DOYENNE DE PLŒUC
Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895.
En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.
Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.
LA HARMOYE
Il y a eu plusieurs prêtres assermentés et non assermentés à exercer publiquement leur ministère à La Harmoye pendant la période révolutionnaire. On pourrait dire que l'administration publique des sacrements n'y a pas été interrompue. Il y a eu quelques intervalles, mais qui ne sont pas aussi longs que dans les autres paroisses.
La Harmoye, trève du Bodéo, était administrée par un curé sous la direction du recteur du Bodéo. Le prêtre qui la gouvernait en 1790 s'appelait M. Jouan ; il avait pour aide ou pour vicaire un H. Gallerne qui était probablement un prêtre habitué de La Harmoye. M. Jouan prêta serment et devint recteur intrus du Bodéo ; du moins il dut en avoir ou en prendre l'administration, car il n'ajouta pas le titre de recteur à- son nom et continua de signer curé du Bodéo et de La Harmoye. Vers le mois de septembre 1793, Jouan eut pour vicaire un certain M. Bellœil, sans doute prêtre jureur comme lui, qui fit une grande partie du ministère de La Harmoye pendant la fin de 1792 et le commencement de 93. Il semblait partager le ministère avec M. Gallerne, ce qui fait croire que ce dernier avait aussi prêté serment.
On ne sait d'où venait ce M. Bellœil. Toujours est-il que ces trois MM. Jouan, Gallerne et Bellœil ont fait le ministère de la paroisse du Bodéo et de la trêve de La Harmoye, les deux premiers depuis la fin de l'année 1791 et le dernier depuis la fin de l'année 1792 jusqu'au commencement de l'année 1793. (Ajoutons que deux ou trois actes ont été faits par un M. Tanguy en 1791). Ils reconnaissaient la juridiction de l'évêque intrus Jacob, puisqu'ils ont sollicité de lui une dispense de bans pour un mariage célébré le 29 septembre 1792.
Dès les premiers mois de 93 ces prêtres assermentés disparaissent et les registres deviennent complètement civils jusqu'en 1795, époque à laquelle apparaît un M. Riou qui baptise solennellement et signe curé le 12 juin. Le 13 du même mois, il célèbre la sainte messe et bénit le mariage de Gilles Pasquio et d'Anne Lucas, qui témoignent le regret d'avoir attenté de s'épouser devant le nommé Bellœil, curé constitutionnel de la paroisse du Bodéo. Cet acte serait une preuve que ce M. Riou n'était point un prêtre assermenté. Après la chute de Robespierre, il y eut comme une sorte d'apaisement et plusieurs prêtres durent en profiter pour s'installer plus ou moins ouvertement dans les paroisses abandonnées d'où ils ne furent plus chassés.
Au mois de juin 1795, M. Riou fait une série de baptêmes d'enfants nés en 94 et 95. En 96, il baptise solennellement, fait des publications de bans, bénit des mariages et enfin administre tous les sacrements. Le 29 août 1797, M. J. Le Clézio, recteur du Bodéo, fait solennellement le baptême de Gérard Thierry de Kergus et signe avec M. Riou. Et, bien que les actes ne le disent pas, il est cependant très probable que les cérémonies se faisaient à l'église. On voit que La Harmoye jouissait d'une certaine liberté pour l'exercice du culte.
Il est certain que ces prêtres ne reconnaissaient point l'autorité de l’évêque intrus, car le 3 juillet 1798 une dispense de consanguinité est accordée par M. Le Jacques, subdélégué apostolique qui résidait, m'a-t-on dit, à Corlay.
De 1798 à 1800 on ne trouve point d'actes de baptêmes. Peut-être ont-ils été faits par d'autres prêtres ou sur des registres particuliers qui auraient été perdus.
En 1801, M. Gallerne reparaît sur la scène, ce qui donnerait à penser qu'il n'avait pas prêté le serment civil ou plutôt qu'il l'avait rétracté. M. Riou disparait la même année vers la fin de septembre. Toujours est-il qu'il ne signe point l'acte de décès de M. Jean-Marie Boscher, prêtre, enterré le 16 décembre 1801 à La Harmoye. Jusqu'en 1803 exclusivement, M. Le Clézio, recteur du Bodéo, fait du ministère à La Harmoye. Au rétablissement du culte, M. Gallerne devient curé d'office, puis desservant de cette paroisse jusqu'au 11 décembre 1808. il avait pour vicaire un M. René Fraboulet.
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