman. La mission du marquis de Ploeuc à Constantinople doit ainsi permettre aux ambassadeurs français de consolider et accroître la position de la France dans la Question d’Orient.

Envoyé à Constantinople, pour répondre à une demande d’aide du gouvernement ottoman d’Abdul Medjid (1839-1861) puis d’Abdul Aziz (1861-1876), le marquis de Ploeuc doit, au sein d’une commission internationale, rétablir la situation au premier chef en établissant un budget régulier de l’Empire ottoman. Après un début de mission relativement discret, Ploeuc entend jouer un rôle personnel. Dès lors, son action dépasse largement sa participation aux travaux de la commission. Il noue des relations étroites avec Fuad Pacha, Grand Vizir entre juillet 1861 et janvier 1863, et joue un rôle central dans la mise en place de réformes financières du début de l’année 1862, à tel point qu’Antonin du Velay écrit de lui qu’il fut un véritable « éducateur des agents du Trésor » ottomans [8]. On peut désormais affirmer que ce jugement n’est pas excessif tant l’influence et la confiance en Ploeuc, du fait de son statut d’expert des finances reconnu auprès des dirigeants ottomans, étaient grandes.

Un document rédigé par Ploeuc à l’intention du Sultan en est, de ce point de vue, une illustration patente [9]. Plus qu’un exposé, il s’agit d’une véritable leçon dans laquelle il tente de faire comprendre aux dirigeants ottomans tous les dangers d’une émission abusive de papier-monnaie, un des problèmes dont souffre alors particulièrement l’empire. Il écrit alors : « Émettre du papier-monnaie équivaut à réduire la valeur d’échange […] ce n’est qu’un moyen factice de crédit dont la fortune publique […fait] particulièrement les frais. […] Ce n’est pas un moyen financier normal mais bien un détestable expédient » [10].


Or ce document est reproduit tel quel, quelques jours plus tard dans le Moniteur ottoman, version française du journal officiel de l’Empire ottoman [11]. Cette publicité offerte aux recommandations du marquis de Ploeuc symbolise la place singulière qu’il parvient à prendre, malgré son statut d’observateur occidental, au cœur de la direction politique et financière de l’Empire ottoman.


Le cas du budget ottoman de l’année 1862-1863 se révèle encore plus symbolique, dans la mesure où il s’agit du premier budget de l’histoire ottomane rédigé et organisé selon des normes européennes. Là, l’empreinte de Ploeuc est visible. En effet, dans son exposé au sultan, il explique « qu’en 1854, il y a huit ans à peine, l’équilibre entre les revenus et les dépenses a été rompu ». Quelques semaines plus tard, en mars 1862, Fuad Pacha présente le budget à son souverain et déclare que « c’est en 1854 et 1855 que l’équilibre des finances a été rompu ». Ainsi, l’utilisation des mêmes termes et de la même analyse semble indiquer que Ploeuc participe directement au processus de modernisation et d’occidentalisation de l’Empire ottoman pendant la période du Tanzimat.


En mettant ses compétences d’expert financier au service des Ottomans, en comprenant que « les yeux fixés sur l’Europe, l’État ottoman cherche son salut dans le décalquage des modèles que celle-ci offre » [12], Ploeuc agit véritablement en vecteur de transferts, et ainsi on peut se demander si l’abandon par l’Empire ottoman de l’émission de papier-monnaie jusqu’en 1916, n’est pas dû à cette pédagogie. Quoi qu’il en soit, son action permet une sensibilisation certaine des élites ottomanes aux techniques financières européennes.


L’autre événement majeur de la mission du marquis de Ploeuc à Constantinople est sa participation active à la création de la Banque impériale ottomane. En effet, l’étude de la correspondance des ambassadeurs de France à Constantinople confirme son témoignage : il se trouve bien au cœur du processus de fondation de la banque. Sa nomination comme premier directeur de la banque en avril 1863 semble, de ce point de vue, être une reconnaissance par les banquiers de ses compétences, de son talent mais également de ses services.

L’action de Ploeuc est fondamentale à plusieurs titres. D’une part, il permet aux banquiers français de s’associer à l’Ottoman Bank, une puissante banque anglaise fondée à Constantinople en 1856. En effet, alors que les Britanniques souhaitent emporter seuls la concession, le marquis de Ploeuc joue efficacement le rôle de médiateur entre les intérêts français et anglais. C’est ainsi que le marquis de Moustier, ambassadeur de France à Constantinople rapporte : « Ces messieurs [les délégués du Crédit Mobilier] se sont réunis chez M. le marquis de Ploeuc avec M. Foster et les représentants anglais de la Banque ottomane et ont arrêté un projet de rédaction qui leur a paru propre à concilier les exigences des deux parties » [13]. D’autre part, son intégration au sein des milieux dirigeants ottomans lui permet de participer aux négociations entre les banquiers européens et le gouvernement pour fixer les conditions de la concession. Peu de temps après, le 4 février 1863, une banque franco-anglaise, la Banque impériale ottomane, est officiellement créée et ses statuts sont très favorables aux banquiers européens.


Paradoxalement, Ploeuc n’apparaît donc plus cette fois comme l’éducateur des Ottomans, mais bien comme un agent au service des intérêts politiques et financiers de la France dans l’Empire ottoman. Il ne recherche pas seulement le rétablissement des finances ottomanes, mais semble bien favoriser l’apparition d’un impérialisme français.

Une analyse micro-historique

 

Ainsi, l’étude des archives personnelles du marquis de Ploeuc, croisée avec celle de la correspondance des ambassadeurs de France à Constantinople, permet de confirmer toute l’importance du marquis de Ploeuc entre 1859 et 1863, mais aussi de mettre en lumière deux aspects radicalement opposés de son action : l’aide sincère apportée aux Ottomans dans leurs réformes financières et le soutien de la pénétration financière française.

 

Par conséquent, on peut interpréter cette action contradictoire de différentes façons. Il est parfaitement possible de faire du marquis de Ploeuc un agent de la domination occidentale sur l’Orient. Grâce à son savoir, ses connaissances supérieures en matière financière, il est ainsi capable d’imposer la présence des banquiers européens. Sa collaboration avec les Ottomans relèverait alors de la stratégie.

 

Néanmoins, adopter une telle démarche reviendrait à ne faire de lui qu’une simple illustration de la façon dont la majorité des Occidentaux agit à l’égard de l’Empire ottoman dans le cadre de la Question d’Orient. Cette orientation est certes pertinente, mais il ne faut pas s’y limiter.

C’est pourquoi il est plus efficace de se concentrer sur la dimension personnelle et ambivalente de la correspondance du marquis de Ploeuc pour en faire ressortir toutes les nuances et la complexité.

 

Le croisement de plusieurs méthodes permet justement de donner toute sa profondeur à l’analyse d’un discours individuel. Dans son étude sur les consuls français au Maghreb, La Diplomatie comme expérience de l’Autre [14], Christian Windler insiste sur l’importance d’étudier le vécu des individus qu’il nomme les « intermédiaires » permettant la mise en place de relations entre des zones, des pays. En adoptant une telle démarche, on peut dès lors analyser de façon claire et précise la nature des relations personnelles qui se nouent entre Ploeuc et les Ottomans. Celui-ci ne serait plus considéré comme un Occidental, mais comme un individu aux prises avec des contextes micro-historiques (sa collaboration quotidienne avec les Ottomans, ses obligations vis-à-vis de l’ambassadeur français) mais aussi macro-historiques comme son statut de Français au cœur de la Question d’Orient par exemple. Cette démarche, que C. Windler appelle la « nouvelle histoire diplomatique », autorise un renouvellement des problématiques de l’étude des relations internationales. Des notions telles que les interactions, les transferts, les échanges individuels sont désormais au cœur de la réflexion. Il est ainsi possible de faire varier les échelles d’analyse, ce qui permet de comprendre la position d’un individu selon plusieurs contextes.

 

Malgré ses apports, cette démarche ne permet pas à elle seule de comprendre de façon satisfaisante les fortes ambiguïtés, les contradictions d’un discours individuel. Face à cette aporie, l’adaptation à un niveau individuel de la notion d’ambivalence développée par Pierre Laborie et Andris Barblan [15] pour l’étude des opinions publiques s’avère particulièrement efficace. Pierre Laborie note que « l’opinion […] ne suit pas une progression linéaire. Elle alterne prises de conscience et retour vers la confusion, lucidité et phase de régression » [16], ce qui paraît particulièrement adapté au discours du marquis de Ploeuc.

 

Ainsi, en croisant ces deux méthodes, on peut aboutir à une analyse beaucoup plus fine de l’action du marquis de Ploeuc. En effet, en se plaçant à un niveau d’étude micro-historique, on peut résoudre la contradiction qui semble apparaître dans la personne du marquis de Ploeuc, tout à la fois assistant sincère des réformes ottomanes, et auxiliaire de la pénétration financière française dans l’Empire ottoman. Or, en replaçant chacune de ses actions dans un contexte personnel et international, on peut comprendre non pas la contradiction, mais bien la complexité de son discours sur l’Orient.

 

Cette analyse révèle qu’à son arrivée à Constantinople, il est comme tous les Européens de son temps marqué par des clichés orientalistes, et souhaite avant tout garantir la pérennité des intérêts français dans l’empire. Mais, à mesure qu’il s’investit personnellement et profondément dans le processus d’élaboration des réformes ottomanes, et à mesure que sa collaboration avec les dirigeants ottomans devient de plus en plus étroite, son jugement sur l’Empire ottoman évolue. Désormais, celui-ci se teinte d’une forte « ottomanophilie ». Pour autant, Ploeuc n’abandonne pas complètement ses références occidentales, mais celles-ci se trouvent éclipsées, et dès lors les problèmes européens comme la rivalité franco-anglaise dans le cadre de la Question d’Orient n’apparaissent pas dans sa correspondance. À l’inverse, l’immense déception provoquée chez Ploeuc par l’échec des réformes modifie radicalement la structure de son discours : Question d’Orient, rivalité avec la Grande-Bretagne, et clichés orientalistes, sont désormais au cœur de sa correspondance.

