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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:20

CHAPITRE VI

I

Droits, à Saint Alban, des sires de Montafilant

Un aveu, rendu à Lamballe en novembre 1570 pour les seigneuries de la Hunaudaye et de Montafilant, par « René de Tournemine, chevalier de l’Ordre du Roy, baron de la Hunaudaye, sire de Montafilant », inféode la seigneurie de Montafilant de la proche mouvance, dans toute l’étendue de plusieurs paroisses, au nombre desquelles figure Saint-Alban.

Saint-Alban est une commune de notre canton, à 3 kilomètres de Pléneuf. C’est du haut de la côte en face, avant d’arriver à la chapelle Saint-Jacques, qu’il faut voir ce bourg si pittoresquement groupé autour de son église, au-dessus de sa vallée profonde, boisée et verdoyante que fertilise un ruisseau. Il n’y a pas de clocher à Saint-Alban, mais la campane n’attire pas la foudre, ce qui est au moins un avantage dû à sa modestie, et le tout a ce bon petit air vieillot qui ne le ferait pas renier par saint Guillaume.

Au point de vue paroissial, ce n’est de Pléneuf que dépend cette commune, le coq du clocher de Pléneuf dût-il, un jour, insulter, du haut de son perchoir, à la rustique campane ; n’en déplaise aux ambitions de village : la cure du canton est ici.

La route que descend en ligne droite à la vallée pour remonter vers Saint-Jacques est un tronçon de l’ex via calcata, la voie passant au Chemin-Chaussé.

De temps immémorial, on gardait en l’église de Saint-Alban l’étalon de mesure à blé. Cet étalon ayant été déplacé et transporté dans un cimetière, il fut, sur réquisitoire, reporté à l’église, procès-verbal ayant été préalablement dressé à cet effet par les officiers de la juridiction de Montafilant, siégeant au Chemin-Chaussé. Le recteur allégua pour sa défense que le déplacement de la mesure n’avait été opéré qu’à raison des réparations de son église, « ce qui fut signé de lui, du juge et du greffier ».

En novembre 1575, un second aveu, au même titre et sur le même objet que celui de 1570, est rendu par René de Tournemine, s’inféodant de la proche mouvance en la paroisse de Saint-Alban, avec haute justice, autorité, puissance, toutes prééminences et « prérogatives tenant au seigneur baron et châtelain, suivant la coustume ».

Ce ne fut point sans lutte que les successeurs de René jouirent de leurs prérogatives de « baron et châtelain » en l’église de Saint-Alban.

Par sentence du 27 mai 1737, les juges de la Réformation de Lamballe ayant maintenu dans ses prétentions de « fondateur » le comte de la Marck, aux droits de la maison de Visdelou, appel en fut fait au nom du comte de Rieux (1746), par ce motif, disait-on, que la fondation d’une église appartenait de plein droit au seigneur haut-justicier dont le fief était le plus proche, ce qui était le cas du baron de la Hunaudaye, sire de Montafilant, et nullement celui du sire de Bienassis.

Le privilège d’écusson que ce dernier invoquait n’aurait été, plaidait-on encore, qu’une concession du Général des paroissiens aux auteurs du comte de la Marck, moyennant 3 sols de rente que la fabrique continuait de percevoir.

Ce procès se termina par une transaction avec le prince d’Aremberg qui avait épousé Louise-Marguerite de Bienassis, fille de messire de la Marck. Nous en reparlerons (Chapitre VIII, II) au sujet des contestations entre les mêmes parties et à l’occasion des mêmes droits à la chapelle Saint-Jacques.

II

La Foire aux Chats

Le premier lundi de septembre, il se tient, « proche de l'église » une foire, dite la Foire aux Chats, ainsi dénommée, disent les chroniques, parce que longtemps on n’y vit pas un chat. Cette innocente plaisanterie ne s’appuie ni sur l’histoire, ni sur l’absence ou la présence des félins, ni sur son nom véritable, qui est : « Foire aux Chairs » ; mais laissons-la s’appeler comme c’est aujourd'hui d’habitude...... la Foire aux Chats !

La première fois que nous en trouvons mention, c’est dans un Minu du mois de juin 1469. Dans ce Minu, fourni à la seigneurie de Montafilant, il est question déjà de la Foire aux Chairs « tenue tous les ans au bourg de Saint-Alban » (1er lundi de septembre).

En juillet 1738, un aveu est rendu par le comte de la Marck à la seigneurie de la Hunaudaye et Montafilant, par lequel il déclare tenir de ladite seigneurie « la foire appelée vulgairement la Foire aux Chairs, qui se tient tous les ans au bourg de Saint-Alban, le premier lundy de septembre, dans une place qui entoure l’église et le cimetière, droict de foire qu’il reconnaît ne lui appartenir qu’à raison de l’acquest que ses autheurs en ont faict en 1601 du sire de la Villéon qui la tenoit prochement de la dicte seigneurie de Montafilant, et qui, par la vente qu’il en a faicte, a chargé messire Visdelou de la Goublaye de la tenir de même ».

11663 habitants.

Minu fourni, en 1469, par le sire de Montafilant.

Procès-verbal du 14 janvier 1648.

La verrière du maître-autel de l’église de Saint-Alban serait du XVe siècle ; elle représente la Passion. L’écusson de la grande vitre appartenait à Raoul de Rochefort, seigneur de Rigourdaine et de Saint-Ké ; les bancs et enfeux se partageaient entre les seigneurs des Salles, de la Houssaye et de Mauny (Comptes de la Fabrique de Saint-Alban, 1530, 1539 et 27 mai 1729). Quelques écussons sur le mur extérieur (côté midi), derniers souvenirs des nobles seigneurs de la paroisse, ont échappé au marteau des restaurateurs successifs de la vieille église. Quant « au portail sculpté fermant une chapelle du XIIIe siècle », nous étonnerons le même Guide dont nous relèverons les illusions à propos des ruines du Guémadeuc (Chapitre XIV) en lui apprenant que c’est à St-Jacques, non dans l’église, qu’il faut aller le chercher.

Cette maison, non moins distinguée par ses alliances que par ses services et son origine chevaleresque, et dont était le chancelier de Bretagne, Jacques de la Villéon, sénéchal de Rennes, qui succéda (XVe siècle) à François Chrestien vicomte de Tréveneuc, est encore représentée, à Saint-Alban même, par le comte Joseph de la Villéon : elle possédait, dès le XVe siècle, plusieurs des principaux fiefs en cette paroisse, à Planguenoual, à Hillion, etc.

Mémoire de 1746.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:19

CHAPITRE V

I

Le Chemin-Chaussé, siège de juridiction
de la Hunaudaye
« pour les paroisses éloignées de Plancoët »

La justice se rendait au Chemin-Chaussé au nom de « haut et puissant seigneur, monseigneur le baron de la Hunaudaye ». Dans les contrats, dans les jugements rendus, ce minuscule siège de juridiction était pris tellement au sérieux qu’on le qualifiait de ville, ni plus ni moins que Montbran.

Or, ce n’était « à proprement parler qu’une rue (comme aujourd’hui), cette rue séparant les paroisses de la Bouillie et de Hénansal. Le Chemin-Chaussé a néanmoins toujours porté le nom de ville, quoique bien des hameaux auraient plus d’apparence, si l’on n’y voyait pas trois ou quatre enseignes de cabaret qui sont saillantes sur la rue. C’est le siège de la juridiction de la Hunaudaye pour les paroisses qui sont trop éloignées de Plancoët, et il y a un auditoire qu’on peut véritablement appeler rustique ».

Il faut lire les lettres de Mme de Châteaubriand qui venait d’être jugée (1785) par le tribunal « rustique » du Chemin-Chaussé, au vicomte de Rabec son acquéreur, pour voir comme, à cette époque, les plaideurs malheureux se gênaient peu pour maudire les magistrats « ignorants ». Tout rustique cependant qu’il était, ce tribunal comportait un juge, un procureur fiscal et un greffier. Une de ses feuilles d’audience (17 décembre 1787) constate que, ce jour, « le procureur fiscal est absent, son substitut présent », et que siège « le lieutenant et unique juge d’icelle juridiction ».

Il y avait aussi à faire valoir des droits de fondation en l’église de la Bouillie, avec les « patronage et présentation » en la chapelle du Chemin-Chaussé, tous droits que le comte de Rieux abandonnera au comte de la Villethéart.

Ce qui pourrait à la rigueur justifier les prétentions de ville de notre petit chef-lieu judiciaire, ce sont les découvertes que l’on y a faites de nombreuses monnaies romaines, indices du centre présumé populeux que traversait le Chemin-Chaussé (via calcata) dont ce village a gardé le nom. En 1825 et 1847, des trinaires de Constantin ; en 1850, des pièces de Maximin ont été trouvées aux alentours.

II

Saint Guillaume et la Légende du Chemin-Chaussé

Sur la route de Pléneuf à Saint-Alban, à gauche de la côte que l’on gravit au pas avant ce dernier bourg, on aperçoit sur l’autre versant une toute petite chapelle, sorte de monument funéraire, comme on en voit tant dans nos cimetières. C’est sur ce riant coteau que naquit le futur évêque de Saint-Brieuc, Guillaume Pinchon (Saint Guillaume), mort en 1234.

Une légende veut que le saint, revenant de Matignon, demandât l’hospitalité au Chemin-Chaussé. On ne voulut l’y recevoir que moyennant paiement. Les prétentions de l’hospitalité demandée de porte en porte dépassant les ressources de sa modique bourse, le saint dut laisser son bréviaire en gage, mais en avertissant les habitants du Chemin-Chaussé qu’en punition de leur manque de charité, les murs de leurs maisons ne pourraient tenir debout.

De la, il se rendit à l’hôtellerie Abraham, en Saint-Alban, où ses compatriotes, auxquels il ne se fit pas tout d’abord reconnaître (il faisait nuit), l’accueillirent et l’hébergèrent sans plus se préoccuper de rémunération. Leur générosité reçut sa récompense.

A partir de cette époque, le Chemin-Chaussé a cessé d’être ville, les maisons s’écroulent à mesure qu’on en bâtit. C’est le contraire à Saint-Alban ; les plus vieilles constructions restent intactes, comme pour témoigner du miraculeux contraste.

A 14 kilomètres du Val-André. – Montbran, en continuant la même route, 18 kilomètres.

Notes de 1781. — Curieux logis à visiter, en face de l’ancien auditoire que l’on m’a désigné, au Chemin-Chaussé, sous le nom d'ex-Justice de paix. Cette vieille construction (XVe siècle) à la façade ornée de pierres ciselées parmi lesquelles nous avons cru reconnaître une potence, emblème de la haute justice. A l’intérieur, très délabré, rien à voir si ce n’est une cheminée supportée par deux colonnettes en granit, du même style que celles de la Hunaudaye, avec écusson dont les armoiries ne se distinguent plus.

La Bouillie (canton de Matignon), 854 habitants. Une tour, en forme de phare, domine le bourg et les terres du comte de la Villethéart auquel elle appartient. Du haut de cet observatoire, la vue doit être fort belle et embrasser l’horizon du Cap à Saint-Malo.

Une croix de fer au-dessus d’une grange, dépendance d’une ferme, à gauche de la route avant d’arriver au château de la Motte-Rouge, marque l’endroit où s’arrêta le saint. Deux portes, dont l’une au large cintre, auraient appartenu à la vieille hôtellerie.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:17

FIEFS REUNIS

Hunaudaye, Plancoët et Montafilant

ORDRE ET DIVISION DU TRAVAIL

« J’ai faict icy un amas de fleurs étrangères, n’y ayant fourny du mien que le mince filet à les lier ».

« Montaigne »

Avec le château, y compris les droits de guet et de garde, les fiefs de Pléven et de Plédéliac et la forêt de la Hunaudaye, le vaste ensemble de la baronnie se composait : 1° des fiefs primitifs ; 2° de la châtellenie de Plancoët (Montafilant, Corseul, etc.) ; de Montbran et de sa foire, relevant de la châtellenie ; 3° du Chemin-Chaussé avec sa juridiction « sur les paroisses trop éloignées de Plancoët » ; 4° de droits de fondation et d’inféodation, à cause de Montafilant, sur Saint-Alban (son église et sa foire) ; 5° de droits de fondation et d’assemblée avec juridiction du Vaucler, à Saint-Jacques ; 6° des fiefs en Planguenoual, Pléneuf, Erquy et autres paroisses justiciables du siège du Chemin-Chaussé.

Tel sera l’ordre que nous suivrons dans la division de notre travail et que nous n’interromprons qu’en faveur de Lamballe, trop mêlé à l’histoire de nos châteaux pendant la Ligue pour que nous nous contentions d’avoir effleuré sa tour et ses clochers, du bout de l’aile, dans notre « Vol d’Oiseau ». Les sires de la Hunaudaye et du Vaucler avaient, en cette ville, leurs tombeaux en la chapelle des Augustins, une Abbaye de Saint-Denis de baronnie.


