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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 05:00

Alors que l’histoire n'est qu’un perpétuel mouvement de générations lié au temps, les noms de lieux qui forment la substance de leur cadre de vie semblent figés depuis des siècles. Vouloir ainsi découvrir la signification de ceux-ci nous conduirait forcément à les situer dans leur véritable contexte historique, mais aussi à les analyser dans leur aire linguistique. Seule la synthèse de ces deux voies permet l’approche véritable de la réalité toponymique des noms de lieux. Voyons ce qu’il en est de Bringolo.

Tout d’abord il nous faudra remonter le temps avec l’aide fort précieuse des érudits de la question. Bien souvent les toponymes présentent de nombreuses variantes qui découlent tous d’une même source commune. Le professeur Joseph LOTH, dans son ouvrage Chrestomathie Bretonne, paru en 1892, mentionne les noms de villages Brengolo et Brangolo, bien attesté à Maure de Bretagne, en 1406 et 1410, dans les archives relatives à la paroisse. Francis GOURVIL, autre spécialiste de la question, signale quant à lui de nombreuses variantes en Basse Bretagne, ainsi un Brégoulou en Crozon, un Brengoulou à Saint-Vougay, un Bronolo à Mottreff, etc... Paul QUENTEL, dans une étude parue dans la revue celtique Ogam en octobre 1954, consacre une partie de son article à Bringolo, et lui retrouve de nombreux homonymes en Cornouailles Anglaise et Pays de Galles. Il cite ainsi dans le village de Saint-Mewan en Cornwal, la présence d’un petit mamelon fort peut élevé, qui porte le nom de Burngullow. Cette colline se nommait Brongolou en 1296, puis Brouwolou vers 1311. Il est d’ailleurs remarquable de voir la correspondance de bien des noms de lieux des deux cotés de la Manche. Sous la forme de Clgyroq et Ysgeifiog, un bretonnant averti reconnaîtra sans peine Cléguérec et Squiffiec.

Maintenant levons les voiles et si le vent nous est favorable, une journée à peine de traversée et nous voici en Grande Bretagne sur les traces de nos ancêtres les Brittons. Les Bretons portaient également un autre nom : Litauii, puis Letaouii ; le nom du Pays était Litau, puis Letau en vieux breton. Chose curieuse, ce nom a été conservé en Gallois, Llydaw, et perdu en breton. Mais les Gallois ont eux-mêmes perdu leur nom véritable de Brython. Ce terme s’effaça peu à peu entre le VIème et le Xème siècle, pour être remplacé par Cymro, pluriel de Cymry, et qui signifie compatriote. L’unité des Brythons est effective sur l’île depuis le VIème siècle avant Jésus-Christ. Ce point est essentiel pour comprendre la réalité historique par plus de mille années de vie commune. Autant de siècles de commerce, de guerres internes, mais aussi des alliances face aux nombreux assaillants qu’étaient les Scots, les Pictes, puis les Romains. Maître de la Gaule après la prise d’Alésia en 52 avant J-C, Jules César tentera par deux fois de s’emparer de l’Île de Bretagne. La résistance des Bretons de Kassvenaulos est féroce, à tel point que c’est avec grand peine que César arrive à maintenir deux faibles garnisons sur les rives de la Tamise. Finalement il faudra encore un siècle aux Romains pour venir à bout des Celtes de l’île de Bretagne. La paix Romaine s’appuie avant tout sur les villes, l’administration et l’intégration de la hiérarchie autochtone ainsi récupérée pour faire fonctionner ses propres rouages. Tout ceci a peu d’influence sur le peuple qui d’un coté profite des légions romaines tout en contribuant pour une large part à renforcer leurs effectifs, mais garde sa langue  ses traditions etc…