 

Là où réside toute l’originalité de Ploeuc, c’est que cette dernière position ne l’empêche pas d’espérer le redressement des finances ottomanes et d’entretenir une amitié sincère, y compris longtemps après sa mission, avec plusieurs dirigeants ottomans qui le perçoivent, non comme un auxiliaire de l’impérialisme français, mais bien comme un homme au service de l’empire. En témoigne ce passage d’une lettre datant de 1871, écrite par un ancien dirigeant ottoman alors qu’il vient d’être élu député :


« Personne, en France, ne connaît mieux que vous la situation de ma malheureuse patrie à laquelle vous ne cessiez jamais, pendant votre séjour à Constantinople, d’apporter vos soins et le concours précieux de vos lumières. Vous connaissez les maux qui rongent la Turquie, vous les connaissez de près, et vos éminentes qualités, appuyées sur la situation que vous donnent vos actuels droits et qui vous ouvrent un vaste champ d’action, me font prévoir et espérer même que bientôt peut-être la Turquie aura à vous savoir gré de votre concours et de votre appui pour sa régénération » [17].


L’étude des divers fonds d’archives consultés, et notamment les archives personnelles du marquis de Ploeuc, permet donc bien de mettre en lumière toute l’originalité et la complexité de cet intermédiaire des relations franco-ottomanes. En outre, sa mission confirme tout l’intérêt historique d’une étude approfondie des relations entre la France et l’Empire ottoman au XIXe siècle, thème jusqu’à présent peu étudié par les historiens comme en témoigne l’absence de synthèse sur le sujet. Il semble donc désormais nécessaire de comprendre comment l’opinion publique française, ainsi que les milieux d’affaires, « découvrent » l’Empire ottoman lors de la guerre de Crimée. Un regard nouveau serait alors certainement porté sur la grande période de l’impérialisme français dans la région, à partir des années 1880.


[1] Cet article est le compte rendu du mémoire réalisé dans le cadre d’un Master 1 et 2, sous la direction d’Anne Couderc et de Robert Frank : « La mission du marquis de Ploeuc et les relations franco-ottomanes sous le Second Empire », soutenu en juin 2011 à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

[2] André Autheman, La Banque impériale ottomane, Paris, Comité pour l’Histoire économique et Financière, 1995.

[3] Archives du ministère des Affaires étrangères (ci-après MAE), Correspondance Politique (CP), Série Turquie, carton 353, lettre du 12 février 1862, Moustier à Thouvenel.

[4] MAE, CP Grèce 76, lettre du 1er avril 1857, Mercier à Walewski.

[5] MAE, CP Grèce 76, lettre du 11 mars 1857, Mercier à Walewski.

[6] MAE, CP Grèce 76, lettre du 15 avril 1857, Mercier à Walewski.

[7] Christophe Charle, « Le pantouflage en France (vers 1880-vers 1980) », Annales ESC, septembre-octobre 1987, n° 5, p. 1115-1137.

[8] Antonin du Velay, Essai sur l’histoire financière de la Turquie, depuis le règne du Sultan Mahmoud II jusqu’à nos jours, Paris, A. Rousseau, 1903, p. 267.

[9] MAE, CP, Turquie, 353, annexe à la lettre du 27 février 1862, Exposé présenté à Fuad Pacha.

[10] Id.

[11] Id.

[12] Robert Mantran (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, Paris, Fayard, 1998, p. 459.

[13] MAE, CP Turquie, 356, lettre du 25 décembre 1862, Moustier à Drouyn de Lhuys.

[14] Christian Windler, La diplomatie comme expérience de l’autre, Genève, Droz, 2005.

[15] Andris Barblan, L’image de l’Anglais pendant les querelles coloniales.1882-1904, Francfort, Herbert Lang, 1974 ; Pierre Laborie, L’opinion française sous Vichy, Paris, Seuil, 1990.

[16] Pierre Laborie, « Ambivalence », in Pierre Laborie, Les mots de 39-45, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2006.

[17] Archives nationales (AN), Fonds Ploeuc 272 AP 14, lettre de Zia Bey à Ploeuc, 6 juillet 1871.

 

Thomas Gasnier « Le marquis de Ploeuc à Constantinople, 1859-1863 », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin 1/2012 (N° 35), p. 113-123. 

http://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin-2012-1-page-113.htm

 

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:28

APPENDICE

Excursions au Cap Fréhel, à Saint-Cast, au Guildo et à Saint-Jacut

I. — Le Phare de Fréhel (1re classe), d’une hauteur de 79 mètres, a jusqu’à 25 milles de portée. Vue splendide vers Saint-Malo et les côtes Normandes, les îles Chausey et la baie de Saint-Brieuc. Si vous avez lu, parmi les œuvres charmantes de M. Paul Sebillot, les « Contes des Paysans et des Pêcheurs », vous connaissez déjà les « Houles » et leurs légendes. Les cavernes de Crémus et la Teignouse, avec les chambres des Fées qui les habitèrent ont grand renom entre toutes ces Houles.

II. — Le Fort de la Latte, jadis Roche Goyon, forteresse aujourd’hui déclassée, séparé de la terre par un précipice, et bravant les flots avec ses murailles à pic sur un roc escarpé. Donjon et tours. Une statuette de saint Hubert que l’on y montre aurait la vertu d’attirer les chiens enragés et de rendre inutile, en les tuant instantanément, la découverte de M. Pasteur.

III. — La baie de la Fresnaye et Port-à-la-Duc, à l’embouchure du Frémur.

IV. — Saint-Cast et sa colonne (élevée en 1858) en souvenir du combat du 11 septembre 1758. Dans ce combat où les volontaires bretons se signalèrent, les troupes des garnisons voisines infligèrent des pertes sérieuses aux Anglais qui avaient débarqué sur ces côtes, espérant nous surprendre.

V. — Enfin, à l’embouchure de l’Arguenon, le château du Guildo, dont les mines donnent l’idée d’un trapèze présentant au centre de sa façade les restes de deux tours cylindriques. C’est en ce château que fut arrêté par ordre de son frère, le duc François Ier, le malheureux Gilles de Bretagne (1446), qui, malgré les supplications de Pierre de Penthièvre et de sa vertueuse belle-sœur, Françoise d’Amboise, fut condamné à mourir de faim au château de la Hardouinaye où il fut ensuite enfermé. On l’étrangla, pour en finir plus vite, sa vie s’étant prolongée pour ainsi dire miraculeusement.

Les Tables chronologiques, publiées par Dom Morice, à la suite de son Livre II, nous fournissent la raison de la brouille entre Gilles de Bretagne et ses frères. Mécontent des partages, il entretint avec les Anglais des relations qui le firent accuser de trahir son pays.

— Fondée au Ve siècle par Jacut, fils de Fragan et frère de Guénolé et de Guéthenoc, qui sont eux-mêmes des saints, l’abbaye de Saint-Jacut était voisine du Guildo. Elle avait été sous la Reine Claude (fille d’Anne et de Louis XII) l’objet d’une réclamation au Saint-Siège, le Pape lui ayant donné pour abbé le cardinal de Sainte-Marie in porticu, Claude fit valoir à Rome les droits des candidats bretons méconnus et le Saint-Père en tint compte en nommant Jean des Cognets à la place du cardinal (1516).

En 1646, l’un des successeurs de l’abbé Jean obtient du Parlement qui s’était opposé à l’introduction à Saint-Jacut des Bénédictins anglais, l’autorisation de leur substituer des Bénédictins de Saint-Maur.

La descente des anglais, sur les côtes de Saint-Cast, au siècle suivant, a prouvé qu’il était sage d’écarter de nos frontières maritimes des moines étrangers, alliés naturels de nos redoutables voisins.

Fréhel aux falaises ravagées par la mer, viendrait, selon l’abbé Deric, des Fres déchirement et Hel grand : grand déchirement.

L’ancien château de la Roche Goyon a été acheté, en ces derniers temps, par M. le duc de Feltre, fils du Général comte de Goyon.

Dom Morice.— Histoire ecclés. de Bretagne, Tome II, page 248 (Titres de Saint-Jacut).

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:27

 

CHAPITRE XV

I

Erquy

De Pléneuf à Erquy, il faut compter une heure et demie de voiture, à moins qu’on ne veuille tenter de s’y rendre à pied par la grève, en partant de la Ville-Pichard. Si l’on est un marcheur ordinaire, il ne faut guère plus d’une heure par cette voie directe. On peut aussi, quand la marée ne le permet pas, suivre le chemin du littoral par Saint-Pabu et Saint-Mathurin, deux hameaux avec leurs chapelles, dont nous nous bornerons à faire mention.

Avant d’être Reghinœa, Erquy aurait été déjà port et centre important de population curiosolite. Suivant l’abbé Deric (Hist. eccl.), il tirerait son nom de deux mots celtiques : Er eau et Kil port. Nos connaissances ne vont pas jusqu’à nous permettre de contrôler cette étymologie. Contentons-nous de souligner, pour Erquy, comme pour Pléneuf, la vaillance héréditaire de cette population maritime qui continue à fournir à la flotte d’excellents marins.

A proximité de ce bourg, on trouve des vestiges de l’occupation romaine. L’abbé Ruffelet, dans ses Annales de 1771, écrivait que « les antiquités nouvellement découvertes en cet endroit en attestaient l’ancienne célébrité. Ces antiquités consistaient en plusieurs restes d’anciens murs, des médailles, un ouvrage à la mosaïque dont les couleurs paraissaient très bien conservées ».

L’origine d’Erquy a été longtemps contestée. Dom Morice lui-même se refusait à y voir l’ancienne Reghinœa, mais dit encore Ruffelet « les découvertes faites depuis peu de temps à Corseul et aux environs ne permettent point de douter aujourd’hui que ce Reghinœa ne soit Erquy, petit port de mer à 4 lieues N. E. de la ville de Saint-Brieuc ». On se fonde, pour le démontrer, sur la distance de l’Itinéraire de Peutinger : du temple de Mars (Fanum Martis) à Reghinœa (XIV) c’est-à-dire 14 milles et (XXV Condate) 25 milles du même temple à Rennes, Ces distances ont été vérifiées exactes.

