Seigneur : du latin senior signifiant vieillard, se dit de celui qui possède un fief, qui a certains droits particuliers sur les propriétés et sur les personnes comprises dans un fief.
Seigneurie : elle est une forme de propriété : propriété d’un ensemble foncier ; propriété d’une partie de la puissance sur cet ensemble foncier.
L’ancien droit distingue :
1 - le domaine proche ou réserve seigneuriale.
2 - la directe seigneuriale, comprenant les fiefs concédés à un vassal et les tenures concédées en roture, ou censives, chargées de services non nobles et de redevances (dont le champart est la plus lourde en certaines régions).
3 - les alleux dont le propriétaire ne doit ni foi, ni hommage, ni rachat. Le seigneur jouit donc d’un domaine foncier qu’il exploite, directement ou non, et d’un complexe de droits sur les hommes et la terre, expression de la propriété éminente et de la justice qu’il détient. Par l’aveu et dénombrement, il reconnaît tenir son fief du suzerain et posséder la haute, la moyenne ou la basse justice. La possession de la justice est une garantie du paiement des redevances et le seigneur manifeste un intérêt permanent à sa sauvegarde. Par l’exercice de la justice et de la police qui y est attachée, et par l’action du maire ou mayeur, son officier dans la communauté d’habitants, il commande la vie quotidienne des ruraux. La force de la haute justice est d’inégale importance dans le royaume, très forte par exemple en Bretagne. Dans la région parisienne, l’action des juges royaux a affaibli la justice seigneuriale. Le seigneur réunit périodiquement l’assemblée des habitants de la communauté. Il perçoit aussi les droits de banalité pour l’usage obligatoire du four, du moulin ou du pressoir, à moins que la communauté ne les aient rachetés. Par nature, celui qui est capable de posséder un fief est un noble, mais depuis la fin du Moyen Age les roturiers y ont accès, sous réserve de payer le droit de franc-fief : ils sont surtout nombreux autour des villes. Souvent un fermier (général ou non) ou un régisseur est chargé de la gestion des seigneuries : ainsi s’aggrave la distance entre les sujets et un seigneur lointain. A la fin de l’Ancien Régime, la seigneurie reste un élément d’honorabilité, mais elle est entrée dans les transactions commerciales. Les annonces des journaux proposent chaque semaine l’achat de seigneuries. Toutefois le régime est souvent contesté : les cahiers de doléances révèlent que les droits et l’autorité du seigneur sont devenus difficiles à supporter.
Tout roturier acquéreur d'une seigneurie s'en qualifiait seigneur ; mais, si la terre était une baronnie, un comté, etc., il ne pouvait se qualifier que seigneur de la baronnie de X..., et non baron de X..