Pour adoucir les yeux, pour parer le visage,
Pour mettre sur le front, pour placer sur le sein,
Et, pourvu qu'une adroite main
Les sache bien mettre en usage,
On ne les met jamais en vain.
Si ma mouche est mise en pratique,
Tel galant qui vous fait la nique,
S'il n'est aujourd'hui pris, il le sera demain ;
Qu'il soit indifférent ou qu'il fasse le vain,
La Faiseuse de Mouches - Lettre à N. (vers 1661)
"Tache avantageuse", dans le langage précieux, la mouche, petite pièce de taffetas ou de velours noir que l'on se collait sur la peau pour en faire ressortir la blancheur et l'éclat, fut l'un des principaux accessoires de la beauté, de la mode et de la galanterie d'une partie des XVIIe et XVIIIe siècles. C'était, par cette exaltation des contrastes, l'accessoire baroque par excellence.
Les coquettes en usaient et en abusaient, on pouvait en porter plus de quinze. Elle n'était pas un accessoire exclusivement féminin ; les hommes en portaient aussi, en moins grand nombre toutefois. La mouche était un accessoire de mode, mais avant tout un instrument galant et de séduction. Son côté frivole était si clairement compris qu'un dame voulant paraître modeste ou sage en telle ou telle autre occasion n'en mettait pas. Il y avait tout un langage, un jeu subtile et une infinité de gradations basés sur le nombre, la forme et la taille des mouches.
Les formes étaient variées, mais principalement rondes, ou de forme allongées. On appelait ces dernières des assassins ; les emplâtres étaient très grosses mouches que l'on plaçait sur les tempes.
Les mouches étaient conservées dans de petites boites spécialement conçues à cet effet : les boites à mouches.
Les mouches portaient toutes également un nom, et donc une signification particulière, on fonction de l'endroit où on la posait.
Près de l'œil, elle se nomme assassine ou passionnée.
Au coin de la bouche, c'est la baiseuse.
Sous la lèvre, elle devient friponne ou coquette.
Sur le nez, effrontée ou gaillarde.
Sur le front, la majestueuse
Sur la joue, c'est la galante.
Sur une ride, dans le creux du sourire , elle est enjouée.
Sur la poitrine, c'est la généreuse.
Sur un bouton, la receleuse.
Ou bien sur le menton, ne serait-ce point la discrète ?