Des fouilles, dans les villages avoisinants, notamment au Passoir et au lieu dit la Cité, à côté du sémaphore, ont été pratiquées depuis l’époque à laquelle l’abbé Ruffelet se livrait à ses doctes dissertations : elles ont amené la découverte de toutes sortes de monnaies romaines et même de pièces gauloises. M. le Conseiller Fornier a bien voulu, dans son intéressante brochure sur les fouilles de la Ville-Pichard, parler d’une pièce de monnaie curiosolite, en argent, trouvée de ce côté, et que nous avions été heureux de pouvoir lui offrir.

« Des deux grandes voies romaines qui traversaient ce pays, l’une allait de Carhaix (Vorganium) à Saint-Servan (Alet), l’autre de Rennes (Condate) à Erquy (Reghinœa). Ces deux voies se creusaient un peu au sud du village de La Bouillie ».

A l’abri des vents du N. 0., au pied de la haute falaise de Tu ès-Roc, sur le sommet duquel est le sémaphore, Erquy est à la fois port et plage. Il a ses villas et ses baigneurs. Parmi ceux-ci, il compta Louis Veuillot. Son église est entourée de quelques beaux arbres et leur conservation fait honneur à l’intelligente municipalité du bourg.

Le granit des « Garennes », dit pierre d’Erquy, légèrement teinté, serait parfait si le minerai qu’il contient ne le rendait accessible à la rouille. Il est l’objet d’une exploitation importante : on l’emploie en coins et en pavés, et on l’expédie au loin en pierres de taille.

L’Abbaye, en Erquy, avait retenu le nom « d’Abbaye » qu’elle devait aux Religieux de Saint-Jacut et leur continuait des rentes en froment. Le comte de Rieux, quand il traita avec le seigneur de Bienassis, en réserva la mouvance à qui de droit.

II

Bienassis

La route que le courrier prend, en se dirigeant sur Erquy, passe à côté des bois précédant un château dont il vient d’être maintes fois question, d’abord dans des discussions de fondations à Saint-Jacques et à Saint-Alban avec les sires du Vaucler, ensuite dans les guerres de la Ligue où il fut pris et pillé (1590).

A celle époque « cette terre était possédée par la maison de Visdelou, où elle était entrée par le mariage de Françoise de Quélénec, dame de Bienassis, avec Gilles de Visdelou, seigneur de la Goublaye. Elle passa dans celle de La Marck par le mariage de Marie-Hyacinthe de Visdelou, héritière de Bienassis, avec le comte de La Marck. Louise-Marguerite, leur fille unique, l’apporta au prince d’Aremberg, son mari, qui la vendit en 1765 à M. de la Villethéart-Visdelou ».

En 1768, la chapelle de Bienassis existait encore. Il s’y trouvait un curieux vitrail aux armes des Visdelou de Quélénec et remontant à Hyacinthe Visdelou, époux d’Anne Salou. Ce fut, nous le répétons, Hyacinthe qui reconstruisit le château après la Ligue, XVIIe ou plutôt fin du XVIe siècle. (Voir Chapitre X, Il).

Les armes de cette maison (Visdelou alias Visdeloup) se trouvent encore dans la grande salle.

La grande salle, le bel escalier de granit, tout ce rez-de-chaussée aux hautes et larges proportions, dont une pièce, à côté du salon, aurait été affectée au service de police du seigneur haut justicier ; l’immense vestibule où l’on rêve de gardes, la hallebarde au bras, après avoir traversé la cour d’honneur que devance une muraille crénelée, à l’aspect féodal ; la façade, imposante elle aussi, avec les deux tours dont elle est flanquée à ses extrémités : cet ensemble, en un mot, a grand air ; il marque bien l’état de repos dont on jouit après la Ligue, la fin des nécessités de défense et le commencement de la vie élégante et facile du siècle où Bienassis fut rebâti. Ce château a toujours ses douves et ses larges avenues.

La période révolutionnaire, en l’enlevant à ses maîtres, ne lui a pas imposé d’autres sacrifices : l’âme des revenants qui, assure-t’on, hante nos vieilles demeures, et que ni nos discordes civiles, ni les expropriations qui en sont la suite ne sauraient atteindre, doit s’y retrouver encore comme au temps des Quélénec, de La Marck et des Visdelou.

FIN


Et maintenant, touristes, vous que l’entassement des « Services publics » n’épouvante pas à l’excès, je vous souhaite, pour traverser notre Baronnie, autre chose que cette affreuse « voiture jaune », si spirituellement maudite par M. F. Coppée dans son « Voyage en Bretagne » … en Basse-Bretagne (ne confondons pas).

Il est néanmoins prudent, dans la Haute où nous sommes, de flairer le « conducteur en ribote qui s’arrête à chaque cabaret pour faire ses commissions » et de ne se risquer nulle par aux « pyramides branlantes de malles et de colis que de maigres chevaux tirent comme des rats ».

Couleur de voiture à part, ces sortes de pyramides, de cochers et de haridelles sont un peu de tous pays ; mais rassurez-vous, il y a des loueurs consciencieux à Pléneuf et à Lamballe.

Erquy, canton de Pléneuf, 2,901 habitants, à 12 kilomètres du Val-André.

M. Fornier. — Enceinte gauloise de la Ville-Pichard, en Pléneuf.

A visiter à mer basse la grotte de Galimoux ou la Goule.

A 5 kilomètres plus loin, sur la route de Fréhel : Plurien (1,500 habitants). Visiter l’église et le vieux château de Léhen.

Ruffelet. — Annales.

C’est à la bienveillance de Madame la générale de la Motte-Rouge que nous devons ces détails.

M. de Visdelou, comte de la Villethéart, s’en vil déposséder à la Révolution. Aliéné par l’Etat, puis revendu, Bienassis a été très légitimement acquis par ses propriétaires actuels, Madame de Kerjegu , veuve de l’Amiral, Sénateur des Côtes-du-Nord, et son fils. Quoique ce château soit d’Erquy, il est beaucoup plus près de Pléneuf dont il est à moins de 3 kilomètres. (A 4 kilom. du Val-André).

F. Coppée. — Voyage en Bretagne. — Henri Gautier, Paris.

 

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:26

CHAPITRE XIV

Pléneuf

Oublierons-nous Pléneuf, notre chef-lieu de commune et notre chef-lieu de canton auquel le Chemin des Romains que nous parcourons depuis le Poirier nous à fait tourner le dos pour visiter Planguenoual, Morieux et les Ponts-Neufs ?

Pléneuf (PIou, par corruption Plé, Peuple, Navium, de navires) est par excellence le pays des marins, ces travailleurs de la mer, « anoblis par leur noble métier », ainsi que les Vieilles Réformations en font foi.

En montant du Val-André à Pléneuf, on découvre du haut de la côte une série de collines s’élançant jusqu’à la mer, soulignées par les ombres de leurs vallons et animées de plusieurs moulins à vent que la brise laisse rarement chômer.

A ce point élevé d’où l’on aperçoit le village du Val-André, la Ville-Pichard, et par delà les falaises de Dahouët, celles du Port-Morvan, la baie de Saint-Brieuc et le pays lointain d’en face, l’élégant Rosmeur doit à un architecte de goût, celui de la coquette et neuve église paroissiale, son cachet discrètement claustral tout en restant suffisamment mondain.

A un demi kilomètre du bourg, sur la route de Saint-Alban, le nouveau Guémadeuc, l’ex-Cloître qui, lui, n’avait de claustral que le nom, a pour châtelain le propriétaire de la partie de notre plage faisant suite, vers Dahouët, aux terrains de M. Cotard.

De l’autre côté de Pléneuf, dans la direction d’Erquy, Nantois, dans une situation exceptionnelle, au milieu de ses bois, à quelques centaines de mètres de la mer qui borde ses prairies.

Plus loin, toujours dans la même direction, à la limite extrême des deux communes, mais appartenant à la nôtre, la Ville-Berneuf, à M. le docteur Le Gal La Salle, ancien député, jouit d’une situation non moins avantageuse.

                       

« La station de Lamballe dessert la commune de Pléneuf, chef-lieu de canton, et le port de Dahouët, à 12 kilomètres au nord, port de relâche et d’expédition pour Terre-Neuve. C’est dans le cimetière de Pléneuf que repose le corps du général de Lourmel, tue devant Sébastopol ».

Voila ce que trouvait à dire de notre petit chef-lieu M. de Courcy, l’un de nos « Guides » les plus consciencieux. Il est vrai que son Itinéraire de Rennes à Brest et à Saint-Malo parut en 1864 et que saint André, au risque de rendre jaloux nos amis les Russes, dont il fut l’apôtre et dont il est resté le patron, n’était pas encore venu, à titre d’ex-pêcheur, visiter notre plage et transformer notre Val en dret (Val en droite ligne de Pléneuf à la mer) en Val Saint-André, suivant un essai de légende fantaisiste, ou simplement Val-André.

Un autre Guide, plus récent que celui de M. de Courcy, a vu tout près de notre village un vieux manoir, sans nous donner son nom. Ce ne peut être que le Vaucler (V. Chap. VII) auquel nous avons fait largement les honneurs de notre « Baronnie ». Il n’est d’ailleurs qu’à 1 kilomètre du Val-André. Un sentier, à l’abri du soleil et du vent sous de grands arbres, descend jusqu’à la mer le long d’un ruisseau, conduisant du château à la grève de la Ville-Richard ou du Vaucler, communiquant à celle de Nantois.

Ce qui nous reste à dire du Guémadeuc sera purement historique puisque, comme nous l’avons dit, il n’en reste plus traces, pas même des ruines.