CHAPITRE IV

I

La châtellenie de Plancoët,
Annexe de la Hunaudaye

« Plancoët est une petite ville très longue, coupée par la rivière d’Arguenon, et dont partie est dans la paroisse de Corseul (Evêché de Saint-Malo), terminée de ce côté par la maison des Jacobins de Nazareth, fondée en 1648 par la dame de la Hunaudaye ».

Cette description, donnée au siècle dernier par le mandataire du comte de Rieux demande à être rectifiée et complétée. Il n’y a plus d’évêque à Saint-Malo, et Plancoët, qui est de l’arrondissement de Dinan, est soumis à l’autorité épiscopale de Saint-Brieuc. C’est un chef-lieu de canton, un port, toujours une petite ville, bien que sa population ne dépasse pas 2,215 habitants. Elle a perdu ses Jacobins, tout en conservant Nazareth ; en revanche, elle a le chemin de fer, et c’est une station entre Lamballe et Dinan.

Une grande route, ouverte en 1772, part de Lamballe, passant par Plancoët, pour aboutir à Saint-Malo.

Cette ville était, avant la Révolution, un centre judiciaire assez considérable, vu le nombre de paroisses en ressortissant. Son greffe était même « de très bon rapport » pour le baron de la Hunaudaye, ainsi que les notes de 1781 en font foi.

Le château de Plancoët fut rasé en 1389 par ordre du duc de Bretagne. Avant 1750, on voyait encore une tour carrée qui devait défendre le passage de la rivière.

Les navires qui descendaient l’Arguenon étaient astreints, vis-à-vis du châtelain, au « devoir de quillage et de bienvenue », dont le montant s’évaluait à 5 sols par chaque bateau entrant en rivière et 4 deniers par tonneau de blé, vin et cidre chargé ou déchargé à Plancoët.

Il y avait aussi ce qui s’appelait « l’Aventure de mer » et ses petits profits : « espaves, bris de navires eschouant le long des paroisses de Pluduno et de Saint-Lormel ». A la cuisine de la baronnie étaient expressément réservés les « Esturgeons et aultres poissons dicts royaulx » des pescheries de ses rivages.

Ce fut sur les bords de l’Arguenon où les Anglais attendaient, la nuit, que la marée baissât pour le traverser à gué, que s’embusqua l’intrépide Rioust des Villaudrens, à la tête des paysans de ses terres et de quelques voisins accourus à son aide. Faisant le coup de feu avec eux, il arrêta la marche de l’ennemi qui se croyait attaqué par des forces sérieuses. Grâce à ce retard, les troupes du duc d’Aiguillon arrivèrent à temps pour vaincre à Saint-Cast (11 septembre 1758).

Les habitants des paroisses sujettes au « Guet maritime », c’est-à-dire situées à moins de deux lieues du rivage, étaient tenus, s’il y avait guerre ou crainte de corsaires, de s’équiper et armer à leurs frais. Et M. de la Lande, dans sa très intéressante brochure sur la Défense des Côtes de Bretagne, nous apprend que le service de garde-côtes s’étendait aux signaux de falaises : fumée le jour, feu la nuit.

II

Montafilant et Corseul, dépendances de Plancoët

Montafilant était une antique bannière de la châtellenie de Plancoët. Les sires de Dinan l’avaient donné à l’un de leurs cadets. Cette branche de la maison de Dinan s’éteignit à la mort de Françoise, mariée en premières noces à Gilles de Bretagne et en secondes noces à Guy, comte de Laval.

Tout l’intérêt de Montafilant est dans son histoire, car ses tours ou plutôt ses fractions de tours croulantes nous font tristement songer à ce que deviendra la Hunaudaye dans un avenir plus ou moins prochain.

En 1781, « deux des grandes tours étaient encore entières. Il y avait des demi-tours défendant l’approche des souterrains dont on ignorait la direction ».

Sans nous attarder davantage à Montafilant, que recouvrent le lierre et la ronce, cette couronne mortuaire des ruines tressée par la nature comme pour rendre moins laid l’abandon des hommes, n’oublions pas que nous sommes au pays des Curiosolites, dont Corseul fut la capitale.

Non loin de Montafilant, un champ a conservé, de même que le ruisseau voisin, le nom de Cambœuf (campus bovis). C’était en ce champ du bœuf que les Romains avaient leur parc à bestiaux, car, après les Curiosolites, ce fut au tour des Romains d’être les maîtres de la contrée. Ce qui prouve leur long séjour à Corseul, c’est tout ce que l’on y a trouvé en monnaies, poteries, statuettes et en restes de monuments.

Au siècle dernier (1709), un ingénieur de Saint-Malo y fut envoyé, avec mission spéciale de faire un rapport sur ce qu’il y remarquerait. Après de savants détails sur les chemins des Romains qui traversaient Corseul et dont l’un d’eux passait à Plancoët, cet ingénieur constate que l’église « avait dû être bâtie des débris de quelque grand édifice, car on voit, écrit-il, des tambours de colonnes de même grosseur que ceux des piliers qui forment les ailes du chœur. Tels sont ceux que l’on voit à cent pas de l’église, au milieu du grand chemin de Dinan, auprès desquels est une base de profil atticurge de trois pieds six pouces de diamètre, avec environ un pied de fût cannelé en spirale. Mais ce qui fixe l’attention, c’est une grande pierre de cinq pieds de long, large de trois, que l’on a tirée d’un tombeau pour en faire un pilier octogone auquel on a laissé une face plus large que celles qui lui répondent pour conserver une inscription latine : D. M. S. ».

Cette inscription « Diis manibus sacrum » n’est autre que le commencement de l’épitaphe d’un monument funéraire élevé par un fils (Januarius) à sa mère Silicia.

L’une des ruines de Corseul, dite « Temple de Mars » est classée parmi les monuments historiques, au titre « Monuments antiques ». Ce temple, dont il ne reste que la moitié, n’aurait jamais été plus haut. C’était un bâtiment octogonal, revêtu en dedans et en dehors de petites pierres très régulièrement taillées. D’après un mémoire de l’Académie des Sciences, cité par Deric (tome I, p. 44), ce temple n’aurait point été couvert, à moins qu’il ne le fût en chaume, à la mode gauloise.

Si nous avons exhumé ces mémoires, c’est que les monuments décrits, l’église et le Temple de Mars, ont pu être préservés d’une destruction que la fabrication du « tuileau » destiné à réparer les remparts de Saint-Malo a précipitée.

Pour faire ce tuileau, on se préoccupait peu des respectables souvenirs dont on broyait les briques, et cette œuvre de vandalisme a été consommée par les fouilles sans ménagement d’archéologues quelconques.

III

Montbran, son Baillage et sa Foire
relevant de Plancoët

Montbran qui n’est plus qu’un simple village aurait été autrefois « ville et forteresse ».

« Ce fief et baillage s’étendait en l’ancienne ville et forteresse ». Dans les notes précitées de 1781, il est question des restes de la tour et aussi d’une ancienne église (s’il y en a encore), puis d’un droit de moulin à vent, comme il y en avait autrefois sur le tertre dudit lieu ».

Au seigneur châtelain appartenait un droit de foire « laquelle commence le jour de la Sainte-Croix et se continue les jours suivants, droict de marché au lundy lardier, avec les devoirs de coustumes aux dicts marché et foire, droicts de bouteillage de chacune pipe de vin commencée de vendre par menu et détail en icelle foire, avec toute justice sur les allans et venans et trafiquans. En icelle foire et marché : gué et sûreté. Le lendemain de la dicte foire, étalonnage des mesures de tous les marchands vendants tant vin que cidre et autres marchandises ordinaires, avec droict de connoitre des causes et de tout ce qui appartient en icelle foire par la coustume et duché de Bretagne à Seigneur châtelain de Plancoët dont dépendent les dicts baillage et foire ».

La foire de Montbran, qui a survécu à l’ex-baronnie, dure dix jours, à partir du 14 septembre.

La vue dont on jouit du pied de la tour s’étend au loin vers Pléboule, Port-à-la-Duc, la baie de la Fresnaye où se jette le Frémur, une petite rivière que l’on franchit sur un pont sans parapet avant de gravir la côte du tertre ; plus loin, les falaises vers Saint-Cast et Saint-Jacut. Entre tous les clochers que l’on aperçoit, celui de Matignon appelle les regards sur la « petite ville au grand renom ».

Ce pays est très accidenté. Gracieusement vallonné, sillonné de jolies routes, il est rafraîchi par ses bois et ses fontaines et embelli par ses châteaux. Aussi les Ordres religieux qui savaient choisir leurs résidences en avaient-ils une aux environs. Le « Temple » et sa chapelle ont retenu le nom des Moines-Chevaliers. Dans sa liste des seigneurs lie la subdélégation de Lamballe, Ruffelet place la haute justice de la Guerche, avec Pléboule comme lieu d’exercice, en la possession de l’Ordre de Malte, et entre autres actes de l’un de nos dossiers, un contrat de 1756, met « la Commanderie de la Guerche et de la Caillibotière » sous la juridiction du « siège du Temple, en Pléboule ».

Parmi les grands propriétaires de ces bois, citons le Général baron de Liégeard. C’est à lui notamment qu’appartiennent Saint-Aubin et le Saint-Esprit. Le beau château de la Vallée, en Quintenic, est sa résidence.

Notes (1781) pour parvenir à la vente des fiefs de la maison de Rieux (Documents inédits).

Châteaubriand enfant y venait souvent pendant les vacances ; il avait gardé de Plancoët les plus aimables souvenirs.

Notes de 1781.

Notes de 1781.

Cahier des Devoirs de la Châtellenie de Plancoët.

L’Arguenon, si l’on remonte vers sa source, arrose la commune de Plédéliac dont dépendent les ruines de la Hunaudaye et son chef-lieu de canton Jugon (I556 habitants), place si forte jadis que l’on disait : « Bretagne sans Jugon, moine sans chaperon ». Son château, démoli en 1616, avait été successivement pris et repris par les partisans de Charles de Bois et de Montfort. Les Ligueurs s’en avaient, plus tard, fait un rempart redoutable.

C’est la patrie de l’érudit et saint Eudiste, l’abbé Sevoy, d’une des plus anciennes familles du pays.

Le clocher pyramidal de l’église est du XIIe siècle. Enfin l’étang de Jugon est un véritable lac, tant ses proportions sont grandioses. On s’y rend aisément, de Lamballe, en voiture. Par voie ferrée, il faut 20 minutes de Lamballe à Plénée-Jugon, sa station.

Vannes, Lafolye.

Corseul, première station du chemin de fer de Plancoët à Dinan, est une commune de 3,259 habitants. — Distance de la station, 9 kilomètres.

Notes de 1781.

Hist. de l’Acad. royale des inscriptions, Tome I, p. 401-407.

Notes de 1781.

Notes de 1781.

Annales.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:16

CHAPITRE III

Erection de la Hunaudaye en Baronnie

Dès 1451, aux Etats alors tenus a Vannes, le sire de la Hunaudaye occupait un rang hors de pair et non contredit parmi la noblesse. La Hunaudaye était déjà, en effet, l’une des antiques et principales bannière de Bretagne, lorsqu’il plut au duc François II, en 1487, d’ériger cette terre en baronnie.

D’ailleurs Tournemine en faveur duquel des lettres-patentes furent octroyées à cet égard avait-il « assez de biens et de richesses » pour maintenir « l’estat et honneur recquis à l’entretennement de baron et baronye ».

En avant tout, il s’agissait de récompenser son inébranlable patriotisme, en dépit des « dons, promesses, terreurs et espouvantemens » des Français qu’il n’avait cessé de combattre aux côtés du duc. C’était lui qui avait enlevé à ses ennemis le « chasteau et forteresse de Moncontour, pris par subtilz moyens à la vroye et loyale subjection » du souverain de Bretagne. Le nouveau baron y avait employé « corps et biens, en grand habondance et largesse ». Il était aussi au siège de Nantes, etc.

Le Mémoire où nous avons rencontré ces lettres-patentes nous donne la filiation des barons qui se sont succédés à la Hunaudaye, depuis Tournemine. Les tenues de 1610, de 1611, de 1627 et de 1637 en font foi :

« Messieurs de Rosmadec, héritiers de la maison de Tournemine en faveur de laquelle l’érection a été faite, en ont joui pendant qu’ils étaient propriétaires de la Hunaudaye. Catherine de Rosmadec, héritière de cette terre, la porta depuis, avec tous ses droits, dans la branche de Rieux-Châteauneuf, d’où elle passa dans celle de Rieux-Asserac, par le mariage de Jeanne-Pélagie de Rieux avec le marquis d’Asserac, aîné de la maison de Rieux ».

Vers le milieu du XVIe siècle, la baronnie de la Hunaudaye, déjà si puissante, se vit annexer la châtellenie de Plancoët, avec Montafilant. Nous aurons une idée de ce que devenait cette seigneurie princière en examinant le compte présenté, en 1502, par messire Pierre Héliguen, écuyer au chevalier « de Chasteaubriand et de Montaffilant, en sa cour de Montaffilant, héritier de hault, puissant et redoubté Monseigneur Françoys, chevalier seigneur en son temps des dicts lieux ».