Bien après la chute de l’empire romain, les Brythons conservent toujours leur cohésion, mais doivent faire face aux attaques sans cesse renouvelées des Saxons et des Angles. La guerre et ses méfaits mettront toute l’île à feu et à sang pour bien longtemps. Pourtant cette période trouble est marquée par le sceau d’un grand chef qui ayant pris la tête de la résistance écrase les Saxons à la bataille du Mont Badon, et ce à la fin du Xème siècle. Les Bretons vont ainsi goûter à 44 années de paix extérieure, suivant les propos de Gildas, contemporain à l’époque qui le rapporte dans son De Excidio Britannia. Ambrosius Aurelianus Riothamos, tel est le nom de ce valeureux combattant. Les historiens le considèrent comme étant à l’origine du roi Arthur tant il a marqué son époque. Mais les temps changent et les Saxons reviennent à la charge vers les années 540-550. Coup sur coup les Brythons ou Bretons accumulent une série de désastres, pour finalement perdre les plaines de la Sévern. Leur territoire est coupé par la moitié, ce qui oblige dans les régions de Gwent et de Powys, pour plus tard former le Pays de Galles, tandis que les autres refluent vers le sud tout en opposant une résistance acharnée. C’est ainsi qu’une partie d’entre eux devra traverser la mer, pour venir s’installer en Petite Bretagne.

Tous ces reculs, parsemés de succès éphémères, de ruines et de deuils, nous ont été gardés par des bardes dont les plus connus sont Taliésin, Aneirin, Llwarch henou encore Myrddin. Des royaumes anciens de Strathclyde, Bernicia, Deira, le voyage aura duré plus de dix siècles pour les Celtes. Dans Récits et poèmes celtiques domaine britonique, aux éditions Stock Plus, les professeurs Léon FLEURIOT, Jean-Claude LOZACHMEUR et Louis PRAT, indiquent : jusqu’au Xème siècle les langues étaient peu différentes et l’intercompréhension était possible entre gallois et breton. Elle le fut plus tard encore, jusqu’au XIIème siècle au moins, entre cornique et Breton.

Nous soulignons ce fait pour montrer combien il est difficile et vain de déterminer si tel récit vient de Galles ou de petite Bretagne. Désormais le monde celtique se divise en deux branches, l’une gaélique plus au Nord qui regroupe l’Irlande, l’Écosse et l’Ile de Man, et l’autre plus au sud dont nous venons de voir l’évolution sur un plan général.

Dans ce contexte, les noms de lieux restent le sceau indélébile, pour ne pas dire figé, d’une histoire qui ne peut être qu’un mouvement permanent de faits vécus tous les jours par une succession de générations, dont le destin global échappe à la compréhension de chacun, qui n’a pas forcément besoin d’avoir cette vue d’ensemble pour vivre quotidiennement.

Dans le nom de lieu Bringolo, le premier terme "Brin", se prononce "Brine"en breton et non "brin" comme dans le français "brinc de jonc". Il se retrouve au Pays de Galles avec la même prononciation bretonne dans bien des noms de lieux, qui sont tous des buttes de terrains escarpées ainsi Bryn Garw, Bryn Melyn, Bryngoleu, Bryn Du, que je relève parmi quantités d’autres. Le second termes "golo", et se traduit sans aucune difficulté par le français "lumière". Certains érudits ont admis l’hypothèse de voir dans "golo" un nom propre, mais semblent l’écarter pour diverses raisons. Il peut aussi être employé comme patronyme et correspondrait au latin Clarus (claire) et par extension, illustre. Le nom a du tout d’abord signifier "au teint clair". Ainsi en gallois, on retrouve Goleubryd qui se décompose de Goleu et correspond à notre Goulo breton, suive de B pryd (teint). Pour conclure sur Bringolo disons que ce nom de lieu a son correspondant français Clermont : une colline de lumière en une colline bien en vue. La lumière, le feu les druides, la source de Vie de Michel CORLAY.

Dans la vie de Saint Hervé publié par Dom PLAINE, sa vie et son culte (Revue historique de l’Ouest, 1893), dans sa vie Latine Brangolo est signalé en Latin au XIIIème siècle comme Tumulus Lucis (tertre de lumière) dans la paroisse de Saint Vougay.

Les Annales Galloises "The Annales Cambriae" signalé en 873 The battle de Bannguolou, la bataille de Bannguolou en 873, peut de choses sur cette Bataille galloise ! Les spécialistes gallois, cornouillais et bretons pensent que ce toponyme brangolo est le plus ancien attesté à ce jour.

Patrick Brangolo, 27 septembre 2008

pages 1234 & 5

Manoir de Brangolo en Plémy, pages 12 et 3
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