Le château du Guémadeuc a été, pendant plusieurs siècles, le point de mire des pirates qui débarquaient à Dahouët.

N’en déplaise à l’auteur du certain Livret-Guide-Indicateur (Chemin de fer de l’Ouest : Normandie, Bretagne et Ile de Jersey) qui égare les visiteurs de Nantois « sur la route de Lamballe » et qui a vu, « à côté », les « ruines de l’ancienne forteresse du Guémadeuc », nous ne partagerons pas des illusions d’optique plaçant à gauche ce qui est à droite et permettant de voir avec les yeux de la foi … sur la foi sans doute d’un autre Guide qui parle des ruines d’une « ancienne abbaye », les restes d’un château fantôme. C’est à la page 124 de ses « Descriptions des principaux points intéressants à visiter sur le réseau des Chemins de fer de l’Ouest » que nous empruntons ces merveilles, dût-on nous accuser de plagiat.

Aux Etats de Bretagne, tenus à Vannes, en 1451, Madeuc, sire du Guémadeuc, avait été élevé au rang de banneret. A ceux de 1610 (27 septembre), également tenus à Vannes, messire du Guémadeuc venait, dans l’ordre des préséances, immédiatement après le baron de la Hunaudaye.

En 1698, « le marquis du Guémadeuc », gouverneur de Saint-Malo et lieutenant pour le Roi dans les évêchés de Rennes, Vannes. Dol et Saint-Malo, se voit conférer par déclaration royale la lieutenance héréditaire de ces quatre évêchés. Des deux filles qu’il laissa, « l’une épousa le marquis de Volvire ; l’autre, le comte de Marbœuf, chambellan de Stanislas, roi de Pologne et lieutenant du Roi de la Haute-Bretagne, à cause de sa femme ».

Le fief du Guémadeuc, « après avoir été longtemps possédé par les seigneurs de ce nom, passa dans la maison de Vignerot, marquis de Pontcourlay. Il fut vendu par le duc de Richelieu au sieur de Berthelot. Vendu une seconde fois en 1719, il fut acquis par Agnès Rioult de Douilly qui avait épousé Etienne de Berthelot et en 1770, il était encore possédé par son petit-fils, M. Baudoin, maître des requêtes ».

En 1747, le Guémadeuc conservait encore ses droits de juridiction dont relevaient les notaires de Pléneuf :

« Estant dans nos études et demeures que nous avons séparément dans la paroisse de Pléneuf, nous y est venu trouver noble maistre François-Hyacinthe, seigneur de Saint-Vreguet, procureur fiscal de notre dicte juridiction du Guémadeuc, demeurant au chasteau de la Ville-Nihan, dite paroisse de Pléneuf ».

Le Guémadeuc ajoute à l’avantage d’avoir vu son nom porté par l’une des plus grandes maisons de France et de Bretagne l’honneur d’avoir eu pour Régisseur, au siècle dernier, un agronome distingué. M. Le Dosseur (c’était son nom), fut adjoint en 1769 par les Etats aux membres déjà désignés pour faire partie de la Société d’agriculture instituée en 1762, à Saint-Brieuc, par ces mêmes Etats.

Dans l’antiquité, Romulus et Remus étaient séparés par un sillon qui coûta la vie à ce dernier pour l’avoir franchi. De même, nos fondateurs ont-ils un fossé entre leurs possessions riveraines de la grève du Val-André, mais s’il y a de la concurrence, il n’y a pas d’hostilité.

Les terres du Guémadeuc qui appartiennent à M le comte d’Aubert joignent, par un pont, les terrains de M. Cotard, à l’embranchement de la route du Minihy. Un autre chemin, récemment ouvert aux frais du propriétaire du Guémadeuc, relie à la voie départementale cette partie de la plage et la rapproche de Dahouët.

Pléneuf s’honore d’avoir vu naître le général de la Molto-Rouge, le glorieux vétéran des guerres d’Espagne, de Belgique, de Crimée et d’Italie, grand-croix de la Légion-d’honneur, ancien député. Dans la guerre Franco-Allemande, le général de la Motte-Rouge commanda en chef nos troupes de l’Ouest.

Nous ne voudrions pas terminer ce chapitre sans inscrire sur le livre d’or de notre commune ces lignes de l’historien de Saint-Brieuc :

« Simple et bon dans la vie privée, il aimait surtout à goûter les joies de la famille dans sa petite campagne du Val-André, à peu de distance de sa ville natale ».

C’est de l’Amiral Charner dont parle ainsi M. Lamare, de notre illustre marin, « l’orgueil de Saint-Brieuc, sa ville natale » et aussi le nôtre puisque ce fut ici sa villégiature favorite.

A côté de l’Amirauté, dont une ruelle la sépare, la ravissante propriété de M. Ruello vient de voir achever sa belle villa, sous la direction de M, Eveillard, entrepreneur de travaux publics à Lamballe.

Le jardin qui l’entoure, artistiquement dessiné est digne de la villa.

Pléneuf, 2,422 habitants, à 1 kilom. ½ du Val-André.

Manuscrit de la Bibliothèque municipale de St-Brieuc.

Au siècle dernier, « le grenier du château de Nantois » percevait, en Saint-Alban comme en Pléneuf, des rentes féodales dont l’une d’elle, en froment, était rendible audit château et due par la dame de la Goublaye, veuve Le Garou, à cause de la Ville-Meno, maison et métairie noble, en la paroisse de Saint-Alban, sous la mouvance de la seigneurie de Nantois et de la Sorais. (Audience précitée, Chap. V, I, du 17 décembre 1787). — Registre des Plaids généraux de la Baronnie de la Hunaudaye (Villethéart et autres annexes), juridiction à laquelle Nantois était soumis.

Ecrivain distingué, M. le Dr Le Gal La Salle est lauréat de l’Académie française pour son ouvrage : L’Héritage de Jacques Faruel.

Son cœur a été transféré à Pontivy, sa ville natale.

Chapitre VII, I.

Ruffelet. — Annales.

Contrat du 13 mai 1747.

Au nombre des Sociétaires on remarquait MM. de Rabec, chanoine, Armez de Poulpry, de La Salle Le Mée, etc.

Les Souvenirs de Campagnes du Général de La Motte-Rouge se publient chez P. Lethielleux, 10, rue Cassette, Paris.

Histoire de Saint-Brieuc.— Société d’Emulation des Côtes-du-Nord. — Saint-Brieuc, F. Guyon.

Nous ne pourrions, sans injustice, omettre les noms de MM. Pierre et Mathurin Denis, entrepreneurs à Pléneuf, qui ont si largement contribué, eux aussi, aux embellissements de la plage.

Parmi les propriétaires, citons: MM, Revoil, Directeur du Cabinet et du personnel au Ministère des Affaires étrangères ; Proudhon, Préfet du Finistère ; Mention, Examinateur à Saint-Cyr ; Lecomte, Avocat à la Cour d’appel de Paris, Président de notre Syndicat ; Planel, Violon solo de la Reine d’Espagne (Manoir Planel). etc., etc., (Voir Annuaire du Val-André).

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:25

CHAPITRE XII

De Montafilant (Corseul) à Planguenoual,
par le Chemin-Chaussé.

Planguenoual, — Jospinet, — Cotentin.

Le chemin des Romains ou Chemin-Chaussé (via calcata), ou encore Chemin-Ferré (via ferrata) « se prenoit à Corseul et donnoit sur Quintin. Il passait par Cambœuf, Plancoët, le Chemin-Chaussé, Saint-Alban, Planguenoual, Yffiniac. De cet endroit, il se prolongeait durant environ 2 lieuës vers Quintin ».

Des localités qu’il traversait et traverse encore, beaucoup nous sont déjà connues : Montafilant et Corseul, Cambœuf, Plancoët, le Chemin-Chaussé et Saint-Alban. Nous avons à reparler de Planguenoual et à suivre de là le très court itinéraire qu’il nous reste à parcourir jusqu’aux Ponts-Neufs, car nous touchons à la limite extrême de notre baronnie, les Ponts-Neufs n’en étant plus.

La route est si belle et si droite, les promenades et les parties de pêches à faire à l’étang que nous rencontrerons, après la Ville-Gourio, sont si engageantes que ce serait vraiment dommage de ne pas y descendre.

C’est cette ancienne voie romaine que nous empruntons, du « Poirier » aux Ponts-Neufs, que nous prenions pour nous rendre du Val-André à Saint-Brieuc, par Pléneuf et à St-Alban, ou par le chemin dit « des Saules » et par Dahouët. La route de Dahouët à Lamballe qui croise, au Poirier, celle de Saint-Brieuc fut ouverte en 1767 et ne fut terminée qu’en 1774. Les Etats de Bretagne, en la décrétant, votèrent dans cette même session 3,000 livres pour « l’escarpement » des rochers gênant l’entrée du port.

Pendant plusieurs kilomètres le Chemin des Romains semble tracé à la règle, et sa ligne droite se profile à perte de vue, traversant le bourg de Planguenoual, longeant à mi-côte les bois de la Ville-Hervé jusqu’à la Ville-Gourio. C’est bien là une voie de conquérants sans souci des propriétés que coupent leurs routes stratégiques.

Planguenoual, dont la suzeraineté paroissiale était disputé au comte de rieux par le puissante maison de La Moussaye, était, avant la Révolution le lieu d’exercice des justices du Hourmelin (m. j.), à messire Le Métaër, de la Villemen (m. j.) à messire de la Villéon, du Val (m. j.) à messire de Rabec, enfin de l’abbaye de Saint-Aubin-des-Bois. L’Ordre de Malte possédait aussi des fiefs en cette paroisse, en Quessoy, en Collinée et Plainte-Haute. La justice des chevaliers s’exerçait à Quessoy.

Pendant la peste qui ravagea Lamballe, au XVIIe siècle (1634), la juridiction ducale de Penthièvre s’établit à Planguenoual et aux Ponts-Neufs.