Ce compte ne renferme pas moins de seize feuillets, sur vélin, ce fameux vélin de Lamballe dont il est question dans Rabelais, à l’occasion des Décrétales (A nos archives).

Le Mémoire de 1746, concluait au surplus en ces termes : « A l’égard de la terre de la Hunaudaye, M. le comte de Rieux est en état de prouver qu’elle n’est pas moins digne aujourd’hui de porter la qualité d’ancienne baronnie que lors de sa création, puisque, loin d’avoir souffert aucun démembrement, elle s’est au contraire accrue par la jonction de la baronnie ou ancienne bannière de Montafilant et châtellenie de Plancoët adjacente à la Hunaudaye, et qui ensemble ont le Fief proche ou dominant dans vingt-huit paroisses »

Outre la Hunaudaye, la maison de Rieux avait possédé les baronnies d’Ancenis, de Derval et de Malestroit, mais hélas ! disait l’auteur du Mémoire, il ne restait plus que celle de la Hunaudaye, aussi le seigneur comte et baron ne tenait-il que davantage à « la seule Terre que les malheurs du temps lui avaient laissée ».

Mémoire au sujet des lettres-patentes obtenues par Monsieur le Comte de Rieux pour la conservation des droits et privilèges de l’ancienne baronnie de la Hunaudaye. — Rennes, Vatar, 1746.

Mémoire au sujet des lettres-patentes obtenues par Monsieur le Comte de Rieux pour la conservation des droits et privilèges de l’ancienne baronnie de la Hunaudaye. — Rennes, Vatar, 1746.

Ce que ne pouvaient dire les lettres-patentes de François II, héritier des Montfort, c’était la fidélité des Tournemine à Charles de Blois qui valut à Pierre de la Hunaudaye, ancien compagnon d’armes de Du Guesclin, de voir son château démoli par ordre de Jean IV, ancêtre du duc François. Pierre en avait été d’ailleurs dédommagé par Jeanne de Penthièvre, veuve de Charles, par le don, en 1378, « des teneurs, hommes et homesses » de Pléven et de Plédéliac, qu’il reconnut tenir de sa suzeraine à foi et hommage. Ce fut lui qui commença la reconstruction du château détruit par les flammes sous la Révolution.

Pantagruel, Livre IX, Chapitre LII. — « Jean Chouart, dict Ponocrates, à Monspellier avoit achapté des moines de Sainct-Olary unes belles Descretales escriptes en beau et grand parchemin de Lamballe pour battre de l’or. — Les parcheminiers formaient, en cette ville, une corporation considérables. Les tanneurs, maçons et menuisiers ont continué en se groupant sous la bannière d’un saint Patron (saint Sébastien et sainte Anne), les traditions respectables du vieux temps.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:16

CHAPITRE II

I

La Forêt de la Hunaudaye

Les bois de la Hunaudaye s’étendent entre Lamballe et Plancoët sur une superficie de plus de deux mille hectares. Cette forêt s’est appelée d’abord Lanmur, au XIIIe siècle, et nous la voyons ainsi désignée dans un acte transactionnel, passe entre Pierre Mauclerc et Olivier de Tournemine qui, en 1214, et du consentement d’Alix, héritière de Bretagne, reçut en échange de biens maternels, plusieurs paroisses auxquelles le duc ajouta la possession de la forêt de Lamballe, autrement dite de Lan-mur.

Selon du Fail, elle aurait été connue jadis sous le nom de Forêt Noire.

Enfin, depuis plusieurs siècles, elle s’appelle la Forêt de la Hunaudaye.

La fraîcheur de ses ombrages sert, l’été, d’abri aux chevaux et aux vaches des riverains, qui s’y repaissent tout à leur aise. Ces animaux vaguent en liberté, une clochette au col, broutant l’herbe que les feuilles mortes engraissent de leurs couches fécondantes, et, le soir quand les bestiaux se rassemblent, le son de toutes ces clochettes est le seul bruit qui vienne, avec celui de quelque Angélus lointain, rompre le silence des solitudes de la forêt.

Si par hasard, le flair des chevaux, qui ne les trompe pas, vient à leur signaler le loup, l’instinct les réunit. Se groupant de façon à ne présenter que la ruade à l’ennemi, ils sont rarement surpris et ne succombent guère que lorsqu’ils sont isolés.

Malheur au cheval qui se laisse surprendre ! Un soir d’hiver, à l’heure où les arbres commencent à se confondre dans la même ombre, le châtelain du Vaumadeuc et son fils regagnaient leur logis quand tout à coup le galop d’un cheval, assourdi par la neige, les fit prêter l’oreille. Au même instant, un loup s’enfuit. Une barrière était fermée : évidemment le fauve s’apprêtait à profiter de l’obstacle eu sautant à la gorge de l’animal trop épuisé pour le franchir.

Ouvrir, et il n’était que temps, fut l’affaire d’une seconde et le salut du cheval qu’un second loup poursuivait. Le coup manqué, le rabatteur mystifié n’eut plus qu’à rejoindre son complice ; un hennissement, presque un râlement, tant il était faible, salua la délivrance.

C’est encore, et toujours la lutte en ces bois, mais on n’y dévalise plus, et ce n’est pas nous, au moins, qui en sommes les victimes. Sous ce rapport, Paris, la nuit, est loin de valoir la Hunaudaye.

II n’en a pas été toujours ainsi.

En 1355, une chasse au sanglier est donnée, à la Hunaudaye, en l’honneur de messire Eder de Beaumanoir. Eder, tout entier au plaisir de suivre la meute qui vient de lancer un solitaire, tombe, lâchement assassiné.

En 1384, un évêque de Saint-Brieuc est dévalisé en traversant la forêt.

Au temps où la reine Anne la traversa, la souveraine ne put elle-même se soustraire aux procédés de son « amé et féal cousyn », le sire de Tournemine, qui mit le comble a la galanterie en faisant arrêter sa suzeraine « qu’il venoit de festoyer ».

L’histoire de cette province est malheureusement pleine des exemples de ces hospitalités loyalement acceptées et transformées par les « féaux » en traquenards, comme à l’Hermine et à Champtoceaux.

Revenant donc du château où « elle fust bien festoyée, Anne fut prinse prisonnière par les gardes des boys du dict messire et baron, car le dict avoir ce privilège que quelque personne passant par les dicts boys, suns son congé ou licence, est à sa volonté de le confisquer corps et biens »

La veille, le seigneur de la Hunaudaye avait eu l’attention de déguiser en loups deux de ses hommes et de les faire déposer aux pieds de la reine une « biche enchaînée à son grand déplaisir et malheur ». Sans doute était-ce une allusion discrète à sa propre « prinse », méditée pour le lendemain, par ces autres fauves que l’on appelait les gardes !

« Toutefois, le dict baron fut-il gracieux à la dicte, dame, en lui donnant sa ranson ».

Il est vrai qu’Anne chevauchait à la tête de ses grands seigneurs à travers la forêt, et que si elle ne se fut prêtée de bonne grâce à l’impertinent caprice de son vassal, les gardes des boys du très haut et puissant messire eussent fait piteuse contenance au moindre signe de la souveraine de France et de Bretagne.

Non loin du château de la Hunaudaye, dont les ruines sont en Plédéliac, tandis que le Vaumadeuc est en Pleven, ce manoir, encore habitable et habité, servait de rendez-vous de chasse aux sires de la Hunaudaye. C’était le Meyerling de la baronnie, mais en plus petit, et sans que le moindre drame ait ensanglanté les pages de son histoire.

Il a toujours ses trois étangs et ses taillis que le sanglier visite à ses heures.

Sa façade n’a de remarquable que la porte d’entrée et des fenêtres Renaissance avec cordon de granit à l’extérieur ; son escalier en pierres de taille et ses superbes cheminées où flambent, l’hiver, de véritables troncs d’arbres, rappellent le XVIe siècle et l’existence facile d’autrefois.

Sur la route qui mène de Pleven à Lamballe, à quelques kilomètres plus loin, et toujours dans la forêt, on aperçoit comme des logements de grande ferme. C’est ce qui reste de l’abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, fondée en 1137 par Geoffroy Botherel, comte de Penthièvre et de Lamballe. Protégée au siècle suivant par Guillaume Pinchon (Saint Guillaume), évêque de Saint-Brieuc, qui obtint de Pierre Mauclerc une charte en sa faveur, elle échappa plus tard aux guerres de la Ligue, mais ses moines trouvèrent dans la garnison de la Hunaudaye un voisinage qui sentait son huguenot et dont on se fût bien passé. Etant de Penthièvre, non de la Hunaudaye, l’isolement du monastère au milieu de la forêt rendait plus redoutables encore les exigences de ces soudards. Cette partie de forêt a conservé le nom de Bois de Saint Aubin. Au point de vue du chauffage, jamais moines ne furent mieux partagés. Une charte de Penthièvre les autorisait à abattre, pour leur usage, tout le bois qui leur serait nécessaire. Leur jardin fournissait à leur frugalité d’abondants légumes et de succulents fruits. On a conservé dans le pays une espèce de vigne, dite de Saint-Aubin, dont le raisin est particulièrement savoureux.

Il y avait encore, à la Révolution, cinq moines à l’abbaye lorsque la persécution sanglante vint les frapper. Un seul se sauva, par la fenêtre.

Successivement, maison de retraite pour la vieillesse des prêtres du diocèse et maison de fous, l’ancien monastère a été en partie démoli quand les aliénés et les frères de Saint-Jean-de-Dieu qui les soignaient ont été transférés à Dinan, aux « Bas-Foins ». On ne voit plus aujourd’hui de l’abbaye qu’un corps de logis servant de magasin de bois et de logement de garde.

Le cartulaire de Saint-Aubin, très intéressant à fouiller comme mine historique, est à la préfecture des Côtes-du-Nord depuis le transfert de Lamballe à Saint-Brieuc des Archives de Penthièvre.

II

Le Saint-Esprit des Bois

De l’autre côté du château de la Hunaudaye, dans le voisinage de la forêt, le Saint-Esprit des Bois était doté d’un Prieuré. Sa chapelle, que le dernier prieur lit ériger en succursale, continue à être desservie par le clergé de Plédéliac.

Le dernier titulaire du prieuré, qui dépendait de la Hunaudaye, était (avant la Révolution) le fils du régisseur général de la baronnie, l’abbé Minet « licencié de l’un et de l’autre droit ». En outre des bénéfices attachés à cette situation, son titulaire avait la « chapelainie de Du Guesclin », c’est-à-dire qu’il profitait des avantages d’une fondation pieuse du Connétable dans l’église Saint-Sauveur de Dinan.

L’abbé Minet cumulait les charges de prieur du Saint-Esprit et de recteur de Plédéliac. Il jouissait enfin des privilèges réservés à l’une des chapelles de la cathédrale de Rennes. Le procès-verbal de prise de possession de la chapelle de Saint-André (14 août 1751), dressé par les notaires « apostoliques » de cette ville, constate que les chanoines récalcitrants en avaient fermé les grilles ; mais le père du jeune abbé, qui ne se déconcertait pas pour si peu, car il était homme de loi, passa la main entre lesdites grilles et dit : j'y suis « manu ». Il n’ajouta pas « j'y reste », quoique, de fait, il y restât.

Journal d’Olivier de la Roche, chapelain du sire de la Hunaudaye.

Journal d’Olivier de la Roche, chapelain du sire de la Hunaudaye.

Journal d’Olivier de la Roche, chapelain du sire de la Hunaudaye.

La date de la construction du Vaumadeuc est inscrite sur une des pierres de la façade.

Ses Moines étaient de l’ordre de Cîteaux depuis 1614.

Le portail était aux armes de la Hunaudaye.

C’est-à-dire chargés de la rédaction des actes diocésains.

A nos archives.

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:15

FIEF PRINCIPAL ET SES PARAGES

Château et Châtelains, Bannerets et Barons

Ecrire cette histoire, c’est aborder l’épilogue féodal d’une antique et princière maison ; de ses quatre baronnies : Ancenis, Derval, Malestroit et la Hunaudaye, celle-ci seule restait, en 1781, au comte de Rieux. Encore en était-il réduit à la morceler afin de mieux la vendre, car il n’était plus à même de pouvoir la garder.

C’est par le château rebâti par Pierre de Tournemine (1378) que nous commencerons, et ses ruines sont encore imposantes puisqu’elles ne couvrent pas moins d’un hectare. Nous visiterons ensuite la forêt, Saint-Aubin-des-Bois qui fut une abbaye, le Saint-Esprit qui, comme Saint-Aubin, n’est plus qu’une ferme. Nous n’oublierons pas le Vaumadeuc, au bord de la forêt, en Pléven et tout près du bourg. En Plédéliac se trouvent les ruines du château et l’ex-prieuré du Saint-Esprit des Bois.

L’érection de la Bannière de la Hunaudaye en Baronnie complétera ce premier classement de notre visite aux ruines, à la forêt et à tout ce qui peut présenter quelque intérêt, aux alentours, sera notre première étape.


