CHAPITRE IX
Droits et Fondations, à Lamballe, des maisons de la Motte-Vaucler et Tournemine de la Hunaudaye
L’une des premières fondations pieuses de Lamballe, que nous allons voir s’enrichir d’une donation d’Olivier du Vaucler, Saint-Martin, remonte au XIe siècle. En 1083, Geoffroy de Penthièvre gratifia le grand monastère de St-Marlin de Tours de Saint-Martin de Lamballe avec son territoire, comprenant le faubourg de ce nom, des jardins et une partie de la vieille ville ; il ajouta au « terrouër » des droits de pêcheries et de moulin sur le Gouëssant. Un des vitraux (modernes) de l’église rappelle la fondation du comte Geoffroy. Plusieurs de ses statues sont attribuées à Corlay (de Châtelaudren). Le style de la nef de l’église de Saint-Martin se rapporterait bien, comme nous l’avons dit « A Vol d’oiseau », au XIe siècle, date clé sa fondation. La charpente du porche fut refaite au XVIe siècle (une inscription le constate).
Ce fut en 1378 qu’Olivier II du Vaucler, chevalier, donna au « moustier et église de Saint-Martin » le « terrouër de la Garde de Lamballe, ès quels champs et terres, la foire aux chevaux, vaches, pourceaulx et aultres bestes estre accoustumé estre, par chascun an, a la feste de saint Denys et le lendemain. Et comme la foire, des dictes bestes se poursuit sur les champs et terres joignant d’une part les murs et hébergement des dicts religieux et d’aultre part l’ève (eau) du russel (ruisseau) qui descend du moulin de Quincampoix (moulin de la ville) au moulin du Prieuré de Saint-Martin de Lamballe, plus quatre tonneaux de froment, rente de dixme, chascun tonnel contenant douze perrées de la mesure de Lamballe, pour fondation d’une messe ô notes (avec chants) en la chapelle du Chapitre et en la segrestennerie où sa mère est ensepulturée.
En 1317, le Pape Jean XXII avait consacré la conversion du monastère des Frères de la Pénitence, dits Sachets, en couvent d’Augustins, à la requête de Jean III de Bretagne.
Olivier de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye et sa femme, Isabeau de Machecoul, sont (1337) les fondateurs de la chapelle des Augustins « l’Ave Maria » dont une rue de Lamballe porte encore le nom.
En cédant à messire François-Louis-Xavier Visdelou, chevalier seigneur de Bienassis, comte de la Villethéart les « traits et cours de dixme qui dépendaient de la seigneurie du Vaucler en la Bouillie », le baron de la Hunaudaye met à sa charge une rente annuelle de 48 perrées de froment due aux R. P. Augustins de Lamballe, « sans que, sous ce prétexte, ledit seigneur acquéreur puisse prétendre aucun droit honorifique soit de chapelles, prières, services et messes dans l’église et couvent desdits religieux, tous lesquels mon dit seigneur de Rieux se réserve pour lui et les siens comme étant de fondation de ses ancestres, etc. » (Même projet de contrat que celui cité aux Chapitres IV, V et VII).
Sur l’emplacement de ce qui fut le couvent de ces moines dispersés à la Révolution, à l’endroit occupé naguère par les ruines du monastère et de sa chapelle qui, à la suite de miracles opérés, eut ses fervents, s’élèvent le Tribunal de paix, l’Ecole communale primaire et la Poissonnerie.
Parmi les souvenirs que nous ont laissés les Augustins, il en est un qui se rattache à la fondation, à Lamballe (1661), de l’Ordre religieux hospitalier de Saint Thomas de Villeneuve. L’inspirateur et le premier directeur des dames fondatrices fut le R. P. Ange Le Proust, supérieur de ces moines réputés pour leur bienfaisance.