Le Vaujoyeux, en Planguenoual, avait pour seigneur, en 1722, le père Claude Le Métaër. Messire Claude, écuyer, fut capitaine d’infanterie, il épousa dame Hélène Rebillon, et leur fils, volontaire au régiment de Vermandois, mourut en Corse en 1779. Décédé lui-même à Lamballe en 1791, il fut accompagné au cimetière de Saint-Martin, suivant l’acte mortuaire « par le clergé et plusieurs personnes de distinction ». Le père d’Hélène avait été maire de cette ville.

Le bourg de Planguenoual possède une chapelle (Saint-Michel), en outre de son église dont les deux colonnes du porche menacent de s’écrouler et dont le clocher neuf remplace un clocher foudroyé récemment, en dépit de la protection de Sainte Barbe qui a aussi sa chapelle en cette commune, du côté du Hourmelin. Nous connaissons par l’histoire des désastres de la Ligue, l’incendie de l’ancienne église. Quant à la chapelle Saint-Michel qui borde la route de Saint-Brieuc, son architecture actuelle vaut celle d’une grange. Semblable à un vêtement neuf d’étoffe grossière sur lequel seraient cousues deux loques précieuses, ainsi l’informe maçonnerie de la chapelle n’a conservé de l’ancien édicule que deux haillons dont l’un, une niche renfermant une statuette, est signalé aux passants par son blanc badigeon ; l’autre consiste en une petite porte cintrée avec quelques restes de ciselures. La statuette représente saint Michel sous les traits d’un adolescent, hors de combat tant il est mutilé dans sa guerre contre les ans, et non contre le diable qui ne peut rien à l’Archange, pas même son image.

Un pieux et touchant usage réunit chaque année, en cette chapelle, les laboureurs de la paroisse venant mettre leurs semences sous la protection du dompteur de l’Esprit du mal.

Du bourg de Planguenoual à la mer, un chemin vicinal passant à côté de Saint-Marc, autre chapelle qui, tous les ans, a comme St-Michel, sa fête patronale et son « assemblée », permet de se rendre en voiture à la grève de Jospinet. Cette grève communique avec celle de la Cotentin (Côte en thym), ainsi appelée sans doute à cause du serpolet ou thym sauvage qui tapisse ses falaises.

Plusieurs grottes à visiter, entre autres la grotte à Margot. Le rocher de Roc-Mel, qui n’est jamais complètement recouvert par la mer, est le Verdelet de ces parages. On y fait des pêches non moins fructueuses, aux jours de grandes marées.

Le village de la Cotentin, assez difficile d’accès pour les voitures, serait agréable aux promeneurs avec ses fontaines et ses bouquets d’arbres, sans les fumiers au-devant des maisons et le purin débordant des étables vers les ruisseaux qu’ils souillent, vers les mares qu’ils infectent, au préjudice de l’agriculture et au détriment de l’hygiène.

Pour s’y rendre par le chemin de Jospinet, on quitte ce chemin à la croix du Val, et l’on prend l’avenue conduisant au château. A la grille du château, on tourne vers la droite, et l’on gravit une montée croisant brusquement l’avenue d’où l’on repart dans la direction du village.

Le Val, dont les terres vont jusqu’à la mer, vient d’être reconstruit sur de nouveaux plans. Il ne reste qu’une aile de ce qui fut bâti, peu d’années avant la Révolution, par M. de Rabec qui s’intitulait « Seigneur de Planguenoual » (Dossier du Prédéro). Ce dernier, alors directeur de la Compagnie des Indes, avait acheté de la famille de Châteaubriand le manoir de Prédéro qu’il avait démoli. Les matériaux servirent à celui du Val, en partie remplacé aujourd’hui.

Quant au Prédéro, il fut, à la suite du trop fameux cataclysme financier de la Compagnie des Indes, revendu avec le Val. C’est actuellement une gaie maison de campagne, un nid de verdure au travers de laquelle on entrevoit les murs blancs de sa villa.

Il ne sera pas sans intérêt local que nous remontions à l’acte de vente passé, le 28 mai 1768, entre Madame de Châteaubriand et M. de Rabec, acquéreur du Prédéro. Voici les qualités des parties :

« Entre Eulalie-Marie-Renée de la Goublaye épouse et non communiaire en biens de messire Jean-Jules-Joseph de Châteaubriand, chevalier dudit nom et de la Guérande, demeurant au manoir noble de Prédéro, paroisse de Planguenoual, d’une part ;

« Et discret messire Gabriel de Rabec, sieur abbé dudit nom et chanoine de l’église cathédrale de Saint-Brieuc, au nom d’écuyer Jacques de Rabec, son frère, conseiller secrétaire du Roy, maison et couronne de France, et directeur général de la Compagnie des Indes, seigneur du Val, de la Nervelle, vicomte de Porpily et autres lieux, demeurant en la ville et archevêché de Paris, etc. »

Quant aux notaires rédacteurs, ils s’intitulent : « Notaires du duché de Penthièvre, Parie de France, et demeurant en la paroisse de Notre-Dame et Saint-Jean, et de la juridiction de l’ancienne baronnie de la Hunaudaye et annexes, au siège du Chemin-Chaussé et de la Villauvais ». (Archives de Prédéro).

Une ferme de Planguenoual rappelle, par son nom, « la Corderie », celui des cordiers, nom exécré s’il en fut.

A l’occasion des derniers devoirs rendus à Mathurin Rouault, cordier de cette paroisse, il fallait l’intervention (22 avril 1716) des seigneurs du pays, le recteur (messire de la Villéon) en tête, pour le faire enterrer au bas de l’église « proche des fonts ».

Exhumé dans la nuit du 29 avril, par les paroissiens révoltés, le corps du « caquin » fut porté au cimetière spécialement réservé aux morts de cette profession méprisée. La justice, aidée de la force armée dut intervenir pour faire restituer à sa première sépulture le malheureux cadavre, les juges ecclésiastiques de Saint-Brieuc ayant requis les archers de la maréchaussée.

Jusqu’à son inhumation définitive, le corps du cordier, retiré du cimetière où les paroissiens l’avaient déterré fut mis en dépôt à Saint-Michel de Saint-Brieuc où on « sala », en attendant la sentence et son exécution.

Ce ne fut que le 15 mai qu’eut lieu cette cérémonie, et il en coûta 700 livres aux paroissiens de Planguenoual (inhumation, transport et frais de procès, salaison comprise).

A 10 kilomètres du Val-André.

Deric, Histoire ecclésia. de Bretagne et Ruffelet, Annales.

Planguenoual, canton de Pléneuf, 1874 habitants.

Du Val-André à Dahouët, 2 kilomètres ½.

Le manoir de la Ville-Gourio, en Planguenoual, jadis à la maison de la Villéon n’offre plus que des ruines sans intérêts.

Au futur chancelier de Bretagne (Chap. V) qui fut un des témoins dans le procès de Pierre Landais (1485), ajoutons : en 1378 Olivier de la Villéon, ambassadeur breton envoyé par la comtesse de Penthièvre auprès du Roi de France pour protester contre la confiscation de la Bretagne (Dom Morice, tome I, p. 416) et Rolland de la Villéon, qui, à Ancenis, intervint, comme Procureur de Penthièvre, en 1394, dans le procès entre le duc de Bretagne et Olivier de Clisson (Dom Morice, tome I, p. 421).

Moyennes justices déjà citées à titres d’exemples (note 67), (m. j., abrév. de moyenne justice).

— 3 kilomètres. Chausse-Pinet sur nos vieilles cartes marines.

Les pêcheurs le prononcent Romel.

Un chemin plus direct va de la route de Dahouët à Planguenoual ; il est à droite, à une centaine de mètres environ du pont.

Le manoir du Prédéro, « avec droit de colombier, relevait des seigneuries de la Hunaudaye, de Montafilant, de Châteaubriand, du Vaucler, du Hourmelin et de la Villauvais, prochement et noblement » (Anciens contrats).

Dans l’un de ces contrats, le comte de rieux (1771) prend les litres de « Baron de la Hunaudaye et de Montafilant, seigneur de Plancoët et des Vauclers, marquis de Sourdéaz, vicomte de Pléhérel, en son hôtel à Paris, six rue du Cherche-Midy, paroisse Saint-Sulpice ».

L’adresse de M. de Rabec était ainsi libellée : « la première maison attenante au Palais-Royal, rue Neuve des Petits-Champs, Paris ».

Nous conserverons une pierre celtique, en forme de fer de lance, légèrement curviligne, longue de 33 centimètres et large de 4 cent., trouvée au Prédéro en 1850, en un champ que l’on défrichait.

Le Maout. — Annales, p. 432.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:25

CHAPITRE XIII

De Planguenoual aux Ponts-Neufs, en continuant par le Chemin-Chaussé.

Ponts-Neufs et Moulin Relan.

De la Ville-Gourio, tout en haut de la côte du Chemin-Ferré qui prend à Planguenoual pour aboutir aux hêtres alignés des deux côtés de la route, aux abords de ce château, on descend aux Ponts-Neufs par une voie nouvelle, moins rapide que celle qu’elle remplace : les anciens, pour modérer les pentes n’allaient pas, comme nous, chercher les flancs des collines. La grille de la Ville-Gourio qui borde le grand chemin permet d’entrevoir, à droite, le château ; à gauche, les écuries. Une avenue, plantée de beaux arbres sépare l’habitation des maîtres des autres bâtiments. Les écuries sont des modèles du genre ; elles sont neuves, et le goût qui y a présidé révèle chez les châtelains autant l’amour de l’art que la noble passion du sport. De jeunes pins dont la nuance sombre de leurs profonds massifs tranche déjà avec le vert tendre des autres feuillages feront bientôt du vaste enclos de la Ville-Gourio un des parcs les mieux plantés du pays ; la nature l’a doté d’un avantage auquel le dessinateur ne saurait suppléer, c’est-à-dire d’un superbe horizon.

