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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:15

FIEF PRINCIPAL ET SES PARAGES

Château et Châtelains, Bannerets et Barons

Ecrire cette histoire, c’est aborder l’épilogue féodal d’une antique et princière maison ; de ses quatre baronnies : Ancenis, Derval, Malestroit et la Hunaudaye, celle-ci seule restait, en 1781, au comte de Rieux. Encore en était-il réduit à la morceler afin de mieux la vendre, car il n’était plus à même de pouvoir la garder.

C’est par le château rebâti par Pierre de Tournemine (1378) que nous commencerons, et ses ruines sont encore imposantes puisqu’elles ne couvrent pas moins d’un hectare. Nous visiterons ensuite la forêt, Saint-Aubin-des-Bois qui fut une abbaye, le Saint-Esprit qui, comme Saint-Aubin, n’est plus qu’une ferme. Nous n’oublierons pas le Vaumadeuc, au bord de la forêt, en Pléven et tout près du bourg. En Plédéliac se trouvent les ruines du château et l’ex-prieuré du Saint-Esprit des Bois.

L’érection de la Bannière de la Hunaudaye en Baronnie complétera ce premier classement de notre visite aux ruines, à la forêt et à tout ce qui peut présenter quelque intérêt, aux alentours, sera notre première étape.


CHAPITRE Ier

Le Château de la Hunaudaye

A la fin du siècle dernier, la vieille forteresse féodale mesurait encore la hauteur de ses épaisses murailles avec les chênes séculaire de la forêt. Elle inspirait le respect dû à la majesté de l’âge, après avoir fait régner la terreur. C’est qu’il avait fière apparence, ce château, avec ses ponts-levis, ses tours et ses remparts qui, la Révolution survenue, en faisant pour la sécurité publique un danger permanent. Le laisser subsister eût été, en effet, conserver à l’insurrection une formidable retraite. En octobre 1793, le district de Lamballe prit à son sujet des mesures radicales et urgentes : on le brûla. On mit le feu au château à l’aide de ses vieilles tapisseries.

En 1785, la Hunaudaye était encore habitée à M. Minet de la Villepaye, avocat au Parlement de Rennes, conseiller intime et gérant général du comte de Rieux. C’était un savant éclairé, tout en étant homme de loi.

Voici écrite de la main du dernier habitant du château, la description de ce qu’il était avant de devenir la prie des flammes.

« La Hunaudaye est un château composé de cinq tours grosses et moyennes qui forment un pentagone avec des bâtiments appliqués aux gros murs par le dedans de la cour. Il est situé aux confins du diocèse de Saint-Brieuc, du côté du levant, de la paroisse de Plédéliac, à sept lieues de Saint-Brieuc, trois petites de Lamballe, deux de Plancoët, une et demie de Jugon, et cinq de Dinan.

« Ce château n’est que d’une moyenne antiquité, puisqu’il est prouvé qu’il n’existait point encore en 1214. Il paraît avoir été commencé incontinent après cette époque, mais tout prouve qu’il ne fut pas l’ouvrage d’un seul siècle. En voici l’origine :

« M. de Sainte-Foix, historiographe de l’ordre du Saint-Esprit, a la preuve que Roland de Rieux, qui vivait en 1140, avait épousé Adelie de Penthièvre, princesse d’une singulière beauté, et dont il eut postérité. (Mémoire imprimé pour le comte de rieux contre la maison de Rohan).

« Il est très certain que Tournemine, père de l’ayeul d’Olivier, passa d’Angleterre en Armorique avec une suite digne d’un grand personnage. (Je l’ai communiqué à dom Morice qui l’a employé dans ses preuves).

« L’endroit où est situé le château de la Hunaudaye était alors place nue, un marécage. Je ne devinerais pas quelle a pu être l’origine de son nom (car son fondateur n’avait point nom Hunaud ni aucun de ses descendants), si je ne voyais qu’un hameau qui n’en est qu’à une bonne portée de fusil à balle, aujourd’hui nommé le village Saint-Jean, à cause d’une chapelle sous l’invocation du saint qui y subsiste d’ancienneté, ne s’appelait encore il n’y a pas deux cents ans, la Ville de la Hunaudaye.

« Il s’y tenait tous les ans plusieurs foires. Il y avait marché tous les lundis, auditoire et audience les mêmes jours. Il paraît que la chapelle était jadis succursale, et la grande quantité d’ossements qui se sont trouvés jusques sous ses murailles, en la réédifiant, en serait la preuve. Bref, selon les apparences, l’état où ce lieu était alors porta le nouveau seigneur à en donner le nom au château qu’il fit commencer.

« Ce château était redoutable avant l’usage du canon. Il l’était encore au temps de la Ligue, où il tenait pour le Roi, et où il eut toujours une compagnie de deux cents hommes à pied qui faisait tête à la garnison de Lamballe qui tenait pour le duc de Mercœur. Les détachements se cherchaient et se rencontraient journellement, ce qui faisait perdre beaucoup de sang, sans que cela aboutit à rien. Enfin ils en virent à se respecter et firent un traité en forme de trève, par lequel il fut dit que chacun garderait place sans se guerroyer : ce qui fut exécuté ».

