APPENDICE
Excursions au Cap Fréhel, à Saint-Cast, au Guildo et à Saint-Jacut
I. — Le Phare de Fréhel (1re classe), d’une hauteur de 79 mètres, a jusqu’à 25 milles de portée. Vue splendide vers Saint-Malo et les côtes Normandes, les îles Chausey et la baie de Saint-Brieuc. Si vous avez lu, parmi les œuvres charmantes de M. Paul Sebillot, les « Contes des Paysans et des Pêcheurs », vous connaissez déjà les « Houles » et leurs légendes. Les cavernes de Crémus et la Teignouse, avec les chambres des Fées qui les habitèrent ont grand renom entre toutes ces Houles.
II. — Le Fort de la Latte, jadis Roche Goyon, forteresse aujourd’hui déclassée, séparé de la terre par un précipice, et bravant les flots avec ses murailles à pic sur un roc escarpé. Donjon et tours. Une statuette de saint Hubert que l’on y montre aurait la vertu d’attirer les chiens enragés et de rendre inutile, en les tuant instantanément, la découverte de M. Pasteur.
III. — La baie de la Fresnaye et Port-à-la-Duc, à l’embouchure du Frémur.
IV. — Saint-Cast et sa colonne (élevée en 1858) en souvenir du combat du 11 septembre 1758. Dans ce combat où les volontaires bretons se signalèrent, les troupes des garnisons voisines infligèrent des pertes sérieuses aux Anglais qui avaient débarqué sur ces côtes, espérant nous surprendre.
V. — Enfin, à l’embouchure de l’Arguenon, le château du Guildo, dont les mines donnent l’idée d’un trapèze présentant au centre de sa façade les restes de deux tours cylindriques. C’est en ce château que fut arrêté par ordre de son frère, le duc François Ier, le malheureux Gilles de Bretagne (1446), qui, malgré les supplications de Pierre de Penthièvre et de sa vertueuse belle-sœur, Françoise d’Amboise, fut condamné à mourir de faim au château de la Hardouinaye où il fut ensuite enfermé. On l’étrangla, pour en finir plus vite, sa vie s’étant prolongée pour ainsi dire miraculeusement.
Les Tables chronologiques, publiées par Dom Morice, à la suite de son Livre II, nous fournissent la raison de la brouille entre Gilles de Bretagne et ses frères. Mécontent des partages, il entretint avec les Anglais des relations qui le firent accuser de trahir son pays.
— Fondée au Ve siècle par Jacut, fils de Fragan et frère de Guénolé et de Guéthenoc, qui sont eux-mêmes des saints, l’abbaye de Saint-Jacut était voisine du Guildo. Elle avait été sous la Reine Claude (fille d’Anne et de Louis XII) l’objet d’une réclamation au Saint-Siège, le Pape lui ayant donné pour abbé le cardinal de Sainte-Marie in porticu, Claude fit valoir à Rome les droits des candidats bretons méconnus et le Saint-Père en tint compte en nommant Jean des Cognets à la place du cardinal (1516).
En 1646, l’un des successeurs de l’abbé Jean obtient du Parlement qui s’était opposé à l’introduction à Saint-Jacut des Bénédictins anglais, l’autorisation de leur substituer des Bénédictins de Saint-Maur.
La descente des anglais, sur les côtes de Saint-Cast, au siècle suivant, a prouvé qu’il était sage d’écarter de nos frontières maritimes des moines étrangers, alliés naturels de nos redoutables voisins.