Les bords des étangs des Ponts-Neufs sont gracieusement découpés par de verdoyants coteaux. La chaussée que l’on traverse pour se rendre à Saint-Brieuc date de 1745 : le duc de Penthièvre la fit construire à ses frais et y établit un péage supprimé en 1789. Elle en remplaçait une autre très ancienne (1237) : celle-ci avait été emportée le 20 juin 1587, par la suite d’un débordement du Gouëssant, la principale rivière dont l’étang s’alimente.

Dès le XVIe siècle, et de longue date déjà (Dossier de la Villepierre), cet endroit s’appelait Ponts Neufs ; c’est un adjectif qu’il a conservé, sans prendre garde qu’il a vieilli, ni plus ni moins que le Pont-Neuf à Paris.

En 1634, Lamballe et ses environs ayant été ravagés par la peste, la juridiction ducale de Penthièvre vint s’établir aux Ponts-Neufs. (Voir Chapitre XII).

« S’il faut en croire la tradition, une dame de la maison de Penthièvre, enlevée par un tourbillon, fut précipitée sous les roues des quatre tournants qui étaient à la suite les uns des autres, et retirée de dessous, broyée ».

Il avait été question, en 1785, de canaliser le Gouëssant, de Lamballe à la mer. Malgré des démarches réitérées et des pétitions couvertes de nombreuses signatures (1844), ce projet semble définitivement abandonné.

La Société « d’Energie Electrique », qui éclaire Saint-Brieuc, a utilisé les forces des chutes de l’étang des Ponts-Neufs. Du côté de l’usine, l’eau tombe en cascades, de rochers en rochers, jusqu’au fond d’un précipice, d’où la rivière reprend, entre les hautes collines, son cours vers le moulin Relan.

A cet endroit, moins encaissé qu’au départ des Ponts-Neufs, on peut dire que l’embouchure commence, car, bien que la mer soit à un kilomètre environ du moulin du Relan, elle y remonte aux grandes marées. Des rocs imposants par leur masse énorme font çà et là obstacle à la rivière, mais après s’en être jouée en les roulant, l’eau les tourne quand elle ne peut plus les déplacer et n’en continue pas moins sa marche. Lorsque la mer se retire, elle laisse souvent auprès d’elle, et presque à sec, les poissons surpris par le reflux. C’est à la fois un lieu de pêche et de promenade, aussi accessible que pittoresque.

On s’y rend aisément, en prenant, avant d’arriver à Planguenoual à la Ville-Gourio, le chemin du bourg de Morieux, lui-même fort bien situé au-dessus de la vallée du moulin Relan. La route y conduisant va vers Hillion et traverse la rivière sur un pont nouvellement construit.

Au bourg d’Hillion (2,700 habitants), les vitraux de l’église sont à visiter. Plus près de la mer, et méritant bien son nom, le château de Bonabry, entouré d’arbres superbes, aujourd’hui à M. le vicomte du Fou de Kerdaniel, du chef de sa femme née Le Corgne de Bonabry, était qualifié dans plusieurs actes du XVIIe siècle (à nos archives) de Baronnye, « Baronnie d’Yffiniac et de Bonabry ». Il appartenait alors à la maison de Crenan.

Sur la grève où il va se perdre, le Gouëssant n’étant plus emprisonné par ses rives s’épand en minces filets d’eau ou « filières ». Il est aisé de les traverser à marée basse, pour aller à Saint-Brieuc par la grève, quand on habite le littoral. C’est abréger beaucoup les distances augmentées, par voie de terre, des détours de la route ; aussi les voyageurs y seraient-ils plus nombreux s’il n’y avait eu de tristes exemples des périls qui les menacent. A la mer montante, les filières se gonflent tout-à-coup, les sables deviennent mouvants, on enfonce quand on veut fuir, et le flux qui semble guetter son heure et qui vous a surpris se glisse sournoisement d’abord, rapidement ensuite, dans le lit de la rivière qu’elle a vite fait de transformer en eau profonde, à mesure que vous vous enliser.

C’est à ce danger qu’échappa, au XIVe siècle Guillaume de Tournemine de la Hunaudaye, mais ce ne fut que par miracle, et le miracle, il le dut à saint Yves.

En sa qualité de receveur, au nom du Roi, des tailles de Tréguier, il n’avait pas toujours eu, à l’égard du saint, de bienveillants procédés, et le-saint mort, il le regrettait, lorsqu’il eut, à la filière, la preuve éclatante que les bienheureux n’ont point de rancune. Ses compagnons s’étaient refusés à tenter le passage, car la mer montait. « Lui s’obstina, et piquant des deux, il lança son cheval sur la grève, mais le flot courait plus vite encore, et bientôt le sol manque sous les pieds du cheval. Une vague enleva le cavalier qui coula à fond, et les témoins de cette scène qui ne dura pas moins d’une demi-heure le crurent perdu. Ils le vouèrent à saint Yves, et lui-même au fond de l’eau se recommanda à Dieu et au bienheureux prêtre. Tout aussitôt, sans qu’il put s’expliquer comment cela s’était fait, la mer le souleva, le ramena à la surface et il se trouva sur la croupe de son cheval qui nageait instinctivement vers la terre. Il s’accrocha aux harnais et gagna, sain et sauf le rivage, bien convaincu, comme il l’affirmait aux commissaires de la canonisation de saint Yves, que si Dieu l’avait sauvé de ce péril, c’était grâce aux mérites de ce saint ».

                       

Dans le voisinage du bourg de Morieux, Carivant et ses bois ; un peu plus loin, en se rapprochant de la mer : le Tertre-Rogon, longtemps resté une ruine au berceau, aile achevée d’un château en projet, et qu’une restauration récente à fini par rendre habitable.

Morieux a sa fontaine miraculeuse : Sainte Eugénie. On recommande son eau contre la migraine : à ce titre, nous la signalons à ceux de nos lecteurs auxquels notre petit livre aurait donné l’affreux mal de tête.

Les Ponts-Neufs sont à 13 kilomètres du Val-André.

Rivière de Lamballe.

Le Maout. — Annales Armoricaines.

Relan , ou dernier élan que la rivière fait vers la mer, à la sortie des barrages du moulin.

Au-delà, vis-à-vis de Langueux, la mer laisse à découvrir, en morte eau, de vastes étendues de sable où Alain Barbetorte écrasa les Normands, en 937, et où ont lieu les courses de Saint-Brieuc, en juillet.

Ropartz. — Histoire de Saint Yves. — Saint-Brieuc, L. Prud’homme, 1856.

A la bifurcation de l’ancienne et de la nouvelle route en allant vers Saint-René et Yffiniac, après avoir dépassé les Ponts-Neufs, une autre fontaine bénite, consacrée à Saint-Marc, presque en face de la chapelle Saint-Laurent. Nous ignorons le genre de maladies qu’elle a la spécialité guérir. Y jetterait-on des épingles ? On nous l’a dit, mais les filles en quête d’un fiancé que cette légère offrande a pour vertu de susciter gardent au fond du cœur, comme le saint au fond de sa source, le secret de leurs soupirs et de leurs espérances.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:24

CHAPITRE XI

Le Souterrain de la Hunaudaye
à Notre-Dame de Lamballe
et la légende de la fée Margot. — Notre Dame.

Il était autrefois … une fée qui se nommait Margot et qui, comme la pie servant de thème à sa légende, avait en somme assez mauvaise réputation. Pour cacher ses trésors plus ou moins bien acquis, elle avait eu recours au souterrain de l’église Notre-Dame dont elle achevait la tour. Ce souterrain communiquait, dit-on, avec la Hunaudaye, mais personne, si ce n’est Margot, n’a jamais osé s’y aventurer, et à quoi bon s’y risquerait-on, cette Margot qui bâtissait de tous les côtés ayant des besoins continuels d’argent et ne pouvant que provisoirement thésauriser.

En ramassant des matériaux sur un tertre, entre Lamballe et Moncontour, « elle vit à ses pieds, au clair de lune, vers minuit, un objet inconnu, avec des reflets blanc et noir, ce qui l’effraya. Ce fut avec de grandes précautions qu’elle le ramassa, et oubliant ses pierres, elle l’apporta jusqu’à Lamballe pour le montrer à ses sœurs ».

Aucune d’elles ne pouvant dire ce qu’était, on dut recourir aux lumières d’une fée-ingénieur, ajoute l’auteur de la légende, et l’on apprit que « c’était le cadavre d’une pie » .

La Margot est restée le nom vulgaire de l’oiseau voleur ; cet oiseau noir et blanc qui, par ses deux couleurs, symbolise le crime et l’innocence. Image de la pie qui sautille, Marguerite de Clisson boîtait à la suite d’un coup de pied que le connétable, son père, n’avait pu s’empêcher de lui donner dans un accès d’indignation, car si cette Margot racheta plus tard sa conduite par de pieuses fondations, elle avait toutes sortes de méfaits à expier, et la noirceur de ses crimes était telle qu’elle avait fort à faire, sur ses vieux jours, pour se blanchir par piété et le remords.

« N’est-il pas étonnant, dit le regretté M. Lamare au sujet de Notre-Dame de la Fontaine, le sanctuaire briochin attribué à Margot, que le nom de cette princesse qui rappelle tant d’actes audacieux et coupables, soit aussi attaché à plusieurs des plus gracieux monuments de l’art chrétien au XVe siècle ».

Cette Marguerite avait, en 1387, épouse Jean de Penthièvre, fils de Charles de Blois dont Notre-Dame était la chapelle comtale. Il était donc juste qu’en sa qualité de fée, la légende de Margot la fit ramasser le cadavre de l’oiseau aux deux nuances si tranchées sur le tertre où elle rassemblait les matériaux de la tour qu’elle bâtissait.

Et, fini la légende, « cette nuit-là, les fées apprirent qu’elles devaient mourir, ni plus ni moins que la pie ».

Notre-Dame, dont la tour était l’œuvre des fées, foi de Margot ! n’était à son origine (vers l’an 1000) qu’une simple chapelle.

