L’hermine (armenius mus) est un petit mammifère carnassier, de la famille des muselidés, proche de la belette. Sa peau, couverte d’un poil très fin, dont le pelage hivernal est d’un planc pur (seule l’extrémité de la queue est noire) a toujours constitué une fourrure très recherchée.
La fourrure d’hermine, stylisée sur le blason breton, est obtenue en cousant côte à côte plusieurs peaux blanches d’hermines. La blancheur de cette fourrure est rehaussée par les pelletiers en fixant au milieu de chaque peau la petite queue noire de l’animal, soit à l’aide d’une barrette de fixation horizontale, soit par trois points de fil noir, soit par trois épingles dont les têtes étaient posées en trèfles.
La fourrure d’hermine, fort chère (on devait l’importer d’Arménie, d’où son nom), était l’apanage des puissants. En héraldique française, au Moyen Âge, elle fut un temps réservée aux gens de l’église.
L’hermine et la Bretagne.
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Pierre de Dreux, dit Mauclerc (mauvais clerc pour avoir renoncé à la prêtrise pour le métier des armes), fils puîné de Robert II de Dreux et arrière petit-fils de Louis VI Le Gros, épousa Alix de Bretagne (1203-1221), sœur cadette du Duc Arthur (1201-1203). Il avait pour armoiries celles de son père échiqueté d’or et d’azur, à la bordure de gueules, sur lesquelles il fit brocher une brisure en signe de cadet, un franc quartier d’hermine, à l’époque fourrure des ecclésiastiques.
Il devient Duc de Bretagne en 1213 et a une souvraineté absolue sur l’ensemble du territoire breton. Il va doter la Bretagne, pour la première fois dans son histoire, de ses armoiries hermine plain. Dans L’Héraldique de saint Louis et de ses compagnons, Hervé Pinoteau démontre que la Bretagne et ses Ducs n’avaient pas d’armoiries avant Pierre Mauclerc.
La bannière de Pierre Mauclerc, échiqueté d’or et d’azur, à la bordure de gueules, au franc quartier d’hermine, va flotter sur la Bretagne lors des règnes de ses successeurs Jean Ier, dit Le Roux (1237-1286), Jean II (1286-1305), Arthur II (1305-1312) et le début du règne de Jean III jusqu’en 1316.
En 1251, le Duc Jean Ier avait sur son sceau un écu d’hermine plain, et de même sur un denier de Jean II.
Le Duc Jean III, au plus mal avec sa famille d’origine et voulant en supprimer le souvenir jusque sur ses armoiries, étend la simple brisure qui était le franc quartier d’hermine à toute sa bannière.
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C’est donc à Jean III que la Bretagne doit ses armoiries et sa bannière armoriée actuelle : l’hermine plain.
D’après Les drapeaux bretons, des origines à nos jours – Philippe RAULT, Coop Breizh, 2006.

Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne – Dom Morice

Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne – Dom Morice

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enluminure issue de l'ouvrage Chroniques, Paris, France, XVème siècle