CHAPITRE Ier

Le Château de la Hunaudaye

A la fin du siècle dernier, la vieille forteresse féodale mesurait encore la hauteur de ses épaisses murailles avec les chênes séculaire de la forêt. Elle inspirait le respect dû à la majesté de l’âge, après avoir fait régner la terreur. C’est qu’il avait fière apparence, ce château, avec ses ponts-levis, ses tours et ses remparts qui, la Révolution survenue, en faisant pour la sécurité publique un danger permanent. Le laisser subsister eût été, en effet, conserver à l’insurrection une formidable retraite. En octobre 1793, le district de Lamballe prit à son sujet des mesures radicales et urgentes : on le brûla. On mit le feu au château à l’aide de ses vieilles tapisseries.

En 1785, la Hunaudaye était encore habitée à M. Minet de la Villepaye, avocat au Parlement de Rennes, conseiller intime et gérant général du comte de Rieux. C’était un savant éclairé, tout en étant homme de loi.

Voici écrite de la main du dernier habitant du château, la description de ce qu’il était avant de devenir la prie des flammes.

« La Hunaudaye est un château composé de cinq tours grosses et moyennes qui forment un pentagone avec des bâtiments appliqués aux gros murs par le dedans de la cour. Il est situé aux confins du diocèse de Saint-Brieuc, du côté du levant, de la paroisse de Plédéliac, à sept lieues de Saint-Brieuc, trois petites de Lamballe, deux de Plancoët, une et demie de Jugon, et cinq de Dinan.

« Ce château n’est que d’une moyenne antiquité, puisqu’il est prouvé qu’il n’existait point encore en 1214. Il paraît avoir été commencé incontinent après cette époque, mais tout prouve qu’il ne fut pas l’ouvrage d’un seul siècle. En voici l’origine :

« M. de Sainte-Foix, historiographe de l’ordre du Saint-Esprit, a la preuve que Roland de Rieux, qui vivait en 1140, avait épousé Adelie de Penthièvre, princesse d’une singulière beauté, et dont il eut postérité. (Mémoire imprimé pour le comte de rieux contre la maison de Rohan).

« Il est très certain que Tournemine, père de l’ayeul d’Olivier, passa d’Angleterre en Armorique avec une suite digne d’un grand personnage. (Je l’ai communiqué à dom Morice qui l’a employé dans ses preuves).

« L’endroit où est situé le château de la Hunaudaye était alors place nue, un marécage. Je ne devinerais pas quelle a pu être l’origine de son nom (car son fondateur n’avait point nom Hunaud ni aucun de ses descendants), si je ne voyais qu’un hameau qui n’en est qu’à une bonne portée de fusil à balle, aujourd’hui nommé le village Saint-Jean, à cause d’une chapelle sous l’invocation du saint qui y subsiste d’ancienneté, ne s’appelait encore il n’y a pas deux cents ans, la Ville de la Hunaudaye.

« Il s’y tenait tous les ans plusieurs foires. Il y avait marché tous les lundis, auditoire et audience les mêmes jours. Il paraît que la chapelle était jadis succursale, et la grande quantité d’ossements qui se sont trouvés jusques sous ses murailles, en la réédifiant, en serait la preuve. Bref, selon les apparences, l’état où ce lieu était alors porta le nouveau seigneur à en donner le nom au château qu’il fit commencer.

« Ce château était redoutable avant l’usage du canon. Il l’était encore au temps de la Ligue, où il tenait pour le Roi, et où il eut toujours une compagnie de deux cents hommes à pied qui faisait tête à la garnison de Lamballe qui tenait pour le duc de Mercœur. Les détachements se cherchaient et se rencontraient journellement, ce qui faisait perdre beaucoup de sang, sans que cela aboutit à rien. Enfin ils en virent à se respecter et firent un traité en forme de trève, par lequel il fut dit que chacun garderait place sans se guerroyer : ce qui fut exécuté ».

L’ensemble des tours, dont une à chaque angle, affecte la forme pentagonale, ainsi que l’écrivait M. Minet. Chacune des tours avait son escalier de granit ; elles sont cylindriques et encore couronnées en partie de leurs machicoulis. Dans l’une (nord-est), chaque étage renferme sa cheminée (XVe siècle). Deux portes cintrées, du côté du midi : l’une servait aux chevaux, la plus large ; l’autre, aux piétons.

Les murs extrêmement épais (3 mètres au moins) sont percés de meurtrières ; les fenêtres, à larges embrasures, s’ouvrent en cintre à l’intérieur, en carré à l’extérieur, présentant au dehors, en cas prévu d’attaque, un point vulnérable aussi réduit que possible.

Les armoiries de la maison de Tournemine de la Hunaudaye « Ecartelé d’or et d’azur » surmontent la porte d’honneur et sont encore très visibles sur une des consoles des machicoulis de la façade est du château.

Dans un cachot, que l’on ne manquera pas de vous faire visiter, des essais de figures sur la pierre de la muraille sont des souvenirs de captivité laissés par la main d’un prisonnier, un moine de Saint-Aubin-des-Bois, prétend-on, coupable d’avoir mécontenté le châtelain de la Hunaudaye en lui reprochant sa conduite. Un seigneur du voisinage, pris de compassion, joua le moine et lui gagna la liberté.

En 1781, la Hunaudaye était considérée comme forteresse. Une lettre de M. Minet au comte de Rieux, en date du 17 décembre de cette même année, en donne pour preuve le devoir de « guet et de garde » qui subsiste toujours pour les vassaux de la baronnie.

« Pour ce qui est de la Hunaudaye, ce qui est dans les paroisses de Plédéliac et de Pléven ne saurait être vendu séparément du château sans déshonorer absolument cette réserve. Si vous en ôtez les rentes féodales, vous ne faites du château qu’une espèce de métayrie à qui il ne restera que du domaine. En perdant les fiefs, il perdra la seigneurie de deux paroisses, l’une dans laquelle il est, l’autre sur le bord de laquelle il est. Il y a même des rentes comme celles de guet et de garde qui ne conviennent qu’au château, à raison de ce qu’il est forteresse, où les habitants des deux paroisses étaient tenus de venir monter la garde ».

En 1505, le château de la Hunaudaye eut l’insigne honneur de recevoir la visite de la reine Anne, duchesse de Bretagne.

« Ce fust le jeudi d’après la feste de l’Apostre sainct Jacques, l’an de l’Incarnation mil cens cinq, le sire de la Hunaudaye estant a chevaucher par les environs, voilà qu’un escuyer richement accoustré, requist l’entrée du chasteau. Puis, le dict sire estant revenu au soir, présenta à lui de dict escuyer lettre fort bien scellée. Et la dicte lettre estoit de la très crestienne roine Anne, duchesse de Bretagne, et à lui disoit qu’icelle voulant visiter son très chier cousin, elle avoit voulu avertir lui en l’avance.

« Et le mardi en suivant, à l’heure des vespres, hommes d’armes estant au haut des tours, tout d’un coup fut veu par eux grande troupe venant vers le chasteau, et le sus dict escuyer ayant recogneu la Roine cheminant vénérablement o la dicte troupe en advertit en grande haste le sire de la Hunaudaye, et sitôt le dict seigneur assemblant ses gens, baisser fit le pont-levis, et s’estant rendu sur icelui, il attendit sa souveraine dame. Et la dicte dame montée sur une blanche haquenée, esloit accompagnée du sire de Rohan et de essaims de damoiselles convenablement estoffées. Et par après marchoient foule de gros seigneurs, varlets et gens d’armes vestus de hoquetons rouges.

« Et estant descendu sur le dict pont, le sire de la Hunaudaye taisant humble salutation : « Ma souveraine dame, vous plaist sçavoir que suis confus de l’honneur que vous me faictes, car j'à m'avez tant comblé que je vois avecq grand déplaisir de ne pouvoir acquitter ma debte ; vous suppliant humblement de croire que je vouloir toujours obéir à vous, à mon pouvoir, et suppliant le ciel de vous donner une vie longue, et ce pour le bonheur de la Bretaigne et du Roy Loys ».

« Et la Roine gracieusement respondit : « Mon cousin, say bien que vous estez ung dévoué et fidèle subjet ; aussi viens visiter vous qui avez toujours bataillé pour moi quand estois embesoignée ».

« Lors, la dicte Anne s’avançant avec le dict seigneur, sonnèrent hautement les trompettes, et sonna aussi l’horloge en manière de réjoissance : ainsi se rendit la Roine en son logis, et chascun l’admiroit à part soi, car estoit belle, estant dans sa vingt-neuvième année et pour lors espouse du bon Roi très chrétien Loys le douzième ».

La réception se termina par un festin dont le chef-d’œuvre fut un veau entier rôti, dressé sur ses jambes, apporté « en grande vénération par VIII escuyers ». Et la compagnie « en fust tout esjouie, un chascun voulant en avoir sa part ». (Journal d’Olivier de la Roche).

A M. le marquis de Talhouët.

Du Val-André à la Hunaudaye, 26 kilomètres. — Nous ne garantissons pas l’exactitude absolue des distances ; les vérifier dans l’Annuaire du Val-André.

Les abords de ce lieu si redoutable ont peut-être inspiré cette étymologie que nous n’affirmons pas : « Hue non audet » (Il n’ose venir jusqu’ici).

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 12:11

Histoire

d’une

baronnie en Bretagne


Aux

Frontières de Penthièvre

Ruines, souvenirs & légendes

du pays

du

Val-André

Par

Paul de Chalus

Ancien Magistrat

Paris

Librairie Historique des Provinces

Emile LECHEVALIER

39, Quai des Grands-Augustins, 39

1895


NOTES DE L’AUTEUR

I. — Dès les premières pages, le Vauclair est écrit Vaucler, suivant l’orthographe de tous ou de presque tous les vieux actes consultés. (Voir Chap. VII. I).

II. — En donnant l’origine de la Hunaudaye (Chap. I) à laquelle M. Minet père s’efforce, en 1746, de rattacher les comtes de Rieux par Adélie de Penthièvre, aussi leur aïeule, il omet de dire ici si ce fut cette même Adélie qu’Olivier de Tournemine eut pour mère ou grand’mère. Ce que nous savons, c’est que ce fut de ce côté maternel que vint à Olivier le pays de Lan-Mur qui lui échut en partage en 1214, date de la fondation du château. (Voir Chap. I et II).


A VOL D’OISEAU

Ce petit livre comble une lacune, car le Val-André si proche du Vauclair devait prendre sa part de l’histoire d’une Baronnie dont ce château, ses terres et sa justice n’étaient qu’un démembrement.

Si le Val-André n’eut pas alors de mention spéciale, c’est que plage et village ne valaient guère la peine qu’on s’en occupât.

En faisant, un moment, de l’histoire contemporaine, nous rappellerons le nom glorieux de S. Exc. l’Amiral Charner, dont le joli parc, a quelques pas de la mer (l’Amirauté), atteste le succès d’une création qui n’a pas quarante années de date.

Il y a quinze ans, une Société parisienne séduite par les attraits d’une situation exceptionnelle au bord d’une baie où les courants chauds de la mer de Bretagne entretiennent un climat constamment tempéré, encouragée par l’accueil favorable qu’elle trouvait, au début, à Pléneuf, la Société de Nittis se décidait à fonder au Val-André une Station balnéaire. Un peu plus tard (1885), M. Cotard, ancien ingénieur en chef du Canal de Suez et gendre de l’Amiral Jauréguibéry, Ministre de la marine, restait seul propriétaire, au prix de 90,000 francs, des terrains cédés par la commune, et les progrès de la nouvelle plage furent tels qu’en 1892, ces terrains, indépendamment des constructions et des nombreux emplacements déjà vendus, n’étaient pas évalués à moins de 822,312 fr. (Rapport d’experts — 17 novembre 1892).

Aujourd’hui, la chapelle de la très hospitalière Communauté est devenue insuffisante, par suite des besoins religieux du nombre toujours croissant des baigneurs. Le Casino vient d’être agrandi. Sa salle des fêtes, construite en 1894, avec son gracieux théâtre, aux frais et coquets décors, a permis au public d’élite de la dernière saison d’applaudir des artistes de choix et même, aux grands jours, de brillants virtuoses.

En faisant bâtir une villa au Val-André, S. Exc. Nubar Pacha nous faisait espérer la venue parmi nous de sa haute personnalité, mais les intérêts supérieurs qui retiennent en Égypte ce célèbre contemporain en ont jusqu’ici privé la jeune plage.

Jadis, la fraction de grève entre les terres du Guémadeuc et la mer s’appelait « Grève Saint-Symphorien », du nom d’une chapelle dont une croix indiquait naguère l’emplacement.

De même, mais depuis plus longtemps, a disparu la Chapelle Saint-Michel, située sur Verdelet. Cet édifice existait encore sous Louis XIV ou Louis XV, époque présumée des vieilles cartes marines dont nous avons été assez heureux pour réunir la collection.

Dans ces cartes, Verdelet nous apparaît plus grand qu’il ne l’est de nos jours.

Par qui étaient desservies ces chapelles ?