Le chevet porte le cachet du XIIIe siècle ; le chœur a deux parties très distinctes : le côté des Promenades est de cette époque, la forme des piliers et des arcatures l’indique suffisamment ; l’autre côté, celui du côté de la rue du Val a le caractère du XIVe siècle. Foudroyé en 1447, le chœur fut réparé par le duc François Ier. Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la tour était surmonté d’un clocher couvert en plomb que l’on démolit en 1695. On l’exhaussa (1701) et l’on eut le tort de mutiler, pour donner maladroitement le style Renaissance à cette belle tour du XIVe siècle, les encadrements des baies fouillées d’une façon exquise. Il reste une fenêtre intacte, habilement restaurée par les soins de la Commission historique. On venait aussi d’exhausser (1640-1645) la tour Saint-Jean, mais celle-ci vit rebâtir son clocher, le clocher actuel succédant à une pyramide. Le jubé, chef-d’œuvre de menuiserie et de sculpture (classé à part comme monument historique) a été déplacé et malheureusement utilisé comme buffet d’orgue. L’époque à laquelle il remonte ne saurait être exactement précisée, mais il dû précéder de peu d’années la Renaissance ; les statuettes qui l’ornent sont de petits chefs-d’œuvre. Malheureusement il en manque.

A partir de 1849, on a travaillé à Notre-Dame, consacrée par Mgr David, évêque de Saint-Brieuc, en 1872. Elle l’avait été déjà, au XIIIe siècle, par Guillaume Herno, suivant les uns (Quernest), par Guillaume Pinchon, suivant les autres (de Courcy).

Ont été remis à neuf : la nef et le collatéral sud. Les piliers de la nef ne sont pas tous absolument verticaux ; cela provient de ce qu’on a craint de les déplacer de peur de les altérer. Quant au hors-d’œuvre, la porte ogivale retrouve d’aigle du régime impérial (Napoleone tertio regnante) fantaisie agrémentée d’un clocheton du côté de la vallée, il est archéologiquement décrit par certains Guides dont nous ne suivrons pas les ornières.

Les fortifications (côté nord) ont été restaurées par les soins de la Commission historique. Pour les besoins de ces fortifications, les murs du chevet sont creux à la hauteur du triforium du chœur, et la traversée devant les fenêtres était assurée au moyen de passerelles en pierre. L’une de ces passerelles, appelée « Pont d’Amourette » et donnant sur le précipice de la rue du Val n’a pas été restaurée ; une simple planche sert de passage, tandis que les deux autres, l’une à l’extérieur, l’autre (plus large) à l’intérieur, au-dessus du maître-autel ont été rétablies récemment telles qu’elles étaient autrefois.

Restauré avec soins, le portail en plein cintre, avec chapiteaux ornés de feuilles et de fleurs, accuse l’époque de transition, du XIIe au XIIIe siècle. Au-dessus, sur le mur extérieur faisant face aux Promenades, se lit une inscription rappelant le nom du zélé curé, M. Le Rouillé, promoteur des dernières grandes réparations ; son corps repose du même côté que le chevalier de Lescoët-Bertho et la dame de Hay-Durand, sa compagne, dont les pierres tombales portent les effigies et sont à leurs armes. Le nom du maire, M. Urvoy de Closmadeuc, évoque un autre souvenir cher à Lamballe. Enfin « Eveillard opera fecit » ne permet pas non plus d’oublier le chef de la main-d’œuvre sous la direction de M. l’architecte Guépin. Les dernières restaurations du chevet sont l’œuvre de M. Ballu, architecte en chef des Monuments historiques, et M. Eveillard fils a exécuté, sous sa haute direction, ces savants et intéressants travaux.

Sur les Promenades « du Château » qui s’appellent ainsi, du nom du château dont elles occupent l’emplacement, il y a danses publiques à l’occasion des Courses de Lamballe, pour ainsi dire prédites en la « closerie des Genêts » qui précéda de plusieurs années, au Théâtre, leur première apparition sur les landes de la Poterie. Ces courses durent trois jours. On ne sait quelle fée s’en mêle, mais à en juger par les gaies merveilles de sa baguette, elle est d’une autre humeur que la Margot.

                       

Une pieuse légende rattache la fondation de Notre-Dame à la Vierge miraculeuse dont la statue, trouvée sur le rocher qui sert de base à l’ancienne collégiale, au milieu d’un buisson d’aubépines toujours en fleur, fut portée à l’église paroissiale. Comme elle revenait aussitôt à son buisson, elle manifestait ainsi assez clairement sa volonté de n’en être plus déplacée. On lui éleva donc une chapelle en ce lieu, mais les fées ne se mêlèrent que plus tard de Notre-Dame.

Société d’Emul. des Côtes-du-Nord, Légendes locales de la Haute-Bretagne, par Paul Sebillot. — Saint-Brieuc, F. Guyon, 1886.

Société d’Emul. des Côtes-du-Nord, Légendes locales de la Haute-Bretagne, par Paul Sebillot. — Saint-Brieuc, F. Guyon, 1886.

Lamare. — Histoire de Saint-Brieuc. — Société d’Emul. des Côtes-du-Nord. Saint-Brieuc, F. Guyon, 1884.

Saint-Brieuc, chef-lieu du département des Côtes-du-Nord (19,948 habitants). — Comme curiosités briochines, en outre de la Fontaine Notre-Dame, signalons la Cathédrale (Monument historique), l’hôtel de Rohan, d’anciennes maisons (XVIe siècle) avec sculptures en bois, rue Saint-Jacques, le vieux quartier Fardel, et aux environs, en Langueux, la Colonie de Saint-Ilan, fondée en 1843. — Saint-Brieuc est à 27 kilomètres du Val-André.

C’est à l’obligeance de M. Marie Eveillard, le distingué entrepreneur de travaux publics lamballais, que nous devons ces détails inédits.

Ces fortifications « échauguettes et parapets » datent de Charles de Blois (A Vol d’Oiseau).

Les arcades en ogives du chœur, aux colonnettes multiples, sont toutes dissemblables ainsi que les galeries du triforium, simples à droite, doubles à gauche. — Plusieurs des statues de Notre-Dame proviennent de Saint-Aubin : de ce nombre est celle de la Foi, une foi tout à fait robuste, au bas de l’église (vers la ville). La pyxide qu’elle tenait et qu’elle ne tient plus lui donne une attitude inexplicable.

La nouvelle sacristie accolée à l’église, au nord, du côté du souterrain, remplace très heureusement une affreuse verrue. Cette sacristie a été bâtie sur les plans de M. Ballu.

Lamballe n’a pas que ses courses. Il y a aussi son pardon. Le 11 juillet de chaque année se célèbre, à St-Jean, la fête de saint Amateur. Saint Amateur ? … c’est du moins ce nom sous lequel on invoque le saint dont le martyr ne fait aucun doute. Ses reliques furent obtenues de Clément XIII, en 1761, par le R. P. Aimé (Bascher de la Villéon), né à Bréhand entre Lamballe et Moncontour, général des Capucins, et le premier religieux français de l’Ordre, promu à cette dignité.

La Poterie, qui tire son mon des potiers dont se compose presque exclusivement sa population, est une commune de 720 habitants (à 3 kilom. de Lamballe). Entre Lamballe et la Poterie : le château de la Moglais. On a dansé dans son avenue, après les courses, mais on a fini par revenir danser sur les Promenades. Ce fut dans ce château que fut écarté Lasne, le futur gardien de Louis XVII, au Temple, mais il faut dire que si le marquis de la Moussaye, le châtelain, alors lieutenant aux Gardes françaises, avait appelé vers lui son sergent, il avait compté sans la marquise, trop au fait des galanteries proverbiales de ces militaires laisser pénétrer le loup dans sa bergerie. N’ayant rien de mieux à faire, le sous-officier utilisa son séjour à Lamballe où son lieutenant le logea, en cultivant la peinture et en apprenant aux vulgaires barbouilleurs de la localité que l’huile d’olive est l’huile des salades et des sauces, non du pinceau. (V. M. de Beauchesne, — Louis XVII, tome II, p. 292. – Plon, Paris 1868). — La pension de Lasne, à Lamballe, lui revenait, logement compris, à 12 sous par jour. (Un Trou pas cher).

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:23

CHAPITRE IX

Droits et Fondations, à Lamballe, des maisons de la Motte-Vaucler et Tournemine de la Hunaudaye

L’une des premières fondations pieuses de Lamballe, que nous allons voir s’enrichir d’une donation d’Olivier du Vaucler, Saint-Martin, remonte au XIe siècle. En 1083, Geoffroy de Penthièvre gratifia le grand monastère de St-Marlin de Tours de Saint-Martin de Lamballe avec son territoire, comprenant le faubourg de ce nom, des jardins et une partie de la vieille ville ; il ajouta au « terrouër » des droits de pêcheries et de moulin sur le Gouëssant. Un des vitraux (modernes) de l’église rappelle la fondation du comte Geoffroy. Plusieurs de ses statues sont attribuées à Corlay (de Châtelaudren). Le style de la nef de l’église de Saint-Martin se rapporterait bien, comme nous l’avons dit « A Vol d’oiseau », au XIe siècle, date clé sa fondation. La charpente du porche fut refaite au XVIe siècle (une inscription le constate).

Ce fut en 1378 qu’Olivier II du Vaucler, chevalier, donna au « moustier et église de Saint-Martin » le « terrouër de la Garde de Lamballe, ès quels champs et terres, la foire aux chevaux, vaches, pourceaulx et aultres bestes estre accoustumé estre, par chascun an, a la feste de saint Denys et le lendemain. Et comme la foire, des dictes bestes se poursuit sur les champs et terres joignant d’une part les murs et hébergement des dicts religieux et d’aultre part l’ève (eau) du russel (ruisseau) qui descend du moulin de Quincampoix (moulin de la ville) au moulin du Prieuré de Saint-Martin de Lamballe, plus quatre tonneaux de froment, rente de dixme, chascun tonnel contenant douze perrées de la mesure de Lamballe, pour fondation d’une messe ô notes (avec chants) en la chapelle du Chapitre et en la segrestennerie où sa mère est ensepulturée.

