DOYENNE DE PLŒUC
Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895.
En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.
Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.
LE BODÉO
La paroisse du Bodéo qui avait pour trêve La Harmoye, faisait partie du diocèse de Quimper avant la Révolution.
M. Le Clézio fut nommé recteur de cette paroisse au commencement de Tannée 1789 ; il succédait à M. Le Goff qui n'avait exercé le ministère qu'un an dans cette paroisse et était mort à 45 ans, le 20 décembre 1788. L'abbé Le Clézio administra la paroisse du Bodéo jusqu'au mois d'octobre 1791. N'ayant point prêté serment, il fut obligé de quitter son poste. 11 n'émigra point ; il resta caché dans le pays et continua d'administrer les sacrements, surtout dans la trêve de La Harmoye. En 1802, il signe encore sur les registres de La Harmoye comme recteur du Bodéo. Je ne sais quel poste il occupa après la Révolution.
M. Le Covec, prêtre natif du Bodéo, était curé de cette paroisse en 1790. Son nom paraît sur les registres dès 1758, et il signe tantôt prêtre, tantôt curé. Il refusa de prêter serment et ne voulut point reconnaître l'autorité de Jouan, curé intrus ; aussi dut-il se cacher comme tous les prêtres insermentés. Il continua d'administrer les sacrements dans la paroisse, il eut même soin de consigner une partie de ses actes de baptême sur un petit cahier que l'on conserve encore aujourd'hui. Il se cachait, dit-on, au Quélineuc et y disait la messe quelquefois, mais plus souvent à la Vellejean, près du Barrage. Au rétablissement du culte, il fut encore vicaire du Bodéo où il mourut le 21 mars 1806, à l'âge de 79 ans. D'autres prêtres ont aussi exercé le ministère au Bodéo pendant la tourmente révolutionnaire : car on trouve deux actes de baptême faits en 1795, l'un à Gargarideuc le 13 juin, l'autre à Leffo dans La Harmoye, le 16 juin, par un M. Briend, prêtre. Un M. Le Bihan, prêtre, a fait en 1795 le baptême d'un enfant né à Lingourguy en 1794.
Les bons prêtres du Bodéo furent remplacés par deux intrus, Jouan et Bellœil, qui faisaient en même temps le ministère de La Harmoye, Jouan n'était d'ailleurs que le curé de la trêve de La Harmoye ; il prêta serment et pour sa récompense, il fut nommé recteur du Bodéo. Tant qu'à M. Bellœil on ne connaît pas son origine et on ne dit point quel poste il avait occupé auparavant. Ils n'exercèrent pas longtemps leur ministère au Bodéo ; car à partir de la fin de l'année 1792, les registres deviennent complètement civils, jusqu'en 1803. A cette époque c'était un Corentin Jouan qui était maire.
On dit que les prêtres intrus furent chassés par les familles Le Helloco et Andrieux qui comptaient dans leurs
membres plusieurs chouans décidés, véritables défenseurs de l'ordre et de la religion. Ces hommes firent même ouvrir les portes de l'église du Bodéo en 1795, et M. Le Covec y baptisa à celle époque solennellement ; comme on peut le constater par les registres.
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