Les Annales locales ne nous l’ont point appris, mais il est probable que si la Chapelle Saint-Symphorien, avec son Minihy, pieux et inviolable asile, fut une fondation des seigneurs du Guémadeuc, la chapelle Saint-Michel était un oratoire ou les gardiens des pêcheries, moines et autres, se réfugiaient ou priaient en attendant que la marée en se retirant abandonnât les poissons, une fois avec les « écluses », comme on appelle ces barrages sur nos côtes armoricaines.

La Légende, qu’il ne faut pas toujours faire taire, veut que le sillon joignant l’îlot à la terre ait été l’œuvre des Moines. A cela, rien d’impossible, les Templiers ayant authentiquement marqué leurs pas dans le pays. La Tour de Montbran, prétend-on, aurait été bâtie par eux ; d’autres, il est vrai, assurent qu’elle est l’œuvre des Romains, d’autres enfin vont jusqu’à la faire remonter aux Gaulois (Mons Brenni, mont du chef).

Non loin du point culminant de la falaise qui semble tendre à Verdelet, à jamais accaparé par la mer, un bras impuissant à le ressaisir ; tout prés de l’ancien télégraphe à signaux, les fouilles d’un savant magistrat (M. Former) ont mis à découvert les vestiges, soit d’habitations gauloises, soit d’un télégraphe à feu, à triple foyer, qui, par d’ingénieuses combinaisons de lumière, devait mettre en communication Erquy, la « Reghinea » des Romains et les points les plus éloignés du pays que domine le château Tanguy.

Protégée par la falaise dudit château, ancien corps de garde et encore poste de douaniers, la Ville-Pichard (Villa Piscatorum, village des pécheurs), mérite toujours son nom.

De l’ancien télégraphe, la vue embrasse un vaste horizon, tant du côté de la terre jusqu’au Menez que sur la baie de Saint-Brieuc, jusqu’au fond de cette baie, vers Yffiniac, écrit dans de vieux actes Y Finiacq, ce qui nous indique son étymologie naturelle et incontestable quoique jadis contestée Hic finit aqua, ici finit l’eau).

Nous ne mentionnerons que pour saluer le progrès de ses armements le port de Dahouët, dépendant de notre commune et dont la prospérité se trouve si intimement liée à celle du Val-André.

Dahouët relevait, non de la baronnie, mais de Penthièvre et s’orthographiait d’Aouët ou d’Aouest sur nos vieilles cartes ; les vents d’ouest qui soufflent sans cesse sur cette côte lui auront fait donner ce nom.

Nous avons déjà, à l’occasion de Verdelet, parle des écluses ou pêcheries. Sur toutes nos côtes, il y avait de ces « pescheries ». A Pléneuf, la famille Denis se disait noble, comme vivant du noble métier de la mer. Et nous possédons un bail de « pescheries aux mareyries d’Hillion » au prix de quatre livres tournois, plus un plat de poissons aux Rogations (1675).

Plus loin, sur la route de Saint-Brieuc dont les évoques étaient à la fois seigneurs temporels et spirituels, Yffiniac était désigné (Contrat du 16 octobre 1705) sous le nom flatteur de « ville et passage », et les notaires de la juridiction et baronnie d’Yffiniac constataient la comparution devant eux, à cette date, de messire François de la Villéon, chevalier de la Villepierre, « syndicq perpétuel de ladite ville et passage ».

Sans Notre-Dame, le véritable bijou architectural de Lamballe ; à part son haras, dont celte ville est justement fière, nous n’eussions pas franchi en sa faveur les frontières de la baronnie. La tour octogonale de Saint-Jean est du XVe siècle. Nous ne signalerons, à l’intérieur de cette église, que son bénitier en marbre, les restaurateurs modernes de Saint-Jean qui, comme Notre-Dame, menaçait ruine, ayant oublié les meneaux de ses grandes fenêtres, et par économie, étant allés au plus pressé. Au-dessus de ce bénitier, en face de l’entrée principale, Saint Martin y est représenté à cheval au moment où il se dépouille, en laveur d’un pauvre, de son propre manteau. La succursale (XIe siècle) sous le vocable de ce saint et qui dépendait d’une antique abbaye, se plaint d’avoir été dépouillée jadis de son bénitier, comme saint Martin de son manteau, avec celte différence que saint Jean ne l’aurait pas laissée libre de le lui refuser.

De même que Notre-Dame de Guingamp, Notre-Dame de Lamballe dut sa solidité et sa beauté à ces « associations d’ouvriers artistes, les Lamballais, véritables maîtres de la pierre vive », dont la réputation, dés le XIIIe siècle, était déjà répandue au loin. Remaniée à diverses époques, depuis le XIIe siècle, date de sa fondation, et relevée naguère en partie, celle collégiale (Monument historique) était, à l’origine, la chapelle du château dont les Promenades occupent la place. Elle avait ses chanoines ou plutôt ses chapelains, suivant les anciens titres de la collégiale. Il y avait alors à Lamballe quatre recteurs, dont celui de Notre-Dame.

Le chœur de cette église avait été «  fortifié par Charles de Blois de parapets et de guérites de pierres, d’échauguettes ainsi qu’on les appelait », ce côté de Notre-Dame, étant « le plus exposé, vers Saint-Sauveur, aux attaques de l’ennemi » (Quernest, Hist. de Lamballe). Le même Charles de Blois, de sainte mémoire, y porta processionnellement les reliques de saint Yves, et une princesse de Penthièvre, Marie, de Luxembourg, future duchesse de Mercœur, y fut baptisée.

Si, à part Notre-Dame, les édifices ne suffisent pas à retenir à Lamballe le touriste chercheur de monuments, et ne nous y arrêtent nous-même qu’incidemment, il n’en saurait être de même de l’histoire de cette ville. Ses annales sont à la fois celles de notre canton qui, tout en taisant partie de la baronnie de la Hunaudaye, n’en était pas moins sous la suzeraineté de Penthièvre ; à ce titre, les étoiles qui brillèrent au firmament lamballais furent aussi les nôtres, et ce n’est pas sans fierté que nous allons faire précéder ce que nous aurons à dire de nos sires et barons d’un aperçu rapide mais général de tant d’autres illustrations.

Le nom de Lamballe a été, de siècle en siècle, porté par des personnages marquants dans l’Eglise, à la Cour et dans la science. En 1255, un archevêque de Tours, le célèbre défenseur des Ordres mendiants, se faisait appeler Pierre de Lamballe.

Un autre prélat moins connu s’appela aussi Alain de Lamballe. La princesse de Lamballe massacrée en 1792, était de la maison de Savoie-Carignan ; elle était restée veuve à 19 ans de Louis de Bourbon-Penthièvre, prince de Lamballe.

Un maître de la science chirurgicale, Jobert, membre de l’Institut, avait pris le nom de Jobert de Lamballe, bien que né à Matignon (1801). Il est décédé à Paris en 1867, mais il a son tombeau à Lamballe. Une inscription, sur ce monument funèbre (à droite, en entrant au cimetière) rappelle les nombreux titres du défunt.

Le boulevard, près de la gare, s’appelle boulevard Antoine Jobert. A leur tour, deux rues de notre ville empruntent leurs noms à des généraux lamballais sinon de naissance, du moins de famille : l’un le général de cornemuse dont la mort fut, à tort ou à raison, enveloppée de mystère (on parla d’un duel avec Saint-Arnaud ; l’autre le général de Lourmel : sa mère habitait le Vauclair en Pléneuf, mais il était à Pontivy où il a sa statue. Un général contemporain, M. Keiser, est notre compatriote.

La Roche, en Trégomar, près de Lamballe, aujourd’hui au duc de Feltre, ramenait vers nous le général de Goyon, son père.

Mauny, une des anciennes terres seigneuriales de Penthièvre, appartient au général de Kerhué, commandant du 9e corps d’armée. Mauny, nom d’une aïeule maternelle du comte de Kerhué, lui rappelle qu’il n’est pas un étranger.

Nous réservons pour Pléneuf, berceau du général de La Motte-Rouge, nos hommages à l’une des gloires de notre pays.

Sans parler du savant abbé Gallet, historien (1647-1726) ; de l’éloquent abbé Cormeaux, prédicateur, puis homme politique sous la Révolution dont il fut victime ; de l’évêque d’Haïti, Mgr Belouino, sacré à Notre-Dame de Lamballe (mort il y quelques années), nous avons encore le jurisconsulte Aulanier, auteur du « Domaine congéable » et d’autres ouvrages de droit estimés ; de l’écrivain Mareschal, décédé (1843) archiviste à Saint-Brieuc ; du peintre Grimaux, etc., tous nés à Lamballe.

Les armoiries de Penthièvre, qui sont les mêmes que celles de sa capitale « d’azur à trois gerbes d’or, 2 et 1 », se rapportaient à sa fertilité. Cette fécondité était telle qu’elle inspira le dicton ; « Si la Bretagne est un œuf (prononcez eu), Penthièvre en est le moyeu », c’est-à-dire le milieu.

Sans discuter l’origine de Lamballe qu’une opinion controversée attribue aux Ambiliates, relevons l’étymologie, discutable elle aussi, qu’un historien (l’abbé Deric) a cru pouvoir lui donner : « Lan-pays, Bala-marais ». Les marais, s’il y en eut, ont été desséchés et la rivière, au cours régularisé, rampe autour des vergers dont les excellentes pommes ont détrôné le raisin des « Vignes », nom gardé par le coteau près du cimetière où son vin, si l’on n’y avait renoncé tant il passait pour malsain, conduirait fatalement les buveurs.

De Lamballe aux ruines de la Hunaudaye il y a moitié moins loin que de Pléneuf à ce château qui, sous le rapport des facilités, est un but d’excursion des moins bien partagés.

Plancoët lui-même, avec Corseul (deux stations de la ligne de Lamballe à Lison), Plancoët et Montafilant, annexes de la baronnie dont ils sont les points extrêmes, doivent être considérés, grâce au chemin de fer, comme tout aussi praticables.

Une ville, de l’autre côté des frontières de Penthièvre, à 15 kilomètres de Lamballe, Moncontour correspond avec cette gare par un courrier qui, le même jour, prend et ramène les voyageurs. Aux souvenirs de Moncontour se rattache trop intimement l’histoire des sires de la Hunaudaye et du Vaucler pour que nous n’en disions pas quelques mots. Ce fut même au siège de cette forteresse que se signala René de Tournemine, créé baron à la suite de ce haut fait d’armes.

Lorsque, des points élevés qui dominent cette petite ville, vous jetez les yeux vers la mer, vous avez une idée, réduite par le lointain, de cette large fraction de Penthièvre dont Lamballe est lui-même le « moyeu ».

Qu’est cette baronnie, avec ses bois qui en sont les ombres, ses collines qui, à cette distance, atteignent à peine les proportions de taupinières ? Qu’est-ce que ce vaste domaine féodal de plus de 50 kilomètres de longueur pour l’oiseau qui plane, pour l’hirondelle voyageuse qui met à peine quelques minutes à le traverser, et que sommes-nous nous-mêmes, vus du haut des airs, nous qui nous croyons si grands parce que nous dépassons le niveau de nos sables ?

Espérons que, dans cet autre Vol d’Oiseau des étrangers de plus en plus nombreux dont, chaque été, nous recevons la visite, nous saurons inspirer de nous une impression digne d’eux, digne de nous et moins fugitive.

Et non le dernier habitant de la Hunaudaye, auteur de la note de 1781, confondue avec celle de son père.

Par acte de Me Guinard, notaire à Pléneuf, en date du 5 septembre 1880, la société Hallam de Nittis, Ch. Cotard et Cie, acquérait de ladite commune de Pléneuf les terrains de cette plage au prix de 27,420 fr.

Une souscription pour la construction d'une chapelle nouvelle est ouverte à la sympathique Communauté.

Consultez l’ANNUAIRE de M. Laveuve-Pony (Librairie du Val-André) et vous y trouverez par ailleurs tous les renseignements désirables sur les meilleurs hôtels, les maisons à louer, les voituriers et fournisseurs divers du pays.

.V. Deric, Hist. ecclés. de Bretagne (Hovius, 1779),

Le rocher ou plutôt l’îlot du Verdelet doit son mon a l’apparence verdelette, de son court gazon ; ainsi Piégu (pied aigu) devait-il le sien a la forme qu’il affectait ; les travaux du quai, en faisant sauter le Petit Piégu, ont anéanti ce qui en était comme le talon.

A nos Archives.

Vieilles Réformations (Biblioth. munic. de Saint-Brieuc.

Ropartz. – Guingamp et son Pèlerinage.

Ces Promenades durent leurs premières plantations (1681) au sr de Pont-Robert, en l’honneur duquel on rima ce quatrain.

« Si chaque syndic avait autant

Planté que fit Pont-Robert en son temps,

Lamballe ne serait pré, ville ni lande.

Quoi donc ? Une forêt très grande ».

En 1363, Charles de Blois vint à Lamballe et « se rendit de loin à l’église Notre-Dame, marchant pieds nus sur les rochers en portant processionnellement, suivi d’un grand concours de fidèles, un morceau de côte de saint Yves, canonisé en 1347. Il porta ensuite, avec le même respect, et de la même manière, une autre relique de saint Yves en l’église des Augustins de cette ville, et, cette fois, ses pieds furent ensanglantés » (Quernest. — Histoire de Lamballe. Société d’Emul. Des Côtes-du-Nord. — St-Brieuc, F. Guyon).