En 1317, le Pape Jean XXII avait consacré la conversion du monastère des Frères de la Pénitence, dits Sachets, en couvent d’Augustins, à la requête de Jean III de Bretagne.

Olivier de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye et sa femme, Isabeau de Machecoul, sont (1337) les fondateurs de la chapelle des Augustins « l’Ave Maria » dont une rue de Lamballe porte encore le nom.

En cédant à messire François-Louis-Xavier Visdelou, chevalier seigneur de Bienassis, comte de la Villethéart les « traits et cours de dixme qui dépendaient de la seigneurie du Vaucler en la Bouillie », le baron de la Hunaudaye met à sa charge une rente annuelle de 48 perrées de froment due aux R. P. Augustins de Lamballe, « sans que, sous ce prétexte, ledit seigneur acquéreur puisse prétendre aucun droit honorifique soit de chapelles, prières, services et messes dans l’église et couvent desdits religieux, tous lesquels mon dit seigneur de Rieux se réserve pour lui et les siens comme étant de fondation de ses ancestres, etc. » (Même projet de contrat que celui cité aux Chapitres IV, V et VII).

Sur l’emplacement de ce qui fut le couvent de ces moines dispersés à la Révolution, à l’endroit occupé naguère par les ruines du monastère et de sa chapelle qui, à la suite de miracles opérés, eut ses fervents, s’élèvent le Tribunal de paix, l’Ecole communale primaire et la Poissonnerie.

Parmi les souvenirs que nous ont laissés les Augustins, il en est un qui se rattache à la fondation, à Lamballe (1661), de l’Ordre religieux hospitalier de Saint Thomas de Villeneuve. L’inspirateur et le premier directeur des dames fondatrices fut le R. P. Ange Le Proust, supérieur de ces moines réputés pour leur bienfaisance.

Archives départementales. — Registre des Augustins.

Le Père Ange eut pour contemporain le savant auteur des « Origines Armoricaines », l’abbé Gallet, né à Lamballe en 1647, mort en 1726. — Ses notes sont employées par Dom Morice (Hist., ecclés., tome I, in fine).

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:23

 

CHAPITRE X

I

Lamballe sous la Ligue
Raisons de voisinage, fatales aux Royaliste, de la Hunaudaye et du Vaucler

Lorsque survint la Ligue, Lamballe dont les fortifications avaient été plusieurs fois démolies puis rebâties depuis quatre siècles qu’elles existaient, était encore une forteresse redoutable dont il ne reste d’autres traces que celles de Notre-Dame, objet d’une récente et intelligente restauration. Sous Richelieu, on acheva de raser à peu près tout ce qui subsistait du château et des remparts. Ne fut épargné que ce qui faisait corps avec l’église.

Il ne faudrait pas croire, par exemple, que l’épaisse maçonnerie appuyant le rocher « du côté du précipice », comme on le disait déjà au XVe siècle, soit une restauration des remparts de la vieille forteresse. Malgré l’air batailleur qu’elle se donne, cette muraille entièrement neuve (1874-1885) n’a aucune alliance avec le passé guerrier. Elle a le tort d’avoir confisqué le pittoresque au profit de la solidité. A pic sur le roc que des carrières trop longtemps exploitées avaient imprudemment miné, Notre-Dame avait auparavant une hardiesse de citadelle que l’architecte moderne lui a fait perdre.

Au siège de Lamballe (1591), le célèbre La Nouë, Bras-de-Fer, qui était à l’armée du prince de Dombes, avait émis l’avis d’en suspendre les opérations, l’artillerie des partisans du Roi étant par lui jugée insuffisante. Telle ne fut pas l’opinion des sires de la Hunaudaye et du Vaucler, intéressés à ne pas voir ainsi s’éloigner leurs alliés : « Messire de la Hunaudaye pressoit tort qu’on assiégeât, son chasteau n’estant qu’a deux lieuës de Lamballe, et le marquis d’Asserac faisoit le semblable, du quel le sien estoit aussy à deux lieuës lieues ». Leur funeste avis prévalut.

Bras-de-Fer (c’était le surnom que valait à ce grand capitaine le bras mécanique remplaçant celui qu'il avait perdu en guerroyant), ce « brave homme », disait Henri IV, qui « à lui seul valait une armée », aurait été atteint, suivant la tradition, près de la porte de Bario, en inspectant lui-même, du haut d’une échelle, la brèche que ses canons venaient de pratiquer. Quinze jours après, il expirait à Moncontour où il s’était fait transporter, et tout huguenot qu’il était, il édifia par sa foi profonde les catholiques aussi bien que les protestants. Son médecin se serait obstinément refusé à laisser pratiquer l’opération du trépan : cet entêtement aurait empêché de le sauver.

Lamballe ne pouvait qu’appartenir à la Ligue, le duc de Mercœur (Philippe-Emmanuel de Lorraine) qui en était l’âme ayant épousé Marie de Luxembourg, duchesse d'Estampes et de Penthièvre, née à Lamballe en 1562. Cette princesse descendait de Charles de Blois et de Jeanne Bretagne. La fille unique de Mercœur et de Marie (Françoise), épousa, la Ligue finie, César, duc de Vendôme, fils légitimé de Henri IV.

En outre du célèbre Bras-de-Fer que le Roi avait pleuré, les Royalistes perdirent, en 1592, le sire de la Hunaudaye, René de Tournemine, lieutenant-général de Bretagne, dont la mort précéda de peu de temps celle du baron du Guémadeuc, du même parti, à la suite d’une blessure reçue en 1591 au siège de Loudéac.


II

Le Guémadeuc et Bienassis sous la Ligue

En 1590, les Ligueurs, commandés par le marquis de Chaussin, venaient assiéger le Guémadeuc. Ils ne purent le prendre qu’au bout de quelques heures, bien qu’ils fussent au nombre de six cents et qu’ils eussent deux pièces de canon.

Aussitôt après, ils arrivaient devant Bienassis qu’ils occupèrent aisément et pillèrent. En partie détruit, ce château ne tarda pas à être rebâti, tel qu’il est, par Hyacinthe Visdelou. Il appartient, par conséquent, au XVIIe siècle.

Le 15 mai 1592, le capitaine Quensal, venu du Guémadeuc au secours de Saint-Brieuc menacé parla Ligue, reçut « un pot d’hypocras, 8 de Gascogne , des confitures, quelques pains et des viandes ».

A partir de ce moment-, nous perdons de vue le Guémadeuc et ses renforts, aux temps si troublés de celte guerre civile.

III

Planguenoual sous la Ligue.

En 1597, l’église de Planguenoual fut incendiée, le lendemain de Noël « par les soldats du régiment du sire de Vauvrix, cantonnés à St-Brieuc, Quessoy et Hillion et qui se livraient à toutes sortes de déprédations, maraudant constamment dans les communes d’alentour. Le feu prit à onze heures, et l’on avait entendu auparavant, autour du cimetière, un grand piétinement de chevaux. Le chœur, les lambris, les charpentes, ainsi que les vases sacrés et ornements de l'église, tout fut consumé en moins de trois heures, l’incendie avant été nourri par un vent violent. Le clocher s’écroula avec un fracas épouvantable. Personne ne put entrer dans l’église pour y porter secours, tant la fumée y était intense ».

Cet édifice qui fut alors rebâti est resté à l’état pour ainsi dire provisoire. Sa fondation était fort ancienne : dés 1116, elle figure, avec l’église de Bréhand qui jusque-là avait eu pour recteurs héréditaires de simples laïques, parmi les donations faites par Jean, évêque de Saint-Brieuc, aux Moines de Saint-Melaine.

Mémoires de Jean du Matz.

La porte de Bario, dont une partie avait été entamée en 1844, a définitivement disparu eu 1848. Une autre porte, celle de Saint-Martin par laquelle on passait, en quittant Lamballe avant de prendre la route de Dahouët, existait encore, il y a peu d'années, les derniers vestiges des anciennes fortifications, la tour aux Chouës (chouettes), que l’on apercevait de cette route, à trente ou quarante pas de la porte Saint-Martin, viennent également d’être abattus.

L’un des héritiers de ce grand nom, le vicomte de la Nouë, député des Côtes-du-Nord, habite les Aubiers, ce joli château moderne, aux élégantes tourelles que l'on aperçoit du chemin de fer, à la hauteur d’Yffiniac, vers la mer, en Hillion.

L'ex-comté du Penthièvre , érigé en duché, fut vendu par son petit-fils à la princesse de Conti, puis revendu (1696) à Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse. Le duc de Penthièvre le transmit à sa fille unique, mariée au duc de Chartres, fils du duc d’Orléans. Le nouveau château de Lamballe (l’ancien collège, aujourd'hui l’école primaire supérieure) appartenait encore, sous Louis-Philippe, aux princes de cette maison ; le Roi fit don à la ville d’une dépendance du château, naguère affectée aux sourds-muets, aujourd'hui enclavée dans la propriété de M. de Launay.

Lamare, — Histoire de Saint-Brieuc, Société d’Emulation. — Saint-Brieuc. F. Guyon.

Pendant que les Ligueurs pillaient nos châteaux de Pléneuf, le Guémadeuc et Bienassis, les Royalistes rançonnaient Hillion. Par dévouement pour ses ouailles auxquelles la garnison de Moncontour venait d’imposer des contributions exorbitantes, leur recteur, messire Le Noir de la Villepierre, offrit ses propres biens en garantie, et comme il ne put tout payer immédiatement, il fut emmené « prisonnier » en cette ville où il resta en otage jusqu’à versement de la somme exigée. (Dossier de la Villepierre).

Le Maout. — Annales Armoricaines, p. 123 et 124. — Saint-Brieuc, Guyon, frères et Le Maout.

Ruffelet. — Annales.

Le Prieuré de Saint-Melaine de Lamballe fut lui-même donné, en 1123, par le comte Etienne de Penthièvre, à l’abbaye de Saint-Melaine de Rennes.

 

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