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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 12:11

La Mirlitantouille, épisodes de la Chouannerie Bretonne
  G. LENOTRE, Neuvième édition, Paris, 1925.

 

La Mirlitantouille paya son mauvais renom ; elle fut condamnée à mort. Quoique posée à la rencontre de plusieurs chemins de la correspondance secrète, cette maison, grâce à sa mine inoffensive, n’avait, pendant longtemps, inspiré aucun soupçon. Que craindre d’une misérable masure, placée en bordure du grand chemin le plus fréquenté du pays ! La porte n’en restait-elle pas, jour et nuit, ouverte à tout venant ? Quel mystère s’abriterait-il dans un si banal et rustique bouchon ? Pourtant il se rencontra quelque fonctionnaire perspicace pour s’inquiéter, à la longue, de l’étrange série d’événements dont les parages de cette sournoise gargote avaient été le théâtre. Combien de fois, dans les landes qu’elle commande, le courrier de Loudéac à Saint-Brieuc avait-il été attaqué ? On y avait vu des troupes de trois cents Chouans, sortant de terre au moment propice et disparaissant comme par un enchantement [Archives de la Préfecture de Police, A A/205]Le village de Plémy, dont ce tapis franc dépendant, était depuis toujours un centre d’agitation, une sorte de camp retranché de rebelles. Ses landes fatales avaient successivement facilité le rassemblement et la dispersion des bandes de Le Gris-Duval, de Duviquet, de Carfort et de Dujardin ; là avait été tendu le piège où succombèrent tant de braves soldats de la République ; depuis lors on y découvrait un prêtre réfractaire, aussitôt fusillé sans jugement [L’abbé Cochet. – Un détachement de républicains envoyé pour arrêter cet ecclésiastique caché dans une maison de Plémy, tua ce malheureux au lieu de le conduire à Saint-Brieuc, et, pour justifier cette action, dit avoir été attaqué par des Chouans et que M. Cochet était tombé sous les balles de ceux-ci. Les cendres de cet infortuné reposent dans le cimetière de Plémy, où elles sont en grande vénération. B. JOLLIVET, Les Côtes-du-Nord, IV, p. 455.], et, plus récemment, un chasseur à cheval, porteur de dépêches, venait d’être assassiné à peu de distance du cabaret maudit. L’Administration centrale, frappée par cette statistique impressionnante, reconnaissait d’ailleurs l’impossibilité d’établir un poste de soldats en un lieu aussi isolé, décida, par arrêté du 24 thermidor an VII, que les maisons du hameau de La Mirlitantouille, servant depuis longtemps de repaire aux brigands, seraient rasées [Archives Nationales, F7 36692].

Les deux chaumières étaient alors abandonnées ; la fille Plé et son père ayant disparu depuis le massacre de l’année précédente [Compte rendu au Directoire par le ministre Bernadotte des faits relatés dans la Correspondance de l’Armée d’Angleterre. (Archives de la guerre, cité par CHASSIN, Pacifications, III, p. 343.)]. L’arrêt fut exécuté, mais incomplètement ; les dix ou douze maisons composant aujourd’hui le hameau de La Mirlitantouille, l’une, – la maison du drame, – située à droite de la route qui va de Moncontour à Loudéac, a dû échapper à l’exécution. Elle paraît être de construction ancienne ; l’autre, qui lui fait face, est manifestement moderne. Autour d’elles le décor a bien changé : landes et marais d’autrefois ont été conquis par la culture et l’endroit a perdu ce caractère de désolation et de solitude auquel il dut jadis la faveur des Chouans. Rien n’indique qu’il fut mêlé à l’Histoire, et que sont enfouis là, sous quelque sillon, les ossements du géant Corniquet et de sept de ses camarades. Les gens pressés d’aujourd’hui qui passent en vitesse n’ont pas un regard pour ce site sans attrait ; son nom même, ronflant et ridicule, a été décapité : on dit, à présent, La Tantouille et c’est la désignation que portent les cartes de l’État-major. Un chemin de fer sur route, qui vient de Saint-Brieuc, se détourne de La Tantouille du grand chemin de Loudéac ; suivant la crête du Mené et l’ancienne piste de correspondance des Chouans, il aboutit à Collinée...

La Tantouille en 1825
Archives Départementales des Côtes d'Armor

- Dujardin, déserteur de l’armée républicaine originaire du nord de la France, chouan vers 1795, mais est considéré plus comme un brigand qu’un vrai chouan.

 - Duviquet (Pierre), né à Trilbardoux en Seine et Marne, engagé le 1er janvier 1792, sergent le 10 septembre 1793, sous-lieutenant le 20 Pluviôse An II, déserteur.

- Legris du Val (Guillaume-François), né à Landerneau le 22 mai 1767 et décédé à Bocenit le 23 mai 1803, lieutenant de Boishardy puis chef de la Chouannerie dans les Côtes du Nord, arrêté à Moncontour le 11 mars 1797 et condamné à mort à Saint Brieuc le 5 juillet 1798 (le jugement fut cassé pour vice de forme et il fut relaché), reprit les armes sous Mercier dit La Vendée en 1799, participa à la prise de Saint Brieuc en octobre 1799 et fit sa soumission définitive le 8 mars 1800.

- Nepvou de Carfort (Jean-François Le), dit Le Chef, admis à l’Ecole des Cadets Gentilshommes de Kergus à Rennes en 1784, sous-lieutenant le 17 mars 1790, mis à la tête des habitants de Plémy lors d’une émeute contre l’église constitutionnelle le 9 novembre 1790, lieutenant-colonel en 1792, colonel chef de légion en février 1975, brigadier-général de la division des Côtes du Nord en 1799, prit part aux affaires de Coëtlogon, de La Ville Mario en Saint Quay, de Quiberon et de la prise de Saint Brieuc, détenu au château de Lourdes puis au château d’If de 1804 à 1814, chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis le 23 février 1816. 

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