Né à Saint-Aaron.

A Paris, comme à Lamballe, il y a une rue de Lourmel. Pléneuf a sa place de Lourmel. Dans ce canton, à Planguenoual, ce nom est honorablement continué par le comte de Lourmel du Hourmelin et ses fils. Madame Danycan de l’Espine, l’une des sœurs du général, vient de mourir (1894) à Lamballe, rue Saint-Martin, hôtel de Lourmel, une maison appartenant à M. Aimé de Lourmel, maire de St-Mandé (château de Thaumatz), et qui se distingue, à l’arrivée de la route de Dahouët, par un reste de porte sculptée.

Le général comte de Goyon était sénateur et président du Conseil général des Côtes-du-Nord. Ces deux hautes situations sont de nos jours occupées par M. Haugoumar des Portes, dont le château (Les Portes) est voisin de la Roche.

D'abord comté, Penthièvre devint duché et duché-pairie ; sous la Révolution, Lamballe, sa capitale, fut chef-lieu de district ; aujourd'hui, c’est un simple chef-lieu de canton (4,524 habitants).Industrie et commerce : Tanneries, grains, cidre, beurre, chevaux et bestiaux.Foires et marché (le jeudi) importants.

En cette ville est la gare de correspondance avec le Val-André (17 kilomètres).Haras national, plus haut mentionné : superbe établissement, aux luxueuses écuries remplies d'étalons de premier choix. Pour le visiter, s’adresser au Concierge, rue Saint-Martin.

Voir Chapitre VIII.

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 06:34

 

DOYENNE DE PLŒUC


Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895.



En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.

Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.

 

LE BODÉO

La paroisse du Bodéo qui avait pour trêve La Harmoye, faisait partie du diocèse de Quimper avant la Révolution.

M. Le Clézio fut nommé recteur de cette paroisse au commencement de Tannée 1789 ; il succédait à M. Le Goff qui n'avait exercé le ministère qu'un an dans cette paroisse et était mort à 45 ans, le 20 décembre 1788. L'abbé Le Clézio administra la paroisse du Bodéo jusqu'au mois d'octobre 1791. N'ayant point prêté serment, il fut obligé de quitter son poste. 11 n'émigra point ; il resta caché dans le pays et continua d'administrer les sacrements, surtout dans la trêve de La Harmoye. En 1802, il signe encore sur les registres de La Harmoye comme recteur du Bodéo. Je ne sais quel poste il occupa après la Révolution.

 

M. Le Covec, prêtre natif du Bodéo, était curé de cette paroisse en 1790. Son nom paraît sur les registres dès 1758, et il signe tantôt prêtre, tantôt curé. Il refusa de prêter serment et ne voulut point reconnaître l'autorité de Jouan, curé intrus ; aussi dut-il se cacher comme tous les prêtres insermentés. Il continua d'administrer les sacrements dans la paroisse, il eut même soin de consigner une partie de ses actes de baptême sur un petit cahier que l'on conserve encore aujourd'hui. Il se cachait, dit-on, au Quélineuc et y disait la messe quelquefois, mais plus souvent à la Vellejean, près du Barrage. Au rétablissement du culte, il fut encore vicaire du Bodéo où il mourut le 21 mars 1806, à l'âge de 79 ans. D'autres prêtres ont aussi exercé le ministère au Bodéo pendant la tourmente révolutionnaire : car on trouve deux actes de baptême faits en 1795, l'un à Gargarideuc le 13 juin, l'autre à Leffo dans La Harmoye, le 16 juin, par un M. Briend, prêtre. Un M. Le Bihan, prêtre, a fait en 1795 le baptême d'un enfant né à Lingourguy en 1794.

 

Les bons prêtres du Bodéo furent remplacés par deux intrus, Jouan et Bellœil, qui faisaient en même temps le ministère de La Harmoye, Jouan n'était d'ailleurs que le curé de la trêve de La Harmoye ; il prêta serment et pour sa récompense, il fut nommé recteur du Bodéo. Tant qu'à M. Bellœil on ne connaît pas son origine et on ne dit point quel poste il avait occupé auparavant. Ils n'exercèrent pas longtemps leur ministère au Bodéo ; car à partir de la fin de l'année 1792, les registres deviennent complètement civils, jusqu'en 1803. A cette époque c'était un Corentin Jouan qui était maire.

On dit que les prêtres intrus furent chassés par les familles Le Helloco et Andrieux qui comptaient dans leurs

membres plusieurs chouans décidés, véritables défenseurs de l'ordre et de la religion. Ces hommes firent même ouvrir les portes de l'église du Bodéo en 1795, et M. Le Covec y baptisa à celle époque solennellement ; comme on peut le constater par les registres.

 

Autres pages : La HarmoyeLe BodéoL'Hermitage, PloeucLanfainsPlaintel

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 19:38

 

DOYENNE DE PLŒUC


Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895.

 


En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.

Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.

 

LA HARMOYE

 

Il y a eu plusieurs prêtres assermentés et non assermentés à exercer publiquement leur ministère à La Harmoye pendant la période révolutionnaire. On pourrait dire que l'administration publique des sacrements n'y a pas été interrompue. Il y a eu quelques intervalles, mais qui ne sont pas aussi longs que dans les autres paroisses.

 

La Harmoye, trève du Bodéo, était administrée par un curé sous la direction du recteur du Bodéo. Le prêtre qui la gouvernait en 1790 s'appelait M. Jouan ; il avait pour aide ou pour vicaire un H. Gallerne qui était probablement un prêtre habitué de La Harmoye. M. Jouan prêta serment et devint recteur intrus du Bodéo ; du moins il dut en avoir ou en prendre l'administration, car il n'ajouta pas le titre de recteur à- son nom et continua de signer curé du Bodéo et de La Harmoye. Vers le mois de septembre 1793, Jouan eut pour vicaire un certain M. Bellœil, sans doute prêtre jureur comme lui, qui fit une grande partie du ministère de La Harmoye pendant la fin de 1792 et le commencement de 93. Il semblait partager le ministère avec M. Gallerne, ce qui fait croire que ce dernier avait aussi prêté serment.

 

On ne sait d'où venait ce M. Bellœil. Toujours est-il que ces trois MM. Jouan, Gallerne et Bellœil ont fait le ministère de la paroisse du Bodéo et de la trêve de La Harmoye, les deux premiers depuis la fin de l'année 1791 et le dernier depuis la fin de l'année 1792 jusqu'au commencement de l'année 1793. (Ajoutons que deux ou trois actes ont été faits par un M. Tanguy en 1791). Ils reconnaissaient la juridiction de l'évêque intrus Jacob, puisqu'ils ont sollicité de lui une dispense de bans pour un mariage célébré le 29 septembre 1792.

 

Dès les premiers mois de 93 ces prêtres assermentés disparaissent et les registres deviennent complètement civils jusqu'en 1795, époque à laquelle apparaît un M. Riou qui baptise solennellement et signe curé le 12 juin. Le 13 du même mois, il célèbre la sainte messe et bénit le mariage de Gilles Pasquio et d'Anne Lucas, qui témoignent le regret d'avoir attenté de s'épouser devant le nommé Bellœil, curé constitutionnel de la paroisse du Bodéo. Cet acte serait une preuve que ce M. Riou n'était point un prêtre assermenté. Après la chute de Robespierre, il y eut comme une sorte d'apaisement et plusieurs prêtres durent en profiter pour s'installer plus ou moins ouvertement dans les paroisses abandonnées d'où ils ne furent plus chassés.

 

Au mois de juin 1795, M. Riou fait une série de baptêmes d'enfants nés en 94 et 95. En 96, il baptise solennellement, fait des publications de bans, bénit des mariages et enfin administre tous les sacrements. Le 29 août 1797, M. J. Le Clézio, recteur du Bodéo, fait solennellement le baptême de Gérard Thierry de Kergus et signe avec M. Riou. Et, bien que les actes ne le disent pas, il est cependant très probable que les cérémonies se faisaient à l'église. On voit que La Harmoye jouissait d'une certaine liberté pour l'exercice du culte.

 

Il est certain que ces prêtres ne reconnaissaient point l'autorité de l’évêque intrus, car le 3 juillet 1798 une dispense de consanguinité est accordée par M. Le Jacques, subdélégué apostolique qui résidait, m'a-t-on dit, à Corlay.

De 1798 à 1800 on ne trouve point d'actes de baptêmes. Peut-être ont-ils été faits par d'autres prêtres ou sur des registres particuliers qui auraient été perdus.

En 1801, M. Gallerne reparaît sur la scène, ce qui donnerait à penser qu'il n'avait pas prêté le serment civil ou plutôt qu'il l'avait rétracté. M. Riou disparait la même année vers la fin de septembre. Toujours est-il qu'il ne signe point l'acte de décès de M. Jean-Marie Boscher, prêtre, enterré le 16 décembre 1801 à La Harmoye. Jusqu'en 1803 exclusivement, M. Le Clézio, recteur du Bodéo, fait du ministère à La Harmoye. Au rétablissement du culte, M. Gallerne devient curé d'office, puis desservant de cette paroisse jusqu'au 11 décembre 1808. il avait pour vicaire un M. René Fraboulet. 

 

Autres pages : La Harmoye, Le BodéoL'Hermitage, PloeucLanfainsPlaintel

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 08:33

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Ploeuc le vendredi 15 mars 2013

 

Vendredi soir, la caisse locale de Plaintel-Ploeuc du crédit agricole organisait son assemblée générale annuelle. Cette année, elle présentait un caractère particulier et innovant. En effet, pour la première fois, le crédit agricole accueillait ses lauréats au concours des trophées de la vie locale. Il s’agissait de valoriser et de récompenser des projets d’associations ou d’établissements scolaires portant sur des sujets spécifiques, tels le patrimoine, la culture l’économie ou le développement durable. L’école Sainte-Anne de Ploeuc avait déposé, il y a quelques mois, son dossier portant sur l’ouverture culturelle pour tous les enfants de l’école. Ce fut donc avec une grande joie qu’élèves et enseignants ont appris que leur projet avait retenu l’attention du comité de sélection. Lors de la soirée, la directrice a mis en avant quelques points essentiels du travail parmi lesquels : éveiller la curiosité intellectuelle des enfants, leur apprendre à regarder, encourager leur créativité et leur donner envie d’avoir une vie culturelle personnelle. Elle a insisté également sur le fait que de tels projets sont essentiels, car ils sont porteurs de sens pour les enfants, ils génèrent des temps de partage, de mutualisation, de coopération entre petits et grands et apportent dynamisme et émulation à la vie scolaire.

 

Le chèque de 300 euros remis aux enfants participera entre autres à la venue de 4 artistes au mois d’avril, qui viendront présenter leur travail et leur démarche créative, ainsi qu’à une visite au mois de mai au musée des beaux-arts à Rennes. Madame Sagorin tient à souligner la belle initiative de ces trophées de la vie locale pour cette mise en avant des projets menés au sein de nos communes.

 


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21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 09:25

DOYENNE DE PLŒUC


Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895.



En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.

Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.

 

LANFAINS

Le recteur qui gouvernait la paroisse de Lanfains en 1790 était M. Jacques-Olivier Duval qui fut nommé en cette paroisse le 26 avril 1787 par la voie du concours. Il était né à Lamballe le 2 mars 1754, et avait été baptisé dans l'église Saint-Jean de cette ville. Il administra la paroisse de Lanfains jusqu'au 22 mars 1792, époque à laquelle il fut obligé de se cacher pour se soustraire à la poursuite des gendarmes qui voulaient le conduire au château de Dinan. Lorsqu'ils arrivèrent dans le bourg pour le saisir, il se sauva dit la tradition, par les Noës, prés situés en dessous du presbytère, et alla coucher à la Ville Audren. Le lendemain, habillé en paysan, il donna sa bénédiction aux braves gens [Famille Le Bellego, qui habite encore la Ville Audren], qui lui avaient donné l'hospitalité et partit.

Le 12 septembre, il s'embarqua au port de Binic pour se rendre à Jersey où il vécut quatre ans. Le 25 juillet 1796, il se rendit à Londres où il demeura quatre ans et demi. Il en partit le 7 janvier 1801, pour le port de Westmont, d'où il prit passage pour la France. Le 24 du même mois, il rentra dans sa paroisse de Lanfains qu'il gouverna jusqu'à sa mort arrivée le 27 juin 1818.


Le dernier vicaire de Lanfains avant la tourmente révolutionnaire fut M. Jean-Marie Duval. Né à Saint-Brieuc, il fut vicaire de Lanfains dès les premiers jours d'octobre 1787, et continua ses fonctions jusqu'au 9 septembre 1792. N'ayant point prêté serment, il fut forcé de quitter son poste. Comme son recteur, il se réfugia en Angleterre, d'où il revint en 1801 pour être d'abord desservant de la Méaugon, puis de Langourla, où il est mort probablement.