L’ensemble des tours, dont une à chaque angle, affecte la forme pentagonale, ainsi que l’écrivait M. Minet. Chacune des tours avait son escalier de granit ; elles sont cylindriques et encore couronnées en partie de leurs machicoulis. Dans l’une (nord-est), chaque étage renferme sa cheminée (XVe siècle). Deux portes cintrées, du côté du midi : l’une servait aux chevaux, la plus large ; l’autre, aux piétons.

Les murs extrêmement épais (3 mètres au moins) sont percés de meurtrières ; les fenêtres, à larges embrasures, s’ouvrent en cintre à l’intérieur, en carré à l’extérieur, présentant au dehors, en cas prévu d’attaque, un point vulnérable aussi réduit que possible.

Les armoiries de la maison de Tournemine de la Hunaudaye « Ecartelé d’or et d’azur » surmontent la porte d’honneur et sont encore très visibles sur une des consoles des machicoulis de la façade est du château.

Dans un cachot, que l’on ne manquera pas de vous faire visiter, des essais de figures sur la pierre de la muraille sont des souvenirs de captivité laissés par la main d’un prisonnier, un moine de Saint-Aubin-des-Bois, prétend-on, coupable d’avoir mécontenté le châtelain de la Hunaudaye en lui reprochant sa conduite. Un seigneur du voisinage, pris de compassion, joua le moine et lui gagna la liberté.

En 1781, la Hunaudaye était considérée comme forteresse. Une lettre de M. Minet au comte de Rieux, en date du 17 décembre de cette même année, en donne pour preuve le devoir de « guet et de garde » qui subsiste toujours pour les vassaux de la baronnie.

« Pour ce qui est de la Hunaudaye, ce qui est dans les paroisses de Plédéliac et de Pléven ne saurait être vendu séparément du château sans déshonorer absolument cette réserve. Si vous en ôtez les rentes féodales, vous ne faites du château qu’une espèce de métayrie à qui il ne restera que du domaine. En perdant les fiefs, il perdra la seigneurie de deux paroisses, l’une dans laquelle il est, l’autre sur le bord de laquelle il est. Il y a même des rentes comme celles de guet et de garde qui ne conviennent qu’au château, à raison de ce qu’il est forteresse, où les habitants des deux paroisses étaient tenus de venir monter la garde ».

En 1505, le château de la Hunaudaye eut l’insigne honneur de recevoir la visite de la reine Anne, duchesse de Bretagne.

« Ce fust le jeudi d’après la feste de l’Apostre sainct Jacques, l’an de l’Incarnation mil cens cinq, le sire de la Hunaudaye estant a chevaucher par les environs, voilà qu’un escuyer richement accoustré, requist l’entrée du chasteau. Puis, le dict sire estant revenu au soir, présenta à lui de dict escuyer lettre fort bien scellée. Et la dicte lettre estoit de la très crestienne roine Anne, duchesse de Bretagne, et à lui disoit qu’icelle voulant visiter son très chier cousin, elle avoit voulu avertir lui en l’avance.

« Et le mardi en suivant, à l’heure des vespres, hommes d’armes estant au haut des tours, tout d’un coup fut veu par eux grande troupe venant vers le chasteau, et le sus dict escuyer ayant recogneu la Roine cheminant vénérablement o la dicte troupe en advertit en grande haste le sire de la Hunaudaye, et sitôt le dict seigneur assemblant ses gens, baisser fit le pont-levis, et s’estant rendu sur icelui, il attendit sa souveraine dame. Et la dicte dame montée sur une blanche haquenée, esloit accompagnée du sire de Rohan et de essaims de damoiselles convenablement estoffées. Et par après marchoient foule de gros seigneurs, varlets et gens d’armes vestus de hoquetons rouges.

« Et estant descendu sur le dict pont, le sire de la Hunaudaye taisant humble salutation : « Ma souveraine dame, vous plaist sçavoir que suis confus de l’honneur que vous me faictes, car j'à m'avez tant comblé que je vois avecq grand déplaisir de ne pouvoir acquitter ma debte ; vous suppliant humblement de croire que je vouloir toujours obéir à vous, à mon pouvoir, et suppliant le ciel de vous donner une vie longue, et ce pour le bonheur de la Bretaigne et du Roy Loys ».

« Et la Roine gracieusement respondit : « Mon cousin, say bien que vous estez ung dévoué et fidèle subjet ; aussi viens visiter vous qui avez toujours bataillé pour moi quand estois embesoignée ».

« Lors, la dicte Anne s’avançant avec le dict seigneur, sonnèrent hautement les trompettes, et sonna aussi l’horloge en manière de réjoissance : ainsi se rendit la Roine en son logis, et chascun l’admiroit à part soi, car estoit belle, estant dans sa vingt-neuvième année et pour lors espouse du bon Roi très chrétien Loys le douzième ».

La réception se termina par un festin dont le chef-d’œuvre fut un veau entier rôti, dressé sur ses jambes, apporté « en grande vénération par VIII escuyers ». Et la compagnie « en fust tout esjouie, un chascun voulant en avoir sa part ». (Journal d’Olivier de la Roche).

A M. le marquis de Talhouët.

Du Val-André à la Hunaudaye, 26 kilomètres. — Nous ne garantissons pas l’exactitude absolue des distances ; les vérifier dans l’Annuaire du Val-André.

Les abords de ce lieu si redoutable ont peut-être inspiré cette étymologie que nous n’affirmons pas : « Hue non audet » (Il n’ose venir jusqu’ici).

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