 

Après le départ des MM. Duval pour l'exil, c'est-à-dire pendant la fin de l'année 1792 et l'année 1793, le ministère paroissial fut fait tantôt par M. Fraboulet prêtre, tantôt par M. Hémery curé, qui tous deux devaient être assermentés. Ce M. Fraboulet devait être de la paroisse où le nom de Fraboulet existe encore. M. Hémery, d'abord curé constitutionnel, devint ensuite officier de l'état civil, et maire de Lanfains qui était alors chef-lieu de canton. Ce qui justifie celle assertion concernant M. Hémery, c'est d'abord la similitude d'écriture, puis la connaissance que M. le Maire avait de la langue latine. En effet, un Jour qu'il avait écrit plus mal qu'à l'ordinaire un acte de l'étal civil, il écrivit au-dessous : Deficiente novo usus sum veteri stylo. Ces paroles qui devaient être transmises à la postérité, sont suffisantes pour faire trouver en lui le prêtre jureur devenu magistrat. D'ailleurs le même fait avait eu lieu à Plœuc. On ne sait ce que devinrent ces deux prêtres, MM. Hémery et Fraboulet. Peut-être continuèrent-ils leur ministère religieux et civil ? mais les registres manquent à Lanfains depuis la fin de l'année 1793 jusqu'en 1800. M, Fraboulet pourrait bien être celui qui devint vicaire de La Harmoye après la Révolution. On trouve dans les registres de paroisse une liste peu nombreuse de personnes qui ont été baptisées par un ou plusieurs prêtres insermentés qui se cachaient dans le pays. Il est à croire que la plupart de ces baptêmes ont été faits par M. Perrin, qui se cachait à Rosieux.

On trouve, en effet, sur le registre de mairie l'acte de décès de François Perrin, frère capucin décédé chez son frère à Rosieux, le 3e jour complémentaire de l'an huit, c'est-à-dire vers le 20 septembre 1800. Ce frère capucin n'était pas prêtre ; mais il est bien probable qu'on dut recourir à lui plusieurs fois pour l'administration du sacrement de baptême. D'après des anciens dignes de foi, les ornements sacrés étaient cachés dans le creux d'un chêne à Rosieux, au lieu dit le Cognet, pendant la Révolution. Il est bien probable que des prêtres y ont dit la messe. Longtemps ce lieu a été appelé le trou noir. Car un jour une patrouille de bleus ayant visité tout le village, s'apprêtait à touiller la cahute auprès de laquelle se trouvaient les ornements sacerdotaux, quand quelqu'un dit : Qu'irions-nous faire dans ce trou noir là. On laissa le lieu qui garda longtemps le nom de trou noir.

 

Autres pages : La HarmoyeLe BodéoL'Hermitage, PloeucLanfainsPlaintel

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 19:01

DOYENNE DE PLŒUC

Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895

 


En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.

Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.



L'HERMITAGE

 

Il y a peu de documents concernant L'Hermitage. M. Pierre-Marie Richard administrait cette paroisse avant la Révolution.

M. Pierre-Mathurin Richard, curé de L'Hermitage, mourut le 24 août 1789.

Il fut remplacé par M, Joseph Hervé, prêtre natif d'Allineuc, qui administra la paroisse de L'Hermitage jusqu'au mois d'août 1701. Il est bien probable qu'il ne prêta pas le serment civil et lui obligé de se cacher pour éviter la mort, François Garnier, vicaire d'Allineuc, fut alors délégué par le citoyen évêque de Port-Brieuc pour faire le service religieux de L'Hermitage. Jouan, curé constitutionnel d'Allineuc, fit aussi plusieurs baptêmes à L'Hermitage. Et Jarnet, prêtre jureur de Plœuc, y exerça le ministère. A partir de la fin de 1793, les registres deviennent complètement civils et cela jusqu'au rétablissement du culte.

 

Le 27 Floréal, an onze de la République L'Hermitage ne possédait encore ni recteur, ni vicaire ; son église était bien conservée et bien ornée, dit l'Assemblée municipale.

Il y avait, au-dessus de la sacristie, une chambre à la disposition du curé.

 

L'église de L'Hermitage a été érigée en succursale par décret du 1er Frimaire an douze de la République (22 novembre 1804). Ce décret fut approuvé le 25 Nivôse suivant. Elle fut érigée sous le vocable de Notre-Dame de L'Hermitage comme auparavant, et fut administrée par M. Joseph Hervé qui l'avait déjà desservie avant la Révolution et qui en fut recteur jusqu'en 1835.

 

Citons comme fait remarquable arrivé dans cette commune, la bataille de la Croix Saint-Lambert. En voici d'ailleurs le procès-verbal.

 

Les citoyens agent et adjoint de la commune de L'Hermitage, canton de Lanfains, au citoyen Thierry, juge de paix du canton de Lanfains.

 

Citoyen,

Nous vous donnons avis que ce jour sextidi présent mois de brumaire, il s'est livré bataille entre les troupes républicaines et des chouans ou mécontans, qui a commencé (à notre connaissance) à l'endroit de la forêt, dit la Croix Saint-Lambert et s'est terminée dans la cour du ci-devant château de Lorge, dans lequel intervalle de terrain, on compte six morts que l'on croit être des chouans. C'est pourquoi, citoyen, nous vous prions de venir sur les lieux pour faire la levée des cadavres ou de nous donner vos ordres à ce sujet ; il y a grande apparence qu'il se trouvera par la suite d'autres morts de leurs blessures dont nous n'avons jusqu'ici aucune connaissance.

A L'Hermitage, le six brumaire l'an huit de la République Française une et indivisible.

Pierre Ollivro fils, agent.

 

Le juge répond :

La cause de mort des dits individus étant ainsi constatée, il reste aux soins du citoyen agent de la commune de L'Hermitage sur laquelle sont les cadavres de les faire enterrer et de les enregistrer à Kergus.

Le sept Brumaire an huit de la République française, une et indivisible.

G.-M. Thierry, juge de paix.

 

Nous agent et adjoint de la commune de L'Hermitage, canton de Lanfains, département des Côtes-du-Nord, sur l'avis et l'autorisation du juge de paix du canton de Lanfains, en date du sept Brumaire an huit, nous nous sommes transportés dans les différentes enceintes de la forêt de Lorge en celte commune, où il se trouvait des cadavres morts des blessures qu'ils avaient reçues à l'affaire qui eut lieu le six Brumaire entre les troupes républicaines et les chouans aux environs de la Croix Saint-Lambert, accompagnés de Guillaume Hémery, de François Colin, d'Yves Le Maître, de Jean Roland, de François Roland, de Jacques Guiot, de Mathurin Lequilleuque, de Louis Ehouzan le jeune, de Laurant Sangan, de Jean Lequilleuque et de Mathurin Mabihan, tous majeurs et domiciliés de cette commune de L'Hermitage, et d'après avoir tous ensemble visité les dites enceintes de la dite forêt, nous avons trouvé dix cadavres en différents endroits de la dite forêt de Lorge, dans lequel nombre de dix se trouvait une femme, que nous avons tous enterrés pour éviter la contagion qu'auraient pu occasionner les dits cadavres ; attestons tous n'avoir ni directement ni indirectement aucune connaissance des noms et prénoms d'aucuns, excepté d'un nommé : Pas-de-loup qui fut fusillé par une colonne mobile le troisième jour d'après la bataille.

Fait et arrêté sous nos signes le huit Brumaire an huit de la République française, une et indivisible.

Jean Lequilleuc, François Collin, Jean Rolland, François Rolland, Yves Le Maître, Mathurin Lequilleuc, G. Hemery.

Pierre Ollivro fils, agent.

 

Enfin, dirai-je un mot de ces deux croix élevées près du Bourg-Neuf, sur la route de L'Hermitage au Bodéo, et qui portent le millésime de 1794. Il est bien probable qu'elles ne furent point érigées à cette époque. On m'a dit qu'on les devait à la générosité de deux frères Richard, dont l'un était recteur de L'Hermitage au moment de la Révolution.

Sans doute, ils ont voulu s'acquitter d'un vœu ou témoigner ainsi de leur affection fraternelle en élevant deux croix sur le même piédestal.

 

Autres pages : La HarmoyeLe BodéoL'Hermitage, PloeucLanfainsPlaintel

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 06:00

Les accords d'Évian, résultat de négociations entre les représentants de la France et du Front de Libération Nationale, sont signés le 18 mars 1962 à Évian-les-Bains et se traduisent immédiatement par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien dès le lendemain.

Ils mettent fin officiellement à huit années de guerre durant laquelle ont été tués 28 500 soldats Français, entre 30 000 à 90 000 Harkis, et entre 250 000 à 400 000 Algériens.

Mais, le cessez-le feu ne fut mis en oeuvre que par le commandement français qui l'imposa à ses troupes. Les ordres furent de s'enfermer dans les cantonnements et d'intervenir qu'en cas de légitime défense.

Malheureusement, le cessez-le feu ne fut donc qu'à sens unique.

Les combattants de la 11ème heures du FLN (rébellion réfugiée à Tripoli) ne reconnurent pas ces accords et, ayant les mains libres, partiquèrent assassinats, enlèvements, tortures... sur toutes les personnes d'origine européenne et algérienne ayant aidées la France : plus de 3 000 pieds-noirs furent enlevés (on ne sait toujours pas ce qu'ils sont devenus), entre 60 000 et 70 000 harkis furent tués dans des conditions atroces, sans oublier les civils algériens dont on ne connaît le nombre.

 

La Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du ministère de la Défense a recensé 386 miliaires français ayant trouvé la mort après le 19 mars 1962.

 

Le 5 décembre 2002, 12 fédérations et associations d'anciens combattants se réunirent, 10 d'entre-elles repésentant 800 000 adhérents votèrent démocratiquement : la date du 5 décembre fut choisie comme journée nationale d'hommage aux morts pour la France des combattants d'Afrique du Nord. Cette date se voulant neutre et uniquement tournée vers l'hommage à tous les morts pour la France, et pas seulement jusqu'au 19 mars 1962.

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 18:34

 

DOYENNE DE PLŒUC

 

Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895

 

 

En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.

Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.

 

PLAINTEL

 

Plaintel avait pour recteur M. Cormaux en 1790, et pour curé M. Basset. Ils étaient aidés dans le ministère par MM. Toussaint Morin, J. J. Morin frères, G. Gouédart et Jean F. Dounio, tous prêtres originaires de la paroisse de Plaintel.

En 1791, les mêmes exercent le ministère à Plaintel, et en plus un M. Dutertre qui avait déjà paru en 1788.

Le plus célèbre est sans contredit M. Cormaux, qui est une des plus vénérables et des plus touchantes figures du martyrologe révolutionnaire en Bretagne. Sa vie a été écrite par plusieurs auteurs ; aussi je n'en donnerai qu'un petit résumé.

 

M. François-Georges Cormaux naquit à Lamballe, le 10 novembre 1746, fit ses études avec un grand succès au collège de Saint-Brieuc, devint prêtre, fut nommé vicaire de Meslin et obtint au concours la cure de Plaintel en 1779. C'était un homme d'un grand talent oratoire. Il fut appelé à prêcher dans la cathédrale de Saint-Brieuc, le 9 juin 1 790, à l'occasion des élections. Il le fit avec tant de succès qu'il fui nommé président du District de Saint-Brieuc. Mais voyant que les affaires tournaient mal, il mit sa démission et prépara ses paroissiens à la terrible épreuve qu'ils allaient avoir à subir. Dieu bénit le zèle du saint recteur et la paroisse de Plaintel fut signalée entre toutes par sa fidélité religieuse et sa résistance énergique au schisme.

Au mois de juin 1791, la veille de la Pentecôte, M. Cormaux reçut l'ordre de cesser ses fonctions ; il se rendit à Saint-Brandan, trêve de Plaintel, où il croyait pouvoir le jour de la Pentecôte administrer la première communion aux enfants. Mais comme il se disposait à monter à l'autel, la maréchaussée arriva pour le saisir. Il se sauva, se rendit à Quintin le soir, et demeura pendant cinq mois caché chez un gentilhomme des environs.

Le père Picot de Clorivière, jésuite, l'appela à Paris ; il s'y rendit en passant par Rennes et y arriva le 6 novembre 1791. Pendant près de trois ans il donna des retraites et des missions dans les couvents avec un zèle infatigable. Il allait dans les maisons particulières consoler et administrer les malades. Il écrivit aussi plusieurs lettres à ses paroissiens de Plaintel pour leur témoigner sa joie de les savoir inébranlables dans la foi. Son dévouement pour la gloire de Dieu el le salut des âmes l'empêchait parfois de prendre les précautions alors si nécessaires. Plusieurs fois on lui reprocha ses imprudences. C'est dans une de ses courses qu'il fut arrêté le vendredi 9 août 1793, à Francouville.

L'abbé Cormaux revenait de Pontoise où il était allé administrer une religieuse malade : le maire de Francouville lui demanda d'où il venait : Il répondit qu'il était prêtre, curé de Plaintel, en Bretagne. — Pourquoi m'avez-vous dit ce que je ne vous demandais pas, lui dit le maire tout bas : je voyais bien que vous étiez prêtre ; mais je voulais vous sauver. Le recteur de Plaintel fut conduit en prison à Pontoise, de Pontoise à Versailles et de là à Paris. Il fut encore un apôtre dans les prisons et touchait même le cœur de ses geôliers. Enfin, le 9 juin 1794, le saint confesseur parut devant le tribunal révolutionnaire. Il fut guillotiné le même jour. Trois heures suffisaient alors pour le jugement, la condamnation et l'exécution.

M. Cormaux eut pour successeur à Plaintel un curé intrus, nommé Le Fèvre, prêtre de la congrégation des Eudistes, alors principal du collège des Côtes-du-Nord. Il ne fut pas longtemps à Plaintel. Arrivé vers le commencement de juin, il disparut vers la fin d'août sans avoir exercé aucun ministère. Il n'avait jamais pu réunir que deux ou trois partisans. C'est alors sans doute qu'eurent lieu dans Plaintel ces fameuses processions nocturnes qui se rendaient aux chapelles en chantant ces étranges litanies :

Des habits bleus et des juroux

saint Cormaux, délivrez-nous.

 

M. Basset, né à Quessoy, était curé de Plaintel dès 1776. Il ne prêta point le serment civil, cessa son ministère public vers le 1er juin 1791 et demeura caché dans la paroisse où il continua d'administrer les sacrements. Le lieu ordinaire de sa retraite était la Ville Hamon, village situé à un kilomètre du bourg de Plaintel. La famille Perrin qui l'habitait alors, l'habite encore aujourd'hui. Pendant que l'abbé Basset disait la messe ou administrait les sacrements, des enfants montaient la garde, et Anne et Etienne Perrin ont souvent fait sentinelle. Plusieurs fois les bleus y firent des visites, mais toujours sans succès. Les prêtres n'y étaient plus ou étaient cachés dans des souterrains si bien dissimulés qu'ils échappaient aux perquisitions les plus minutieuses. On n'a aucun acte religieux de ces temps agités ; mais plusieurs se sont conservés par tradition. C'est ainsi que Jean Tanguy affirme que son père, François Tanguy, a fait sa première communion à la Boixière, et que sa mère, Jeanne Peirio, a élé baptisée à la Saudrais.

M. Basset après la Bévolulion devint recteur de Plaintel et mourut le 22 janvier 1806.

 

Quant aux autres prêtres de Plainte!, ils ne prêtèrent point serment et exercèrent le ministère jusqu'en 1792, excepté M. Donnio, dont on ne trouve plus la signature dès 1791. M. Gouédart et les deux MM, Morin qui habitaient des villages (M. Gouédart la Ville Gourelle et les MM. Morin le quartier Chanot, dit-on,) firent du ministère jusqu'au milieu de l'année 1792, époque ou ils durent se cacher pour échapper à la fureur des patriotes. Un acte du 12 octobre 1792 constate que l'on baptisait encore à l'église ; mais au mois de novembre la formule devient complètement civile. Cependant pour les déclarations de naissance, les témoins étaient presque toujours un homme et une femme qui n'étaient certainement autres que le parrain et la marraine de l'enfant.

Après la Révolution, l'un des MM. Morin fut recteur de Languenan où il mourut. M. Gouédart mourut recteur de Plaintel en 1824.

 

Les autres événements dont la tradition est très bien conservée sont ceux-ci : Un prêtre fut pris dans un souterrain au bourg et conduit à Saint-Brieuc. Les statues de l'église furent employées à faire un feu de joie sur la place du bourg, et les bleus dansèrent autour de ce feu. Les habitants préservèrent la statue de Notre-Dame de Beauchemin ; ils la cachèrent dans un fût qu'ils enterrèrent dans le champ dit Clos de la Chapelle. Nous ne citons point ici la bataille de Saint-Gilles qui n'eut lieu que vers 1818.

 

Autres pages : La HarmoyeLe BodéoL'Hermitage, PloeucLanfainsPlaintel

 

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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 18:32

DOYENNE DE PLŒUC

 

Le Diocèse de Saint-Brieuc pendant la période révolutionnaire : notes et documents, tome II, Conférence ecclésiastiques de 1892, Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1895

 

En 1790, il y avait au moins vingt-et-un prêtres dans les paroisses qui actuellement forment le doyenné de Plœuc.

Dans ce nombre sont compris tous les prêtres qui, sans titre de recteur ou de curé, résidaient dans les paroisses et étaient de précieux auxiliaires pour les prêtres chargés du ministère paroissial. Les prêtres qui administraient les trêves qui ne font plus partie du doyenné de Plœuc, (Gausson était une trêve de Plœuc et Saint-Brandan une trêve de Plaintel) ne sont point comptés dans le nombre cité plus haut.

 

PLŒUC

 

Plœuc à lui seul possédait huit prêtres. Cette paroisse avait alors pour recteur M. Chevalier, et pour curé M. Bertrand. Ils étaient aidés pour le ministère par des prêtres de la paroisse, MM. Jean-Baptiste Hello, Yves Eudo, Jean-Baptiste David, Noël André, Jean Hémery et Jean-Brieuc Jarnet. Ce nombre de prêtres ne doit pas étonner, si l'on considère que cette paroisse était couverte de chapelles. La chapelle de Saint-Just est la seule qui reste ; elle est encore ouverte au culte, on y dit la messe tous les dimanches.

 

La chapelle de Sainte-Marguerite, située dans l'ancien cimetière, a disparu, il y a quelques années, pour faire place à la magnifique église neuve. Cette chapelle se trouvait anciennement dans un coin du bourg appelé la Trêve, elle fut transportée de là dans le vieux cimetière aux frais de Melchide Georgelin.

 

Mais, avant la Révolution, les maisons de Bago, Crémeur, le Roscraignon, le Pont-à-l'âne, la Touche-aux-Moines, l'Ile, Saint-Eloi, la Corbière, avaient leurs chapelles. C'étaient autant de petites seigneuries dont plusieurs, m'a-t-on dit, payaient une redevance à celle de l'Ile. La Vieux-Ville possédait aussi une petite chapelle, desservie par des moines cisterciens qui avaient là une petite communauté.

 

M. Chevalier, qui fut le dernier recteur avant la Révolution, avait bâti pour presbytère la maison dite de M. Georgelin. Mais cette maison, assez considérable, lui avait coûté cher ; aussi avait-il contracté des dettes qu'il ne put payer. Ayant refusé de prêter le serment à la Constitution civile du clergé, il prit le chemin de l'exil dans les premiers jours de juin 1794. Il émigra en Angleterre où il mourut de chagrin.

 

M. Bertrand, homme simple, franc et droit, était très goûté de la paroisse. Il disparut aussi dans les premiers jours de juin 1791 ; mais il n'émigra point. Il se cacha chez des familles sympathiques et dévouées et continua d'administrer les sacrements en cachette dans les villages et les paroisses voisines, notamment dans la trêve de Gausson. On ne sait ce qu'il devint, mais il ne reparaît point à Plœuc après la Révolution.

 

Malheureusement, tous les prêtres de Plœuc ne suivirent pas le bel exemple qui leur était donné par le pasteur et le curé. Trois refusèrent de jurer ; ce furent MM. Hello, David et Eudo : ils furent obligés eux aussi de prendre le chemin de l'exil, et s'en allèrent à Jersey ou en Angleterre. Trois eurent la faiblesse de prêter le serment civil ; ce furent MM. André, Hémery et Jarnet tous nés dans la paroisse. Depuis 1791 jusqu'en 1801, il n'y eut que ces prêtres jureurs à exercer ostensiblement le ministère. Mais les habitants qui n'avaient point confiance en eux les abandonnèrent. Aussi l'église de Plœuc devint alors déserte et les ronces et les épines, au dire des anciens, en firent un lieu de désolation.

 

Il semble que la divine Providence ail voulu faire expier à ces prêtres le mal que leur faiblesse avait causé. Tous les trois, en effet, moururent misérablement, M. André, devenu curé constitutionnel et bientôt officier public, s'étant pris de querelle avec des soldats républicains qui lui reprochaient sa lâcheté, fut saisi par eux et dirigé sur Quintin, chef-lieu du district. Soit qu'il fût pour eux un embarras, ou soit par crainte des chouans, ils ne l'emmenèrent point jusqu'à Quintin, ils le fusillèrent en route, dans la forêt de Lorges, aux environs de la Croix Saint-Lambert.

M. Hémery fut saisi par les chouans et tué dans sa maison au bourg de Plœuc.

M. Jarnet vécut dans l'indifférence et le mépris de ses compatriotes qui ne voulaient pas même assister à sa messe. Il mourut en 1806, à la Ville-Jagu.

 

Mais à côté de ces figures qui nous attristent, en apparaissent d'autres qui nous consolent et nous réjouissent.

M. Paul Georgelin se présente ici à notre respectueuse admiration. Né à Plœuc, le 3 mars 1765, il venait d'être fait prêtre en 1789 quand la Révolution éclata. M. Georgelin ne prêta point le serment, n'émigra point : mais fidèle à l'Eglise catholique, il se tint caché dans la paroisse de Ploeuc où il rendit de grands services à la religion. Sa jeunesse et son zèle ne le rendirent pas seulement utile à la paroisse de Plœuc, mais encore à celles des environs. Il donnait ses soins el les secours de la religion à un malade, dans la paroisse de Plessala, lorsqu'il fut pris par des soldats auxquels il avait été dénoncé. Malheur aux prêtres insermentés qui étaient alors saisis, car souvent, sans aucune forme de procès, ils payaient de la vie leur fidélité à l'Eglise.

C'est ce qui arriva à M. Paul Georgelin. Les soldats, ou plutôt tes bourreaux qui l'avaient arrêté le massacrèrent, et on dit qu'il n'avait pas encore rendu le dernier soupir lorsqu'ils le jetèrent dans la fosse et le recouvrirent de terre.

C'est donc à faux que l’auteur de l’histoire populaire de la Bretagne dit qu'il fut fusillé à Plœuc, à la porte d'une maison où il venait d'administrer les sacrements à une malade. Il était âgé de 28 ans.

 

M. Joseph Georgelin, son frère, qui fut plus tard curé de Plœuc, était né le 8 janvier 1 768. Il fut emmené à Jersey, pendant la Révolution, par M. Joseph Briend, prêtre de Hénon, et y reçut tous les ordres, même la prêtrise, dans l'espace de six mois, au grand étonnement de tous. C'est lui qui devait, après la tourmente révolutionnaire, rouvrir les portes de l'église de Plœuc avec M. Briend, son maître et son guide. Ils revinrent à Plœuc en 1801. M. Briend fut curé d'office de 1801 à 180â. Mais la marquise de Catuélan qui avait connu à l'heure de l'épreuve son grand cœur et sa grande âme, s'empressa de le rappeler près d'elle comme recteur de Hénon.

M. Paul Georgelin ne fut pas le seul de la paroisse de Plœuc à payer de son sang sa fidélité à Dieu et à la religion.

 

Pierre Moisan, de Duancre, âgé de 48 ans ; Pierre-Paul Moisan, son fils, âgé de 18 ans ; François Georgelin, âgé de 67 ans ; Guillaume Georgelin, son fils, âgé de 26 ans ; François Chapron, âgé de 29 ans ; François Georgelin, âgé de 24 ans, furent aussi les glorieux témoins de l’Eglise et de la foi en leur pays. Saisis en leurs maisons comme suspects, ils furent dirigés sur le bourg par une colonne et fusillés en chemin près le Pont-Aiguillon en face du village des Isles le 17 août 1795. M. Moisan, ancien curé de Plouguenast et fils de Pierre Moisan, l'une des victimes, a élevé une croix sur le lieu où le crime s'accomplit. Au dire des anciens que j'ai entendus, il y eut dans cette paroisse beaucoup d'autres meurtres restés inconnus. La terreur régnait véritablement sur ce pays. On redoutait également les chouans et les bleus.

 

Des bandes de pillards se donnant le nom de chouans et qui n'étaient en réalité que de faux chouans souvent soudoyés par les bleus, parcouraient le pays pour dévaliser et incendier les maisons ; ils ne reculaient même pas devant l'assassinat des gens qui leur résistaient. Les bleus n'étaient pas moins redoutés, car outre qu'ils fusillaient pour le moindre prétexte, ils ne respectaient ni les biens ni les personnes. Aussi ces deux noms chouans et bleus sont-ils restés chez la plupart des Ploeuquois, qui n'en ont jamais bien connu la véritable signification, comme les synonymes de voleurs et d'assassins.

 

A la suite du Concordat, le 29 mai 1803, M. François Alleno fut installé curé de Plœuc, avec MM. Hello, David et Joseph Georgelin pour vicaires. M. Hello fut nommé recteur de Saint-Hervé, en 1813. M. David mourut à Plœuc en 1804. M. Georgelin devenu curé de Plœuc en 1819, mourut en 1839. Quant à M. Eudo, il demeura en Angleterre après la Révolution, et vint enfin mourir à Boulogne-sur-Mer, dans un âge très avancé vers 1860.

 

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